Saint Hippolyte,
évêque et
martyr, vivait dans le IIIème siècle ; le lieu de sa naissance est inconnu. Les auteurs de l'
Histoire littéraire de France le font naître dans les Gaules ; et ils appuient cette conjecture sur ce qu'il a été
disciple de saint Irénée. Il fut fait
évêque d'une ville dont saint Jérôme avoue qu'il n'a pu découvrir le nom. Des critiques modernes plus hardis pensent que c'est Aden en Arabie, que son commerce rendait alors florissante ; mais d'autres soutiennent que cette ville n'a jamais été le siège d'un
évêque. Il souffrit le
martyre vers l'an 240, peut-être à Porto (
Portus Augusti) dans la campagne de Rome ; ce qui expliquerait le surnom de
Portuensis, qu'on lui donne quelquefois, à moins qu'il ne désigne un autre
martyr. L'
Eglise célèbre sa fête le 22 août. Ce Père avait compossé plus de trente ouvrages : la plupart sont perdus ; mais ceux qu'on a conservés suffisent pour prouver qu'il joignit à une vaste érudition une dialectique forte et convaincante. On convient que son style est grave, vif, concis et d'une aimable simplicité ; mais Photius le trouve incorrect ; et il lui reproche aussi de s'être laissé entraîner à des écarts singuliers dans ses explications des saintes Ecritures. Il nous reste de saint Hippolyte :
1° Canon paschalis
; c'est une table qui servait à déterminer le
jour de la fête
de Pâques. C'est,
sinon la première qui ait été faite,
du moins la plus ancienne que nous ayons, puisqu'elle précède
celle d'Eusèbe. Elle comprend un espace de 112 ans, divisés en
sept cycles ou périoides de seize années, depuis l'avènement
de l'empereur Alexandre Sévère en 222 jusqu'en 333. On découvrit
en 1551, dans les fouilles près de Tivoli, la statue en marbre d'un
évêque assis, qu'on jugea être celle de saint Hippolyte, parce que son Canon pascal était gravé aux deux côtés de la chaise. Ce
monument précieux est conservé dans une des salles du
Vatican.
Il a été gravé en deux planches pour l'
Histoire
littéraire de France. Jos. Scaliger publia le premier
le
Canon de saint Hippolyte, dans son
traité
De mendations temporum,
Paris, 1583, in-fol. ; et avec un Commentaire, Leyde, 1595, in-4°. Le père
Gilles Boucher en inséra une traduction latine avec des notes dans sa
Collection des cycles de Pâques,
1634 ; le père Pétau, Cassini, Etienne Lemoine, Bianchini, Vignoli,
gardes de la bibliothèque du
Vatican, en ont fait le sujet de savantes
dissertations.
2° De Antichristo liber, publié en grec par Marq. Gudius, paris, 1661, in-8° ; traduction en latin par le père Combefis, et inséré avec des notes dans le 27ème volume de la
Biblioth. patrum ;
3° De Susanna et Daniele,
traduit en latin par le père Combefis, à la suite du précédent,
et publié avec le texte grec par Fabricius. L'
histoire de Susanne y est
expliquée d'une manière
mystique. Suivant ce Père, Susanne
est la figure de l'
Eglise, et les deux vieillards représentent les Juifs
et les gentils.
4° Demonstratio advertus
judos, publié en latin par Fr. Turrian, et inséré
par Possevin dans son
Apparatus sacer,
1606. Cet ouvrage n'est pas entier.
5° De Deo trino et uno,
et de mysteriis incarnationis contra haresim Noëli, publié
par
Ger. Vossius, en grec et en latin avec des notes, Mayence, 1606, in-4°.
C'est une
homélie qui faisait partie d'un recueil plus étendu.
6° Des
Fragments
d'un commentaire sur la Genèse et de quelques autres ouvrages
conservés par saint Jérôme,
Pallade, Théodoret, Photius
et Nicéphore. fabricius a recueilli et publié les ouvrages de
saint Hippolyte, Hambourg, 1716-18, 2 vol., in-fol. Cette édition est
très estimée. Le savant éditeur y a réuni aux ouvrages
authentiques ceux qui sont reconnus pour
apocryphes : il a publié pour
la première fois le texte de plusieurs morceaux, a traduit ceux qui ne
l'avaient pas encore été, a corrigé les anciennes traductions,
et enfin a éclairci par des notes les passages obscurs. Jean Mill avait
formé, avant Fabricius, le projet de publier les uvres de saint
Hippolyte ; mais il mourut avant d'avoir pu l'exécuter.
Son travail fut
remis à J.-G. Jan, professeur de l'Académie de Wittenberg (mort
en 1725), qui n'a point tenu l'engagement qu'il avait pris d'en faire jouir
le public. L'
Eglise célèbre la fête de trois autres saints
du nom d'Hyppolite, les 03
février, 13 août et 02 décembre.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 19 - Pages 466-467)