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A propos de l'article : 'La Franc-Maçonnerie doit-elle rester symboliste ?'

article d'Antonio Coen (novembre 1933)
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Cet article a paru originellement dans le N°178 de la revue Le Symbolisme (novembre 1953). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.

'La Franc-maçonnerie doit-elle rester symboliste ?', article de Marcel Cauwel
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      Le Bulletin des Loges de l'Ouest est à coup sûr une lecture suggestive. Sauf quand j'ai l'honneur d'y collaborer, je le lis toujours volontiers et presque toujours ce que j'y lis éveille en moi le désir de prendre part à l'échange d'idées que ses articles appellent.

      Cauwel a cent fois raison de dire que la Franc-Maçonnerie n'est autre chose que la manifestation du sentiment religieux affranchi de tout dogmatisme. Il a raison de dire que notre but est d'acquérir et de développer, non pas notre foi, mais la conscience de cette foi. En cela il est parfaitement d'accord avec cette phrase du Boudhisme Zend : « Si, sur ta route, tu rencontres Boudha, tue-le. » C'est que le Boudhisme de la secte Zend, plus encore que le Boudhisme en général, est absolument libéré de tout dogmatisme.

      Mais la pensée de Cauwel soulève un problème : quelles sont les valeurs relatives du sens social, du sentiment religieux et du rite ?

      Pour bien comprendre le problème et les diverses solutions qu'il comporte, il conviendrait de lire toute la littérature des trente dernières années sur la question. On y trouverait d'abord l'école de Durkheim, qui rattache essentiellement le sentiment religieux au social ; qui fait découler le religieux du social. Et après cette école si féconde, parce qu'elle a ouvert la porte à une infinité de recherches objectives, sur cette matière presque vierge, on trouve tout le travail actuel qui semble, en l'état dernier, démontrer que le sentiment religieux primitif n'était pas tout entier inclus dans le social. Aussi loin que l'on remonte, on en retrouve l'expression traduite par des rites agraires. Banquets collectifs à certaines époques de l'année, qui marquent en général la fin des travaux champêtres ; fêtes célébrant les engrangements ; braderies concentrant plusieurs agglomérations humaines voisines en vue de fiançailles collectives ; unions prégamiques ayant caractère religieux, etc., avant même que les hommes ne créassent des dieux personnalisés. C'est là l'expression la plus éloignée que nous puissions aujourd'hui connaître du sentiment religieux.

      Mais n'est-il pas curieux que les rites mêmes primitifs nous soient parvenus dans leur quasi intégralité ? Les mythes religieux évoluent infiniment plus vite que les rites. Ce qui change, c'est l'interprétation du rite ; attaché d'abord à la matière, dont il résume ou préfigure l'évolution naturelle et saisonnière, le rite inchangé trouve des explications de plus en plus spiritualisées, de plus en plus symboliques.

      Le mot même de « Symbole » traduit philologiquement un tel état de choses.

      Symbole vient du grec « Sumbole » qui ne veut pas dire Symbole mais « Ecot ». Le verbe grec « Sumballestai » veut dire « apporter son écot ». Et dans les textes les plus anciens, il veut dire tantôt « apporter son écot » et tantôt « se rencontrer avec quelqu'un ». Plus qu'une idée d'interprétation, il exprime l'idée d'un rite accompli en commun, d'un repas commun qui fut agraire pour devenir cène rituelle.

      Le mot aussi a suivi l'évolution des faits. Il n'a cessé d'exprimer un rite, mais le rite exprimé, de terrestre et matériel est devenu spirituel... c'est-à-dire symbolique dans le sens secondaire du terme.

      Le sens véritable de la Maçonnerie est le sens même de la vie. Très justement, Cauwel précise que son but est de dégager dans l'homme la conscience de sa foi. Qu'est-ce à dire ? Sinon de dégager l'homme du monde matériel, de l'élever par ses propres moyens à une connaissance en esprit, connaissance qu'il ne saurait tirer que de lui-même ?

      N'est-il pas suggestif de songer qu'il s'agit tout simplement de faire parcourir, à l'homme, pendant sa vie, le chemin même de la pensée humaine, le chemin même qu'a parcouru le mot « Symbole » à travers les âges. Comment une telle constatation ne contribuerait-elle pas à nous montrer que si l'œuvre maçonnique n'était pas symbolique, elle cesserait par là même d'exister ?




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