Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif masculin [Du latin diluvium, formé de diluere, noyer]
Inondation extraordinaire qui couvre une grande étendue de terrains hors
d'atteinte de l'
invasion ordinaire des
eaux.
Le
déluge de
Deucalion. Le
déluge d'Ogygès.
Déluge :
Signifie porprement l'inondation qui, selon la version biblique et la tradition de tous les peuples, a couvert la totalité de la surface terrestre, et fit périr tout le genre humain, à l'exception d'une seule famille. On l'appelle absolument, Le
déluge ou Le
déluge universel. Selon la Genèse, la
pluie tomba pendant quarante
jours et quarante nuits ; les
eaux se répandirent sur toute la terre, tous les hommes périrent ainsi que les
animaux, excepté
Noé et sa famille, un couple de chaque genre d'
animaux impurs, et deux couples de chaque genre d'
animaux purs, qui se sauvèrent dans l'arche ; les
pluies se retirèrent après le cent cinquantième
jour. Les philosophes du
XVIIIème siècle se sont élevés contre la réalité du
déluge universel ; mais toutes les données positives de la science, entre autres, les débris d'
animaux fossiles qui se trouvent sur le sommet des plus hautes
montagnes, démontrent l'existence de ce cataclysme, arrivé, d'après tous les commentateurs de la Bible, en l'an 1656 de la création du monde, 2350 av. J.-C.
Déluge :
Quand on veut parler du
déluge dont il est question dans la Bible, on dit
Le déluge universel, ou, asolument,
Le déluge.
De crimes odieux la terre était couverte,
Lorsqu'un affreux déluge en fut le châtiment.
(Louis Racine)
Déluge :
Dans un sens plus restrein, se dit d'une grande quantité d'
eau pluviale, d'une
pluie abondante et tellement forte que l'
esprit lui donne le nom de
déluge par allusion aux torrents de
pluie qui submergèrent le globe terrestre, à l'époque du
déluge universel.
Il pleut à verse depuis trois
jours ; en vérité, c'est un
déluge, on se croirait au
déluge.
Il semble que le ciel, qui se fond tout en eau,
Veuille inonder ces lieux d'un déluge nouveau.
(Boileau)
Remonter au delà du déluge : Familier
et par exagération
Remonter fort loin, trop loin, dans le passé, rechercher les premières
origines des choses.
Passons au déluge : Proverbial et familier
Abrégeons, passons au fait.
Après moi le déluge : Proverbial
et familier
Se dit pour faire entendre qu'on ne s'embarrasse pas de ce qui arrivera quand on n'y sera plus.
Déluge :
Par extension, par exagération, et surtout dans le haut style poétique, se dit en parlant de choses, autres que l'
eau, qui sont répandues, versées
avec une extrême abondance.
Un
déluge de
feu. Un
déluge de sang. Un
déluge de larmes.
Elle fera tomber comme un
déluge de
feu la vengeance de
Dieu sur nos têtes. (Bossuet)
C'était un nouveau
déluge de sang dont la justice de
Dieu se servait pour le punir encore. (Mass.)
Que le courroux du ciel allumé par mes vux,
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux.
(Corneille)
Et le ciel réunit, pour châtier le monde,
Au déluge du feu le déluge de l'onde.
(Delille)
En vain l'astre du jour, embrassant l'Ecrevisse
D'un déluge de flamme assiège ces déserts.
(Roucher)
D'où part ce déluge d'éclairs ?
Quelle source de feu bouillonne
Et soudain embrase les airs ?
(Malfil.)
Déluge : Figuré
Se dit de choses qui ne se répandent pas, qui ne se versent pas comme l'
eau, mais dont il y a une grande profusion.
Un
déluge de maux. Un
déluge de paroles. Un
déluge d'injures. Un
déluge de mauvais livres. Un
déluge de plaisanteries.
Et de là quel
déluge de maux dans le peuple ? (Mass.)
Quelle digue élèverai-je contre ce
déluge d'explications qui inonde la ville, et qui bientôt va gagner la cour ? (La
Bruyère)
Je m'attends à un grand
déluge d'
esprit. (D'Alembert)
Je voudrais voir, après ces
déluges de plaisanteries et de
sarcasmes, quelque ouvrage sérieux. (Voltaire)
Il inondera son homme d'un
déluge de paroles. (La Harpe)
Déluge :
Grand nombre, multitude, en parlant des personnes.
Dieux ! quel déluge d'habitants
Y brave depuis si longtemps
L'indigence ailleurs si commune ?
(Jean-Baptiste Rousseau)
Mais que vois-je ! quels abîmes
S'entr'ouvrent autour de moi ?
Quel déluge de victimes
S'offre à mes yeux pleins d'effroi ?
(Jean-Baptiste Rousseau)
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume I (A-F) (1856), p. 920.
Dom Antoine-Joseph Pernéty Les Philosophes entendent par ce terme la
distillation de leur matière, qui, après être montée en forme de vapeurs au haut du vase, retombe sur la terre comme une
pluie qui l'inonde toute entière.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.