Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif masculin [Du grec fable]
Trait, particularité de la
fable, de l'
histoire héroïque ou des temps
fabuleux.
C'est un
mythe commun à toutes les
religions de l'Orient. Plusieurs des
mythes de l'ancien
paganisme se retrouvent dans la
religion des Indiens.
Mythe :
S'entend surtout d'un fait, d'une tradition, qui, au premier coup d'il, ne renferme que des particularités plus ou moins
fabuleuses, mais qui, examinée de plus près, laisse voir sous l'enveloppe de l'
allégorie une grande généralité historique, physique ou philosophique. Ainsi le
mythe des Myrmidons, peuple que la
fable fait venir de fourmis, signifie la diligence et le zèle de ce peuple pour les travaux de l'agriculture. Le
mythe de
Protée, le devin insaisissable, s'explique par sa profonde sagesse et la difficulté que ses sujets avaient de l'aborder. Ce qu'il y a de capital pour la connaissance de la nature du
mythe, c'est le rapport de la forme et du fond dans le récit traditionnel des temps anciens. Le fond peut être une idée, une croyance, un sentiment ou une
conception de l'
esprit ; il peut être un fait, un phénomène du monde
physique ou du monde moral, un événement de la nature ou de l'
histoire.
Dans cette variété d'
éléments, la forme reste invariablement
la même, celle du récit ; mes sujets du
mythe, quels qu'ils soient, en sont les acteurs, et ces acteurs figurent comme des personnes. De ce que nous venons de dire, il résulte que dans le
mythe le fond fait
corps avec la forme, ou qu'il n'est autre chose que cette forme même sous laquelle se produit l'idée. C'est en quoi le
mythe tient par ses racines au
symbole, signe nécessaire, image naturelle de l'idée prenant un
corps ; en quoi il diffère de l'
allégorie, où l'idée et la forme, conçues à part l'une de l'autre, s'unissent par des rapports plus ou moins arbitraires et artificiels. Le
mythe, comme le
symbole, est spontané, irréfléchi, quoique à un moindre degré, tandis que l'
allégorie a conscience d'elle-même et suppose la réflexion : elle dit une chose et en pense une autre, ainsi que son nom l'indique ; le
mythe pense ce qu'il dit et comme il le dit, la forme avec le fond, l'idée avec le fait, sans avoir conscience de cette distinction, du moins une conscience claire
et vraie. Souvent même le
mythe n'est qu'un
symbole mis en action par la parole ; il est d'autant plus voisin du
symbole qu'il est plus ancien ; au contraire, il se rapproche d'autant plus de l'
allégorie, qu'il appartient à une époque plus récente, à un développement plus mûr de l'
esprit.
Il y a progrès, pour la
liberté de la pensée, pour la vivacité, la lumère,
sinon pour l'énergie et la profondeur de son expression, du
symbole muet et
immobile au
mythe animé, brillant, dramatique, à l'ingénieuse et transparente
allégorie. (Guigniaut)
Mythe :
On a beaucoup abusé depuis quelque temps de cette expression et du genre
d'interprétation qu'elle exprime.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 603.