Biographie universelle ancienne et moderne Ce nom, auquel se rattachent l'
histoire du peuple de
Dieu, les promesses faites à ce peuple, et les merveilles opérées en sa faveur, tout, jusqu'aux grands mystères accomplis par le divin fondateur de la
religion chrétienne, est celui du plus célèbre
patriarche des Hébreux. Né à
Ur, en Chaldée, environ 2000 ans avant J.-C., Abraham descendait de
Sem, fils aîné de
Noé, à la huitième
génération. Il passa ses premières années dans la maison de son père Tharé, où il fut préservé de l'
idolâtrie qui régnait dans sa famille.
Docile à la voix de
Dieu, qui, en lui faisant entrevoir ses hautes destinées, lui ordonna d'aller s'établir dans la terre de Chanaan, il partit avec son père, son
épouse, son neveu, et fixa sa demeure à Haran, dans la Mésopotamie. Depuis la mort de Tharé, il ne cessa de mener une vie errante, autant pour se conformer aux ordres de
Dieu que pour trouver des pâturages commodes, à
Sichem, à
Béthel, et dans le pays de Gérare, d'où il revint encore à
Béthel. Les disputes fréquentes qui survenaient entre ses bergers et ceux de
Loth mirent l'oncle et le neveu dans la nécessité de se séparer. Le premier s'arrêta à Mambré, et le dernier alla s'établir à
Gomorrhe. Informé quelque temps après que quatre rois, ou plutôt quatre chefs de quelques bourgades arabes,
ennemis de celui de
Gomorrhe, avaient enlevé
Loth et tout ce qu'il possédait, Abraham les poursuivit à la tête de ses serviteurs, au nombre de 318, les défit, remit son neveu en
liberté, et lui rendit ses troupeaux. Comme il revenait de cette expédition, Melchisedech, roi de Salem, et
prêtre du Très-Haut, alla à sa rencontre, lui offrit du pain et du vin, le bénit au nom du Seigneur, et en reçut la dixième partie des dépouilles enlevées aux rois vaincus.
Sara,
épouse d'Abraham, âgée de 75 ans, ne lui avait point encore donné d'
enfants, et avait passé le temps où les femmes conservent l'espérance d'en avoir ; mais, comme c'était une espèce d'
opprobre alors de mourir sans postérité, elle engagea ce
patriarche à
épouser sa servante
Agar, dont il eut Ismaël. Cet
enfant, né d'une esclave, ne pouvait être le dépositaire des magnifiques promesses que
Dieu avait faites à Abraham, et qui étaient toutes liées à la destinée d'un fils qui devait naître de son
épouse légitime. Ces promesses lui annonçaient qu'il serait le père d'un grand peuple (ce que désignait le changement de son nom
Abram en celui d'
Abraham) et que toutes les nations seraient bénies en son nom.
Dieu ne lui avait pas laissé ignorer les diverses épreuves par lesquelles passeraient ses descendants, leur servitude en Egypte, leur délivrance miraculeuse, leurs longues courses dans le désert avant d'arriver dans la terre de Chanaan. Ces promesses lui étaient confirmées dans toutes les occasions, ici par des globes de
feu qui sortaient du sein de la terre pour consumer la chair des victimes ; là par l'établissement de la circoncision, pour être le sceau de l'alliance du Seigneur avec le
patriarche et avec sa postérité, jusques aux dernières
générations. Au moment où le grand âge des deux
époux semblait devoir faire naître des doutes sur l'accomplissement de ces promesses, trois
anges arrivent chez lui sous la forme de voyageurs. Leur mission était de punir
Sodome et
Gomorrhe, dont les
iniquités avaient porovqué la
destruction, et que le saint
patriarche aurait cependant détourné par ses prières, s'il se fût seulement trouvé dix justes dans ces villes criminelles. Celui des trois
anges dont les deux autres paraissaient n'être que les serviteurs, et que les anciens Pères ont regardé comme étant le fils de
Dieu, assura Abraham qu'à leur retour, Sara serait devenue mère. En effet, quoique âgée de 90 ans, elle conçut et enfanta Isaac, au teme fixé par l'
ange. Lorsque cet
enfant eut atteint l'âge de 25 ans,
Dieu, pour mettre la foi d'Abraham à de nouvelles épreuves, lui ordonna d'aller lui
immoler ce fils uique sur la
montagne de Moria. Le
patriarche, convaincu que celui qui avait fait naître Isaac contre le cours ordinaire de la nature était assez puissant pour le rappeler à la vie, ou pour lui donner de nouveaux fils, se mit en devoir d'obéir au souverain arbitre de la vie et de la mort. La victime était déjà sur le bûcher, près de recevoir le coup fatal, lorsque
Dieu, satisfait de cet acte mémorable d'obéissance, arrêta le bras du docile sacrificateur, qui substitua un
bélier à la personne de cet
enfant
de la promesse. Sara mourut, et Abraham épousa Céthura, qui lui donna encore six
enfants. Il termina ses
jours à 175 ans, et fut enterré à côté de Sara, dans une caverne du champ qu'il avait acheté, pour sa sépulture, des fils de Heth.
Tout est mystérieux dans les événements de la vie de cet
illustre patriarche.
Son nom, devenu célèbre parmi toutes les nations de l'Orient ; sa nombreuse postérité par Isaac et même par Ismaël ; cette suite de peuples et de rois issus de sa race ; la conquête du pays de Chanaan, possédé pendant tant de siècles par ses descendants ; les miracles signalés que
Dieu opéra dans tous les temps en leur faveur ; la naissance du
messie accordée à sa postérité : voilà ce qui a frappé les Juifs dans les promesses faites à celui qu'ils reconnaissent pour leur père, et voilà ce qui fait la véritable gloire d'Abraham.
Nous n'avons sur le
Thot des Egyptiens, le premier
Zoroastre des Perses, sur l'
Hercule des Grecs, sur l'Orphée de la Thrace, et sur tant d'autres héros célèbres avec lesquels on a prétendu confondre Abraham, que des faits incertains, des époques douteuses, des récits opposés ou contradictoires. On a, au contraire, d'Abraham, une
histoire suivie, détaillée, par un auteur qui touche à son temps, et dont le bisaïeul avait vécu plus de trente ans avec le petit-fils de ce
patriarche. L'
historien nous apprend l'origine de ce grand homme, ses voyages, ses vertus et ses fautes. Il marque au Hébreux, rentrant dans le pays qu'Abraham avait habité, les lieux où ce
patriarche, son fils et son petit-fils avaient fait leur résidence, les autels qu'ils avaient creusés, les terrains qu'ils avaient acquis, les peuples et les rois avec lesquels ils avaient eu des démêlés et fait des alliances. Il entre dans les mêmes détails sur les divers lieux que ses douze petits-fils avaient rendu célèbres par leurs aventures ou leurs crimes ; il constate leur descendance, en produisant les généalogies sur lesquelles étaient fondés les droits de la nation à la possession de la terre promise. Enfin, le
Dieu que les Juifs adoraient, la terre qu'ils habitaient, leurs monuments, leurs traditions, leurs livres sacrés, tout annonçait Abraham. Les Arabes, comme les Juifs, toujours jaloux, toujours
ennemis les uns des autres, se réunissent pour attester leur commune descendance de ce
patriarche, et ces deux peuples en portent l'empreinte et la preuve par la circoncision. Ce témoignage est confirmé par celui des peuples voisins et
ennemis, tels que les
Moabites et les Ammonites, qui prétendaient tirer leur origine du neveu d'Abraham ; par celui d'une foule d'auteurs même païens, qui tous représentent Abraham comme un personnage aussi distingué par ses richesses et par son rang, que célèbre par ses lumières et par ses vertus. Les
Eglises grecque et latine ont mis son nom dans leurs
légendes. Il en est aussi question dans le Coran ; et quelques auteurs
musulmans, entre autres rêveries concernant ce
patriarche, prétendent qu'il fit le voyage de la Mecque, et qu'il commença à y bâtir le temple. Les Juifs ont toujours honoré sa sépulture et sa mémoire ; mais leurs rabbins ont mêlé dans l'
histoire d'Abraham la vérité et le mensonge.
Le traité
Jetzirah,
ou
de la Création,
Paris, 1552, Mantoue, 1532, et Amsterdam, 1642, in-4°, qu'on lui a faussement attribué, est, dit-on, du rabbin Akiba ; il a été traduit en latin par Postel et Rittangel. Aux premiers siècles du christianisme, les hérétiques
séthiens débitèrent une
Apocalypse d'Abraham. Origène a cité aussi un prétendu ouvrage de ce
patriarche.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Pages 89-91)
Dictionnaire M. Bescherelle
[De l'hébreu, père d'une grande multitude] Histoire sainte
Patriarche, fils de Tharé, né à
Ur en Chaldée, en l'an du monde 2008 ; fit deux fois alliance avec le Seigneur, qui le bénit et lui promit de multiplier au delà du nombre des étoiles sa postérité dans la personne de son fils Isaac. Le signe de cette alliance fut la circoncision. Abraham mourut en l'an 2183, à hébron, en
Palestine. Il est
le père des croyants, et son nom est encore vénéré des juifs, ainsi que des Arabes qui prétendent tirer de lui leur origine.
Ere d'Abraham :
Commence à la vocation de ce
patriarche et précède l'incarnation de 2015 ans.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume I (A-F) (1856), p. 25.