Biographie universelle ancienne et moderne Gaston de
Foix, né en 1489, était fils de Jean de
Foix, vicomte de
Narbonne, et de
Marie d'
Orléans, sur de
Louis XII, qui érigea pour lui en 1505 le comté de
Nemours en
duché-pairie. Ce jeune prince, aussi sage que vaillant, succéda en 1512 au
duc de
Longueville dans le commandement de l'armée d'Italie, et bientôt après fut surnommé, pour ses beaux exploits, le
foudre de l'Italie. Il fit lever le siège de
Bologne à Pierre Navarre, général de Ferdinand le
Catholique, secourut Brescia, qu'il reprit sur les Vénitiens, et fit le siège de
Ravenne. Ses brillants succès ne produisirent cependant aucun
fruit solide, et la bataille de
Ravenne, qu'il gagna sur les Espagnols le
jour de Pâques, 11 avril 1512, après y avoir fait des prodiges de valeur, lui coûta la vie. Il fut vaillamment secondé dans cette journée par le chevalier Bayard, Louis d'
Ars et
Lautrec : voulant envelopper un reste d'Espagnols qui se
retiraient en bon ordre, il fut tué à coups de pique à 25 ans.
Louis XII s'exprima sur ce malheureux événement
en prince plein d'humanité : «
Je voudrais, dit-il, n'avoir plus
un pouce de terre en Italie et pouvoir, à ce prix, faire revivre mon neveu
Gaston de Foix et tous les braves qui ont péri avec lui. Dieu nous garde
de remporter souvent de pareilles victoires ! »
Voici comment
Brantôme et un auteur contemporain espagnol
parlent de ce jeune héros : « Gaston de
Foix, personnage certes de
grande et admirable vertu, ayant une fois auprès de Côme, et une
autre fois près de Milan,
refrené et rembarré les
Suisses que le pape Jules avoit envoyé quérir à son secours,
arriva avec une prestesse incroyable à
Bologne, en fit lever le siège
aux Espagnols, et, tournant toutes ses
forces contre les Vénitiens, les
battit près de Vérone et reprit Brescia. De là
il tourna
ses enseignes de l'autre part du Pô, et,
cheminant par la
Romagne,
arriva sous les murs de
Ravenne, où la fortune l'abandonna. Là fut
donnée une bataille la plus renommée que de longtemps n'étoit
advenue en Italie.... Il y périt par sa trop grande ardeur, après
l'avoir gagnée par sa vaillance. Etant tout couvert de sang et de cervelle d'un de ses gendarmes, tué près de lui par une canonnade, Bayard, effrayé, vint à lui et lui demanda s'il étoit blessé ? Non, dit-il, mais j'en ai blessé bien d'autres.
Dieu soit loué, dit Bayard,
vous avez gagné la bataille et demeurés aujourd'hui le plus honoré prince du monde : mais ne tirés pas plus avant ; rassemblés votre gendarmerie, et surtout qu'on ne se mette point au pillage, car il n'est pas encore temps : le capitaine d'Ars et moi allons après les fuyards, et, pour homme vivant, Monsieur, ne bougés d'ici que nous ne vous venions quérir ou nous vous mandions. M. de
Nemours promit de ne point avancer ; mais il n'en tint rien :
voyant que des gens de pied espagnols se retiroient le long d'un grand canal, il demanda à un Gascon, qui fuyoit, quels gens c'étoient ?
Monsieur, lui dit-il,
ce sont deux enseignes espagnols qui nous ont défaits. Le jeune prince dépité
dit :
Qui m'aimera si me suive, je ne sçaurois souffrir cela ; et, sans regarder derrière lui, donna, suivi pourtant d'une vingtaine de ses gens, et chargea dans un lieu si désavantageux, que sa petite troupe ne s'y pouvoit remuer ; car la chaussée étoit étroite du côté du canal, où l'on ne pouvoit descendre, et de l'autre côté il y avoit un fossé où l'on ne pouvoit passer ; de sorte que les Espagnols, ayant déchargé leurs arquebuses et les piques baissées, eurent bientôt raison des nôtres : M. de
Nemours, combattant vaillamment, eut les jarrets de son
cheval coupés, tomba par terre, où il fut blessé de tant de coups, que depuis le menton jusqu'au front il en avoit quatorze, et puis laissé mort. »
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 14 - Pages 284-285)