AVANT-PROPOS
Lorsque la Papauté, tournant avec plaisir ses regards vers le passé, espérait voir renaître les temps heureux où les rois et les peuples s'armaient à la voix du Saint-Siège, quels étaient ceux qui, malgré l'Inquisition et ses bûchers, s'efforçaient d'arrêter ce zèle ardent; quels étaient ceux qui s'écriaient, en présence des persécutions et des luttes religieuses :
«
Fanatiques, vous rivalisez à qui donnera le plus de preuves de sa force ; mais nous, nous rivalisons à qui fera le plus de bien en ce monde.
Nous sommes tous frères, quelles que soient nos croyances et nos doctrines.
Vous êtes toujours prêts à dire : « Brûlez ces moissons, détruisez ces maisons, ensanglantez ces villes ; ce sont les biens et les demeures des hérétiques. » Et nous, en face de ces malheurs, nous prêchons les saints dogmes de la tolérance. »
Enfin, quels furent ceux qui dirent de tous temps à l'
Eglise du moyen âge :
«
Tu voudrais égorger quiconque ne veut point entrer sous ta domination, tandis que nous recevons dans notre sein tous les hommes, quelle que soit leur manière d'adorer Dieu, pourvu qu'ils respectent et pratiquent les lois naturelles. »
Ce furent les
Initiés francs-maçons et leurs précurseurs. Sous des noms différents, ils commencèrent la grande lutte de la raison contre le zèle aveugle, de la science et de la lumière contre les ténèbres et l'obscurantisme.
Les
souverains pontifes ne discutant point avec les
Francs-Maçons, les firent excommunier et persécuter partout où ils purent les atteindre.
Lisez les
bulles que les
Clément XII, les
Benoît XIV, les Pie VII et les
Léon XII lancèrent contre les
Initiés francs-maçons
(1).
La
dimension de
celte brochure ne nous permet pas de remonter bien haut dans l'
histoire de la lutte de la
Franc-Maçonnerie et du Saint-Siège.
Contentons-nous de rappeler qu'à notre époque, depuis le
jour où les rois coalisés rendirent à la cour de Rome une partie de son ancien pouvoir, la Papauté a cherché, par tous les moyens possibles, à étouffer la
Franc-Maçonnerie.
C'était en 1814, la Sainte-Alliance n'était pas encore complètement victorieuse, et déjà Pie VII s'écriait dans une
bulle : «
Les Francs-Maçons sont fauteurs de tous les crimes, de tous les vices, de toutes les abominations, coupables, enfin, du crime de lèse-majesté divine et humaine. »
Quatre ans plus tard, en 1818, le roi de Portugal, à l'instigation de la cour
pontificale, déclare que, dans son royaume,
les
Francs-Maçons seront tenaillés avec des fers rouges qu'un prêtre bénira à chaque morceau de chair enlevé.
En Espagne, n'est-ce pas encore à la voix du Saint-Siège que l'
Inquisition ouvrit ses cachots, en 1819, dans la ville de Murcie, pour ceux qui étaient accusés de pratiquer la
Franc-Maçonnerie ?
Il serait bien long et bien triste surtout de rapporter ici toutes les trames ourdies par le gouvernement des papes pour détruire la
Franc-Maçonnerie partout où se manifestait l'action régénératrice de celle institution.
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(1) En 1759, le
pape Clément XII excommunie les
Francs-Maçons et prononce contre eux la peine de mort et la confiscation de leurs biens. Peine irrémissible et sans espérance contre ceux qui entreraient dans l'ordre. Ceux qui recevraient des réunions maçonniques sont menacés de voir leur maison démolie ; les personnes auxquelles il serait fait des propositions d'
initiation devront dénoncer les
adeptes sous peine des
galères. (1742,
bulle de
Benoît XIV ; 1814,
bulle de Pie VII.)
Nous renvoyons aux
bulles mêmes les personnes qui voudraient connaître jusqu'où alla l'intolérance contre ceux qui prêchaient la
tolérance.