La
Tour Saint-Jacques-la-Boucherie
s'élève hardiment au milieu de l'ancien quartier Saint-Jacques-la-Boucherie,
actuellement quartier
Saint-Martin, rue de Rivoli, boulevards de
et
de l'Hôtel-de-Ville. Elle a été construite un peu avant la
Renaissance, dans le style gothique ; elle est ce qu'on appelle tour carrée,
avec de nombreuses ornementations ; elle a résisté tout à
la fois aux passions agitées des hommes et à l'œuvre du temps.
Son élévation est de 57 mètres,
et égale assurément l'élévation des tours de Notre-Dame,
mais le niveau du sol sur lequel elle a été construite ayant plus
de
hauteur que le sol des tours de Notre-Dame, de fait elle est plus élevée,
et présente plus d'avantage comme point de
vue, et comme lieu d'observatoire
; enfin, elle est admirablement située, et de sa plate-forme, on embrasse
tout à la fois
Paris et ses environs.
La
tour
Saint-Jacques servait, avant la révolution de 1791, de clocher à
l'
église paroissiale de Saint-Jacques-la-Boucherie, de laquelle nous devons
tout d'abord constater l'existence ; elle avait une sonnerie ou carillon qui était
en grande réputation dans toute la chrétienté. A voir la
tour
Saint-Jacques actuelle, isolée, au milieu d'une vaste place, sans
aucun édifice autour d'elle, on pourrait la prendre tout aussi bien pour
un monument scientifique ou artistique, que pour un ancien clocher d'
église
; et c'est ce qui rend fort utile la notice que nous faisons, tant pour les étrangers
que pour les habitants de
Paris même. Combien peu de ceux-ci savent qu'il
y avait une
église attenant à la tour. Cette
église n'était
dans l'origine qu'une chapelle qui fut bâtie vers l'an 954, sous l'invocation
de
sainte Anne, selon les uns, de
sainte Agnès selon les autres : on a
prétendu que l'
église Saint-Jacques-la-Boucherie remontait bien
au-delà de l'année 954, mais sans avoir pu le prouver ; car le quartier
Saint-Jacques-la-Boucherie, actuellement quartier
Saint-Martin et de Rivoli, n'était
qu'un pauvre petit bourg, dont on ne recueillait pas les archives. Là étaient
groupés quelques bouchers, qui étaient venus s'y établir,
parce que les ordonnances royales les forcèrent à se
fixer au bord
de la Seine ; c'est leur résidence dans ce faubourg, qui lui a fait donner,
de même qu'à l'
église et à la tour, la dénomination
de Saint-Jacques-la-Boucherie.
On a trouvé
dans des archives, dit un chroniqueur, «
des actes qui établissent
d'une manière positive, au lieu où se trouve la tour Saint-Jacques,
l'existence d'une petite église, ou tout au moins d'une chapelle dès
avant 954 : chapelle devenue plus tard église paroissiale, et qu'on a appelée
église Saint-Jacques-la-Boucherie ; elle a été construite
en grande partie à l'usage des bouchers du quartier, avec leurs deniers
et par leurs soins. » Les nombreuses réparations qu'elle a subies
ont toujours eu pour but son embellissement et son agrandissement successifs ;
on peut même dire qu'elle a été en réalité transformée,
puisque de chapelle
Sainte-Anne, ou
Sainte-Agnès, elle est devenue
église
paroissiale. Les curés de cette
paroisse payaient à messieurs du
prieuré Saint-Martin, une redevance considérable.
Dans cette petite notice, nous ne pourrons nous étendre,
ni sur la position hiérarchique qu'occupait cette
paroisse dans le
diocèse
de
Paris, ni sur les agrandissements et constructions diverses de l'
église
elle-même, ainsi que nous le ferons dans un ouvrage en un volume que nous
publierons prochainement tant sur la tour
Saint-Jacques que sur l'ancienne
église
; mais nous ferons seulement remarquer que les dépenses nécessitées
par ces changements ont toutes été faites, soit au moyen de dons
particuliers ou legs venant d'habitants notables de la
paroisse, soit par des
subsides votés par les
paroissiens, dans des assemblées générales.
Dans ces assemblées, on s'imposait volontairement pour une réparation
urgente, ou un embellissement ; surtout dans l'origine, les sommes votées
ne pouvaient être que fort modiques, vu le peu d'importance qu'avait l'agglomération
d'habitants réunie sur ce point -- agglomération qui ne s'est développée
que graduellement.
La boucherie qui y était
établie s'appelait la Grande Boucherie ; elle était la seconde de
Paris, tant que celle du parvis Notre-Dame a subsisté. «
Pour
faire une histoire subie de cet établissement, dit M. Piganiol de la Force,
dans sa description historique de Paris, il faut remarquer que pendant que Paris
fut renfermé dans l'île que formaient les deux bras de la Seine, il n'y
eut d'autre boucherie que celle du parvis Notre-Dame. Mais s'étant formé
un faubourg du côté du nord, ceux qui l'habitaient se trouvèrent
trop éloignés de l'ancienne boucherie, et bâtirent quelques
étaux hors de l'ancienne porte et vis-à-vis la forteresse du Grand-Châtelet.
Les propriétaires de ces étaux achetèrent, vers 1216, une
petite halle contiguë et une place qui y était jointe ; l'an 1260, ils
acquirent encore une halle procédant de Jean Hasselin, moyennant 400 livres
de sur cens par an. »
La Grande-Boucherie
a été sujette à des vicissitudes diverses, et on lui fit
subir plusieurs retranchements. Sous le règne de Charles VI, ce faible
et malheureux roi, dont la raison s'égarait fréquemment, elle fut
même complètement démolie, »
rasée rez pied,
rez terre « comme on le disait alors. Voici dans quelles circonstances.
-- Sous ce règne, semé de tant d'agitations et de tant de troubles,
la France se divisa en deux grandes
factions : la première, toute composée
du populaire, ayant pour chez le
duc de
Bourgogne, membre du conseil du roi ;
l'autre, appelée
faction des d'
Armagnacs, du nom d'un de ses principaux
chefs, mais rattachée plus intimement à la famille d'
Orléans.
Cette
faction avait pour appui la reine, la cour, les grands seigneurs, en un
mot l'aristocratie de ce temps-là.
Les bouchers
se déclarèrent avec une grande ardeur pour le
duc de
Bourgogne,
dit Jean sans Peur, et lui apportèrent un concours qui ne resta pas toujours
sans dommage pour sa cause même, tant les bouchers se montrèrent
ou indisciplinés ou entreprenants, et souvent même cruels. -- Ils
formaient alors une redoutable
corporation. -- En consultant nos chroniqueurs,
on acquiert la preuve que, dès le XII siècle, ils étaient
riches et puissants ; ils avaient même un véritable patronage sur
les
compagnons bouchers. Enfin, ils jouissaient de grands privilèges, et
les étaux ne sortaient guère des mêmes familles ; car, pour
devenir maître boucher, il fallait faire un long apprentissage et, en outre, payer
une somme d'
argent considérable.
Les
compagnons
bouchers ne pouvaient pas quitter leur maître, après engagement pris, sans
leur consentement, ou bien sans payer une somme de 32 livres parisis ; réciproquement,
les maîtres ne pouvaient pas renvoyer leurs
compagnons sans leur consentement,
ou sans payer, de leur côté, une forte somme ; de là naissait
un lien fort étroit entre le maître et le
compagnon.
La cause ou le prétexte des démêlés du
duc de
Bourgogne avec les d'
Armagnacs provenait de la trop fréquente levée
des impôts qu'on gaspillait. Le
duc de
Bourgogne ne cessait de les repousser
; quant aux bouchers de
Paris, qui étaient fort grevés, ils étaient
peu disposés à payer tant de lourdes taxes, et on les voyait toujours
figurer parmi ceux des bourgeois qui s'opposaient à toute charge nouvelle.
Le
duc de
Bourgogne, soutenant les intérêts
du peuple, s'en était fait aimer, et les Parisiens, au contraire, détestaient
cordialement le
duc d'
Orléans, son antagoniste, prince fastueux, jaloux
de la faveur de la noblesse, et qui entretenait avec la reine des relations qui
faisaient murmurer. Le
duc d'
Orléans avait surtout éveillé
les haines populaires, depuis le 29
janvier 1393, où il arriva un étrange
accident au roi aux noces d'une des
dames de la reine : «
Comme le roi,
et quelques jeunes seigneurs dansaient, il entra dit Meseray (Abrégé
chronologique, tome II, page 187) une bande de masques vêtus en ours ; le
duc d'Orléans, baissant un flambeau pour les regarder, mit le feu à
leur peau revêtue de lin collé dessus avec de la poix ; la salle
fut aussitôt pleine de flammes, d'effroi et de cris ; tout le monde s'étouffait
pour sortir ; quelques-uns criaient 'Sauve le roi !' La duchesse de Berry le couvrit
de sa rob et le préserva de ce torrent de feu.. Il y eut trois de ces mascarades
misérablement grillés. Les Parisiens en voulurent un mal de mort
au duc d'Orléans, comme si c'eût été un coup prémédité.
» Quant à cet accident, il troubla la santé du roi.
Vers 1401, le
duc d'
Orléans étant devenu seul
maître des affaires, établit de nouveaux impôts dans
Paris, ce qui
amena des rébellions ; et il fut contraint, pressé par les troupes
du
duc de
Bourgogne (1405) de quitter cette capitale, ce qu'il fit, emmenant la
reine avec lui. -- Il y eut pourtant réconciliation, mais dissimulée,
et apparente de part et d'autre, car le
Bourguignon , dans la nuit du 24 au 25
novembre 1407, le fit assassiner par des affidés, rue Barbette, au moment
où il venait de faire visite à la reine, qui était en couches.
La
duchesse d'
Orléans, avec ses fils en bas âge, accourut à
Paris pour demander justice du meurtre de son
époux, sans pouvoir l'obtenir.
Ce meurtre augmenta les haines qui existaient entre les
Bourguignons et les partisans
des d'
Orléans. -- Le
duc de
Bourgogne, toujours soutenu par les Parisiens,
garda le haut du pavé.
Vers 1411, la France tout entière se partagea
plus fortement qua jamais en deux
factions ayant pour bannière différentes,
leurs signes distinctifs : la
faction des d'
Armagnacs adopta la bande blanche
et la
croix droite ; la
faction bourguignonne, la bande rouge et la
croix oblique,
qu'on nommait
croix de saint André. Comme nous l'avons dit plus haut, le
duc de
Bourgogne tenait alors
Paris ; il avait auprès de lui la personne
du roi ; mais, en même temps qu'il tenait
Paris, les
Orléanais ravageaient
les environs et brûlaient les maisons de campagne des bourgeois qui n'étaient
pas dans leur parti. Les bouchers qui étaient
bourguignons déclarés
ne furent pas ménagés, et leurs domaines furent pillés et
brûlés ; par représailles, ils allèrent mettre le
feu
au château de Bicêtre, qui appartenait au
duc de Berry, l'un des princes
qui faisaient partie de la
faction des d'
Armagnacs.
On les voit, vers ce moment, s'organiser militairement, eux et leurs
compagnons,
et former cette redoutable compagnie des bouchers qui tua sans pitié tant
de gens du parti
orléaniste. Cette compagnie était de cinq cents
hommes bien armés, bien équipés et commandés par les
principaux maîtres bouchers.
Le 28 avril 1413, les
deux
frères Legoix, Denis de
Clermont, Caboche et Jean de Troye, leurs
chefs, répandirent dans le peuple que Pierre Dessessarts voulait enlever
le roi et détruire la ville. Aussitôt une
sédition commença
; on l'apaisa d'abord, mais elle éclata de nouveau le lendemain. La Bastille
fut investie par une multitude furieuse, et Pierre Dessessarts, sur l'invitation
du
duc de
Bourgogne, se remit entre les mains des chefs des bouchers, et eut la
vie sauve. De la Bastille, on alla à l'hôtel du
duc d'
Aquitaine,
fils du roi. Dès qu'on sut chez le
duc que le populaire venait pour assiéger
l'hôtel, on lui proposa de s'armer avec tous ses chevaliers, et de se ranger
devant la porte, sous le royal étendard des
fleurs de lis ; le
duc d'
Aquitaine
hésita et, tandis qu'on en délibérait, les bouchers arrivèrent,
plantèrent la bannière de la ville devant la porte de l'hôtel,
et avec des cris forcenés, demandèrent qu'on les fit parler au
dauphin.
Son beau-père, le
duc de
Bourgogne, était déjà près
de lui et lui conseilla d'ouvrir la fenêtre et de leur parler doucement
; ce qu'il fit en effet.
On lui répliqua
par des griefs nombreux, touchant tant à sa personne qu'à son entourage,
et Jean de Troye lui présenta une liste portant les noms de près
de cinquante seigneurs et gentilshommes, désignés comme étant
dignes d'un grand châtiment, pour leurs malversations, et aussi pour les
mauvais exemples qu'ils lui donnaient ; et on demanda qu'ils fussent immédiatement
livrés.
Comme on ne s'empressait pas de le
faire, les bouchers enfoncèrent les portes de l'hôtel et s'emparèrent
violemment du
duc de
Bar, cousin germain du roi, du chancelier d'
Aquitaine et
divers autres. On mena les prisonniers au Louvre, mais tous ne purent être
préservés de la colère populaire. Ainsi, maître Bridault,
secrétaire du roi, fut jeté dans la rivière ; un riche tapissier,
nommé Martin, fut massacré ; on fit périr aussi un habile
mécanicien nommé Watelet, qui avait construit de belles machines
de guerre.
Il y avait dans la prison beaucoup de
détenus, qui furent traduits devant douze commissaires institués
pour les juger ; ils furent pour la plupart condamnés à la peine
capitale et exécutés ; de ce nombre se trouva sire Dessessarts dont
nous avons parlé plus haut. Le 1er
juillet 1413, on le conduisit au supplice
sur une claie, après lui avoir rasé les
cheveux ; arrivé
sur l'échafaud, il se mit à genoux sans sourciller, et avec le visage
calme, baisa une petite image d'
argent que lui présenta le bourreau, et
tendit courageusement la tête.
Son corps fut suspendu au gibet.
La domination du
duc de
Bourgogne était violente,
comme on voit, et semée d'excès qui l'ébranlèrent
; elle finit même par fatiguer une portion notable de la
bourgeoisie, ce
qui amena une réaction favorable aux d'
Armagnacs. Ils en profitèrent
pour assurer leur rentrée dans
Paris, où ils parvinrent à
s'établir. Dès qu'ils y furent installés, une réaction
terrible commença : il y eut de nombreuses et sanglantes exécutions
; on ôta aux bourgeois de
Paris leurs privilèges ; on leur interdit
toute réunion ou assemblée ; les bouchers, comme on le pense bien,
furent désarmés et durement traités. On mit à mort
ceux qui ne purent pas s'échapper ; leur communauté fut cassée
et abolie ; enfin, la Grande-Boucherie, située auprès du
Châtelet,
fut démolie, abattue, rez pied, rez de terre, ainsi que l'Ecorcherie qui
était auprès du Grand-Pont. Les étaux cessèrent d'être
héréditaires comme par le passé, et on créa quarante
nouveaux, donnés à bail au profit du roi. Le quartier Saint-Jacques-la-Boucherie
eut, comme on voit, rudement à souffrir du triomphe des d'
Armagnacs.
Alors, quiconque osait parler du
duc de
Bourgogne était
immédiatement mis en prison.
Mais la face
des choses changea encore une fois complètement, et en 1418, dans la nuit
du 28 au 29 mai, il y eut un nouveau soulèvement dans
Paris ; les d'
Armagnacs
furent surpris, traqués, tués, et des massacres commencèrent.
«
Maudit soit de Dieu, criait-on dans les rues, qui aura pitié
de ces traîtres d'Armagnacs ; ce sont des Anglais, ce sont des chiens. »
Des bandes furieuses se rendirent au Palais où il y avait des prisonniers
; entre autres, le chancelier et le
connétable, qui furent massacrés.
De là, elles se précipitèrent au Petit-Châtelet. «
Un des leurs, dit M. de Barante, (Histoire des ducs de
Bourgogne, tome IV, p. 357) s'introduisit dans la prison, et faisant
l'appel des prisonniers, il les faisait sortir chacun à leur tour ; à
mesure qu'ils passaient le guichet, en courbant la tête, les assassins les
frappaient de leurs haches et de leurs épées, les abattaient, puis
jetaient leurs corps dans la rue. » Ensuite, ils se portèrent
au Grand-Châtelet, où était entassée une foule de prisonniers,
et comme cette prison était forte, aidés de leurs gardiens, ils
défendirent l'entrée pendant près de deux heures ; on les
étouffa de fumée, puis pénétrant dans la prison, on
jeta les prisonniers par les fenêtres sur les fers des piques, qu'on présentait
pour les recevoir. Les
bourguignons, redevenus les plus forts, usèrent
comme on le voit, de leur victoire sans merci ni pitié.
Mais ce que nous avons à dire maintenant, c'est que la communauté
des bouchers fut incontinent rétablie dans ses privilèges, et les
maîtres bouchers obtinrent de se construire une nouvelle boucherie à peu
près dans l'emplacement de l'ancienne.
Néanmoins,
on vit leur
influence s'amoindrir, surtout après que le
duc de
Bourgogne
eut été assassiné sur le pont de
Montereau, le 18 du mois
d'août 1419, par les ordres du
dauphin de France. Cet assassinat, aussi
odieux que celui du
duc d'
Orléans, s'accomplit par piège et trahison.
Ainsi succomba Jean sans Peur, le véritable chef de ce parti populaire
si violent, si agité sous Charles VI, mais aussi si vexé par les
gens de gabelle, si pressuré par les maltôtiers. Jean sans Peur,
dans ses conseils intimes, s'entourait des bouchers les plus influents et avait
avec eux la plus grande familiarité, et se rangeait fort souvent à
leur avis ; et c'est pour cela qu'à
Paris ses partisans furent si nombreux
et que les bouchers lui furent tant dévoués.
La Grande Boucherie, après sa reconstruction, a subi divers changements
dont nous n'avons pas à nous occuper, changements qui tendaient toujours
à la restreindre, vu qu'on reprochait à MM. les bouchers des empiétements.
Leur
église, car c'est ainsi qu'on peut bien, en réalité,
nommer l'
église Saint-Jacques-la-Boucherie, dont ils étaient les
principaux et les plus nombreux
paroissiens, a subi également, à
diverses reprises, des changements, mais ce fut toujours pour agrandissement.
Aussi, on peut dire qu'elle a été en quelque sorte construite de
pièces et de morceaux. -- La simple chapelle, élevée à
sainte Anne vers 954, se trouve, en 119, devenue
église paroissiale. Evidemment,
on a dû singulièrement l'agrandir ; de 1119 à 1217, elle s'est
encore augmentée. Dans le cours de l'année 1217, un acte fut donné
par l'abbé de
Saint-Maur, en décembre, qui permettait aux confrères
de
Saint-Jacques d'augmenter leur
église, s'ils le jugeaient convenable.
L'abbé Vilain, dans son Essai historique sur cette
église, a donné
trois plans
iconographiques indiquant les diverses modifications qu'elle a subies
depuis le treizième siècle jusqu'à l'époque où
il écrivait. L'on conçoit, dès lors, qu'en procédant
ainsi par voie de réparations et d'adjonctions successives, on n'ait jamais
pu faire de cette
église un édifice remarquable. Aussi contenait-elle
des piliers dits vieux et des neufs, des voûtes de style différent.
On y voyait des chapelles gothiques à côté de chapelles modernes.
Comme la
paroisse, quant il s'agissait de faire un agrandissement, n'était
pas toujours disposée à voter la dépense nécessaire
pour achat de terrain et pour frais de construction, on s'ingéniait beaucoup
pour obtenir donation du terrain qu'on convoitait. Le nombre des donateurs qui
ont contribué à embellir et agrandir cette
église est assez
considérable : les noms de la plupart sont parvenus jusqu'à nous.
Parmi ces donateurs, on doit citer Jacqueline la Bourgeoise,
teinturière, rue de Marivaux : en l'année 1380, elle laissa, par
disposition testamentaire, 22 livres pour restaurer le chur de l'
église.
Marie Béraud, veuve d'Antoine
Héron, et
mère de
Marie Héron, femme d'
Abel de
Sainte-Marthe, doyen de la
Cour des aides, fonda, au profit de cette
église, la dépense des
toiles nécessaires pour l'ensevelissement des pauvres.
Vers le même temps, Jean Damiens et Jeanne Taillefer, sa femme,
faisaient bâtir deux voûtes de bas côtés méridionaux
; leurs armes, qui terminaient les
nefs de ces deux voûtes, ne permettent
pas de douter qu'il faille leur attribuer ce morceau de bâtiment qui renfermait
alors une chapelle.