Saint Jude, apôtre, nommé aussi
Lebbée,
Thaddée ou le
zélé,
frère de saint Jacques le mineur, de saint Siméon, dont parle
saint Matthieu, était comme eux fils de Cléophas et de
Marie, soeur de la sainte Vierge. On ne sait ni quand, ni comment il fut appelé à la suite de Jésus-Christ, dont il fut tendrement aimé, bien moins à cause des liens du sang que pour l'ardeur de son zèle et la pureté de sa foi. On croit qu'il s'occupait des travaux de la campagne avant sa vocation. Dans la dernière
cène, Jésus-Christ venait de dire : « Celui qui m'aime sera aimé de mon père ; je l'aimerai aussi, et je me découvrirai moi-même à lui. »
Saint Jude en prit occasion de lui adresser cette question : « Seigneur, d'où vient que vous vous découvrirez vous-même à nous, et non pas au monde ? »
Jésus lui répondit : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole ; mon père l'aimera, et nous viendrons en lui, et nous ferons en lui notre demeure. Celui qui ne m'aime point ne garde point mes paroles. » C'était lui dire clairement qu'il se manifestait à ses
disciples à cause de la simplicité de leur c؞ur.
Après la descente du
Saint-Esprit, l'apôtre prêcha l'
Evangile dans la Judée, la
Samarie, l'
Idumée, la Syrie et la Mésopotamie, selon Nicéphore, saint Isidore et les
martyrologes.
Saint Paulin ajoute la Libye à ce dénombrement. Le saint apôtre étant retourné à Jérusalem, en 62, après la mort de
saint Jacques le Mineur, fut présent à l'élection de saint Siméon, pour gouverner l'
église de cette ville. De là il passa en Perse, selon Fortunat, et y reçut la
couronne du
martyre. Mais le ménologe de l'empereur Basile et quelques auteurs grecs mettent sa mort à Ararat, dans l'Arménie, qui dépendait alors de l'empire des Parthes, et qui était regardée conséquemment comme faisant partie de la Perse. Il est certain que les Arméniens l'adorent comme leur apôtre. Quelques Grecs disent qu'il fut percé de
flèches ; d'autres ajoutent qu'on l'avait auparavant attaché à une
croix.
Nous avons de lui une
Epître, qui est la dernière des sept
épîtres catholiques : elle n'a qu'un chapitre en 25 versets. Mais Origène avait raison de dire que, si elle ne contient que très peu de paroles, elles sont pleines de la
force et de la grâce du
ciel. Le saint apôtre l'écrivit, suivant l'opinion commune, après la prise de Jérusalem, principalement pour les Juifs convertis au christianisme, quoiqu'elle soit adressée à toutes les
églises d'Orient. Il les prémunit contre les erreurs des simoniens, des
nicolaïtes, des
gnostiques et des autres hérétiques de ce temps-là, qu'il dépeint sous les
couleurs les plus fortes, et par les similitudes les plus énergiques. Eusèbe et saint Jérôme nous apprennent que l'
Epître de
saint Jude ne fut pas d'abord généralement reçue au nombre des écritures
canoniques, parce que, dit ce dernier le livre
apocryphe d'
Enoch y était cité. Cela n'a pas empêché néanmoins qu'elle n'ait été mise dans le canon.
Son antiquité et l'usage lui ont donné l'autorité sacrée qu'elle n'avait pas auprès de quelques-uns. L'Orient et l'Occident l'ont reçue : les
Eglises protestantes mêmes ne l'ont point rejetée, quoique Luther, Chemnitius, les centuriateurs de Magdebourg et Grotius aient tâché d'en ébranler l'authenticité. Edouard Pococke a donné de cette
Epître une fort bonne édition, en
syriaque, en grec et en latin, imprimée à Leyde, 1630, in-4°, avec des notes.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 21 - Pages 291-292)