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Le Maçonnisme spiritualisé

article d'Oswald Wirth (août-septembre 1933)
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Cet article a paru originellement dans le N°176 de la revue Le Symbolisme (août-septembre 1933). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.
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      La Maçonnerie allemande a vécu. Les organismes qui n'ont pas voulu trahir leur idéal humanitaire se sont dissouts ; les autres se sont transformés en reniant le Maçonnisme. Les maillets ne battent plus en aucune Loge et nulle correspondance maçonnique n'est plus entretenue avec l'extérieur : c'est le silence et la mort au moins apparente.

      Apparente ! Car, n'en déplaise aux maîtres de l'heure, la pensée, les aspirations et les sentiments ne meurent pas. Il y eut et il y a encore en Allemagne de vrais Maçons. Combien sont-ils ? Nul ne le sait, mais peu importe la quantité, si la qualité conserve toute sa valeur. Cette qualité ne peut que gagner à l'épreuve. Concentrée sur elle-même, elle retrouve en intensité ce qu'elle perd en diffusion. Le Maçon allemand qui est condamné à se taire et refoule toute velléité d'extériorisation devient une force, s'il reste intérieurement fidèle à son rêve constructif. Le voici conspirateur isolé, gardant pour lui son idéalisme proscrit. Il n'écrit pas, car la poste pourrait trahir son secret ; mais il émet des ondes que ne capte aucun écouteur officiel, ondes qui ne trouvent leur écho que dans le cœur des vrais Maçons.

      Ces ondes nous parviennent en France et dans tous les pays où vibrent des âmes réceptives. L'isolement du Maçon allemand silencieux le met plus effectivement en rapport avec ses FF:. du monde entier que le fictif échange de garants d'amitié entre grandes Loges.

      La mise en scène a pris fin en Allemagne et nous n'avons pas à nous en désoler, car le spectacle, dans son ensemble, n'avait rien d'édifiant. Le nouveau régime a fait place nette ; il oblige maintenant les constructeurs à se recueillir.

      Les Maçons allemands estiment peu glorieuse la fin de leur Maçonnerie qui n'est pas sans éclat dans le passé. Ils se sont effacés d'eux-mêmes devant le visage menaçant de leurs adversaires, sans laisser à ceux-ci le temps de sévir. Ne jugeons pas, crainte de nous rendre coupables d'injustice. L'âme allemande a ses mystères que nous devons respecter. Savons-nous quel réveil l'avenir lui réserve ?

      Säumt nicht zu üben die Kräfte des Guten ! recommande Gœthe à ses FF:.. Puisse-t-il être entendu par ceux qui sont décidés à ne pas négliger de mettre en œuvre les forces du bien ! Tous, nous devons mobiliser en nous ces forces sacrées, alors que celles du mal dominent momentanément notre civilisation. Jamais il n'a été plus indispensable de vouloir énergiquement le bien qu'à l'heure présente. Quand le mensonge triomphant impose silence à la vérité, celle-ci se tait au bénéfice de la tension du vrai. Tant pis pour qui s'imagine que le faux gardera le dernier mot !

      Nous, Maçons, nous croyons au Vrai, au Bien et au Beau, mais nous sommes en pleine lutte et l'Adversaire (cela se dit Satan en hébreu) nous contraint à de durs combats, parfois même il nous oblige à nous terrer. Qu'importe, nous aurons notre compensation, car le bien est de notre côté !

      Si cette fois, le sang n'est pas répandu, en revanche, les esprits sont systématiquement empoisonnés. Aucune critique n'est tolérée ; ceux qui tiennent la rue y brûlent les livres de leurs contradicteurs. La libre recherche de la vérité offense ceux qui imposent leur dogme féroce, devenu celui du bras séculier.

      La Maçonnerie respecte l'autorité civile, mais quand celle-ci cesse d'être respectable, force lui est de fermer ses Temples. Ils sont clos en Allemagne, où nous avons la douleur de voir régner l'impie, fléau transitoire, comme l'orage qui passe. Il n'en subsistera, espérons-le, qu'une purification salutaire. Les esprits se désempoisonneront quand pourra luire à nouveau le radieux soleil des peuples.

      D'ici là les Maçons se recueillent spirituellement. Plus que jamais, ils doivent aimer la Maçonnerie dont ils sont privés, non celle qui est morte, mais une autre dont l'immortalité s'affirme. Etant imparfaites, les organisations maçonniques portent en elles leurs germes de mort ; ce sont elles que tuent les mauvais Compagnons, alors qu'ils attentent en vain au Maçonnisme. Cet idéal se fortifie dans l'esprit de ceux qui le conçoivent, pour renaître plus vigoureux et mieux accessible à la saine compréhension de ses adeptes. Gémissons, mais espérons et ne faiblissons pas en notre foi !

      Maçons allemands spiritualisés, vous êtes des nôtres plus que jamais et nous ne vous abandonnons pas.

Oswald Wirth




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