Le sire de
Roubaix a brillé sur tous les champs de bataille
et ensuite a été l'habile négociateur, auprès de Jean Ier, roi de Portugal, du
mariage qui vient de se célébrer à
Bruges.
Le sire de Vergy n'est pas seulement célèbre par la façon dont il aida le
duc Philippe à chasser de
Paris le
Dauphin, par le grade de maréchal qu'il a occupé dans l'armée des
Bourguignons, mais aussi par sa jalousie, car on prête à sa vengeance des raffinements dont voici un exemple : sa femme, fille de
Mathieu Ier,
duc de Lorraine, avait été aimée par un seigneur Castillan, qui, désespéré d'être éconduit, passa la mer et mourut. Mais
avant de trépasser, il ordonna qu'on portât son cur à sa
dame : ce qui fut fait. Celle-ci reçut avec douleur ce gage d'une passion malheureuse et le déposa dans une châsse d'
argent.
Son mari l'ayant appris, lui fit
servir ce cur en ragoût et quand elle l'eût mangé, il lui dit avec une froide férocité : « Madame, vous avez le cur de votre ami plus près de vous que vous ne le croyez, car il est « en vostre ventre et le avez mangé ». La
dame répondit : « Sire, s'il en est ainsi,
oncques plus précieux morceau ne mangerai et après celui ci jamais ne mangerai plus d'autre morceau. » Elle tint parole et peu de
jours après rendit l'
âme (32).
Les hauts faits d'armes à l'actif des chevaliers du nouvel
ordre et leur dévouement à sa personne eussent pu, semble-t-il, dispenser le
Duc de rédiger des règlements sur leurs devoirs. Et cependant, Philippe le Bon, avec autant de sagesse que d'habilité, avec autant de réflexion que de
jugement, s'occupa pendant de longs mois de tout ordonner et de tout prévoir. De là ces statuts divisés en 94 articles, dont quelques uns sont de la
plus grande élévation morale, d'autres inspirés par les sentiments les plus chevaleresques et plusieurs enfin, d'un vif intérêt par les
détails qu'ils contiennent.
Le premier article exige que les chevaliers soient « gentilz hommes de nom et d'armes et sans reproche ».
Le second établit de suite l'importance que le
Duc donne au
nouvel ordre car « les chevaliers du dit ordre pour entrer en icellui devront laisser et laisseront tout aultre ordre soit de prince, soit de compagnie ».
Il n'est fait d'exception que pour les rois et empereurs qui pourront
porter avec « la Thoyson d'or » l'ordre dont ils sont Chefs et Souverains.
Le
Duc décrit immédiatement après le bijou de l'ordre. C'est « ung collier d'or fait à nostre devise : c'est assavoir par pièces à façon de fusilz touchans à pierres dont partent estincelles ardentes et au boult d'icellui colier pendant semblance d'une Thoyson d'or »,
(33) lequel colier appartiendra toujours à l'ordre.
Vient ensuite cette rigoureuse prescription : « chascun chevalier du dit ordre seront tenus de porter ce collier
chascun jour autour du col, à descouvert » sous peine de faire dire une messe de « quatre solz et quatre solz donner pour
Dieu », ce qu'ils seront tenus de faire en conscience pour chaque
jour où ils négligeront de le porter. » Cependant en armes, ils pourront s'ils le préfèrent ne porter que la « Thoyson sans le colier ». Remarquons de suite que les chevaliers se permirent souvent en temps de paix, de porter la Toison suspendue à un mince filet de soie ; ce qui valut les plus vives remontrances à Philippe de Savoie, en 1473, et à plusieurs autres chevaliers en 1484
(34).
En temps de guerre, au contraire, tous portaient leur collier avec une courageuse ostentation. On allait plus fièrement au combat avec cet
emblème d'honneur et de bravoure ! « On s'annonçait, a écrit le feld-maréchal de Ligne, qui portait aussi et
illustra également la Toison, on s'annonçait pour ce qu'on était, on risquait d'être le point de mire de l'arquebuse ou du mousquet,... on encourageait ses soldats par une grande et belle décoration... et on s'élançait assez dans la mêlée pour que ces colliers fussent arrachés ou qu'à
force de
frapper d'estoc et de taille, on les perdit de dessus les épaules ». C'est ce qui arriva à la bataille de Viefville près Terrouanne à quatre chevaliers qui étaient le Comte de
Nassau, le Seigneur de Bèvres, le Seigneur de
Fiennes et
Josse de Lalaing.
Déjà en 1437, (le 22 mai), un collier était devenu le trophée des
ennemis du
Duc. Ce jour-là, les
ennemis étaient des Brugeois. Le Sire de l'
Isle-Adam, l'un des chevaliers les plus intrépides de son siècle, protégeait héroïquement la retraite du
duc de
Bourgogne qui regagnait difficilement la porte de la Bouverie.
Son collier le désignait à la fureur de la
populace, mais elle ne peut s'en emparer que lorsque, criblé de coups reçus en pleine poitrine, il eut succombé sous le nombre !
Faut-il rappeler enfin que lorsque Charles-Quint combattait dans le
royaume de Tunis, il portait à découvert le collier ! Pour lui aussi, comme l'a dit un ancien poète :
« Le collier brillant de cet ordre éminent
Surpassait en grandeur le plus bel ornement ! »
Aussi quand un chevalier perdait le collier à la guerre ou
dans quelqu'action d'éclat, le Souverain était obligé de lui en donner un autre à ses dépens !
Les statuts de l'ordre consacrent ensuite plusieurs paragraphes aux
obligations des chevaliers vis-à-vis des Souverains-Chefs de l'ordre, principalement pour les cas de guerre, spécifiant « que si nous (le
duc de
Bourgogne) ou nos successeurs emprenissons une arme pour la défense de la saincte foy chrestienne ou pour déffendre, maintenir ou restablir la dignité ou
liberté de nostre saincte mère
Eglise ou du sainct Siège
apostolique de Rome, en ce cas les chevaliers seront tenus de nous servir personnellement ».
Par contre, le Souverain s'engage,
par grand amour et en témoignage de grande confiance pour ses
frères, chevaliers du dit ordre, en son nom et en celui de de ses successeurs à n'entreprendre aucune guerre « ou aultres hautes besoingnes pesantes » avant d'avoir consulté et
pris l'avis et le bon conseil de la majorité des chevaliers de la
Toison d'or.
C'était là un précieux privilège qui donnait aux chevaliers de la
Toison d'or une part importante dans le gouvernement de l'Etat. Et, Philippe le Bon, Philippe le Beau, Charles-Quint consultèrent souvent ces espèces de ministres d'Etat. Sans écouter de vives réclamations et des remontrances réitérées,
Charles le Téméraire entreprend malgré eux ses campagnes contre les Suisses : on peut affirmer qu'il n'eût pas péri à
, s'il avait suivi les avis des conseillers que lui avait laissés l'Asseuré !
Encore des articles bien intéressants : ce sont ceux qui
règlent les devoirs des chevaliers entr'eux, afin d'entretenir «
amour et fraternité ». L'amitié et la fraternité sont, en effet, la
règle ; et si par hasard, il avait entre des chevaliers une discussion ou un débat de nature à entraîner des voies de faict et d'armes, le Souverain leur défend d'user de violence et il les cite au prochain Chapitre pour les réconcilier et trancher lui-même à l'amiable leur différend. Car l'ordre est une « fraternité amiable » à laquelle doivent se soumettre de leur bon gré et volonté ceux qui en font partie, et c'est à lui à prendre connaissance de tous ces faits comme une cour souveraine qui jugera en dernier ressort et rendra des arrêts immédiatement exécutoires. Bien souvent ce tribunal de paix empêcha ainsi de violent conflits.
Et non seulement les chevaliers doivent vivre en bons rapports
(35), mais ils doivent s'entre aider. En cas de guerre ce devoir s'impose principalement : c'est là qu'existe surtout le « seul devoir de à son
compagnon sauver la vie. » Que d'exemples sont venus appuyer ce précepte chevaleresque ! C'est le seigneur de l'
Isle-Adam qui se fait tuer pour couvrir la retraite de Philippe le Bon ; c'est
Charles le Téméraire qui vole au secours de son père combattant si avant au milieu de ses
ennemis que ceux-ci l'entourent de toutes parts. L'un et l'autre sont dégagés par les Croy et les Lalaing, c'est-à-dire par la
fleur de la chevalerie qui porte la
Toison d'or. C'est Jean de
Lannoy qui, dans un combat près de Lokeren, aperçoit Jacques de Lalaing acculé près d'un fossé profond et cerné par les Gantois : « il ne faut pas laisser ce vaillant chevalier, s'écrie-t-il, et s'en aille qui veut, moi j'irai », et sans calculer le danger, suivi seulement du sire d'
Humières, il vole au secours du « bon chevalier » et le sauve !
Ils sont tous, comme le demandait Alain Chartier :
« Justes en faits, secourants leurs amis,
Durs aux mauvais et fiers aux ennemis ! »
Que de traits encore on pourrait citer, car le courage est la première des vertus d'un chevalier de la
Toison d'or et les règlements de l'ordre sont impitoyables pour la moindre
défaillance.
Un article déclare, en effet, que le chevalier sera «
privé et débouté d'icellui ordre » s'il lui arrivait de s'enfuir sur un champ de bataille dès que les bannières auront été déployées et que le combat aura commencé.
Cet article fut appliqué avec la dernière rigueur, presqu'avec injustice, tant la susceptibilité de l'honneur était grande ; mais malgré cela, on ne connaît que deux ou trois cas où l'on trouva quelque matière à une aussi dure exécution. Le comte de Mansfeld s'est battu comme un
lion pour défendre Ivoi, mais ayant à faire à des troupes nombreuses et n'ayant aucun secours à espérer, à bout de ressources et de
forces, il se rend à l'
ennemi. On lui enlève son collier en lui disant qu'un chevalier peut être pris, mais qu'il ne capitule pas.
Le sire de Neuchatel s'est toujours distingué par sa bravoure : à la bataille d'
Anthon, il a fait des prodiges, mais accablé par le nombre, abandonné de ses soldats, il a traversé à la nage une
rivière impétueuse pour échapper à ses adversaires victorieux. En aucun cas un chevalier ne doit fuir, répond-t-on à toutes ses explications ; et on le prive du collier. « Le sire de Neuchatel, ajoute le
héraut d'armes, était vaillant chevalier et de grand courage et il fut, en apprenant son exclusion, dolent que jamais homme pouvait plus être. De désespoir il partit pour Jérusalem et y mourut. »
Louis le Bon, Prince d'
Orange, avait tous les titres à la noble Thoyson. Hélas ! il a reculé à la même bataille, après avoir également fait mille prouesses, et le collier lui est refusé !
Si un chevalier a manqué à l'honneur et que ses
compagnons le sachent, ils sont tenus à en donner connaissance au chancelier dans le Chapitre le plus prochain. Les statuts l'exigent ; et ainsi, dans chaque Chapitre, une enquête est faite sur la conduite de chacun, y compris celle du Souverain, car Philippe le Bon a inséré dans les statuts l'article suivant qui montre bien sa grandeur
dame et sa noblesse de caractère : « afin d'entretenir l'
amour et la fraternité et garder la fraternité et pour cette raison encore que le chef et seigneur doit donner le meilleur exemple, voulons que l'examen se fasse de lui comme des aultres et la correction, peine et punition aussi ! »
Ces statuts se terminent par des prescriptions qui concernent les officiers de la Thoyson d'or : ceux-ci, au nombre de quatre seront :
Premièrement, le chancelier qui devra être « en prélature ecclésiastique comme archevesque ou dignité notable et
cathédrale ».
Secondement, le trésorier qui aura la garde des trésors,
reliques, costumes, tapisseries, règlements, chartes, privilèges, fondations, cartulaires, etc.
Troisièmement, le greffier qui sera « personne notable et habile clercq, lequel sera tenu de faire deux livres en parchemin ; en chascun desquels sera écrit la fondation du dit ordre, ses ordonnances et statuts. Et au commencement des dits livres seront représentés
les portraits du fondateur et des XXIIII premiers chevaliers. Le dit greffier mettra encore par écrit dans un livre bien ordonné toutes les
prouesses, faits louables et honorables dit souverain et de tous les chevaliers, faits dont il sera informé par
Toison d'or, roy d'armes. En un autre livre, le greffier écrira les fautes commises par les chevaliers, fautes dont ils auront été blâmés en chapitre, et les corrections, punitions et peines qui leur auront été infligées.
Quatrièmement, « un roi d'armes appelé Thoyson d'or, prudent
(36), de bon renom. » Il portera « un émail du dit ordre ».
Ce roy d'armes, Thoyson d'or, « encquerra dilligamment des prouesses et haulx faiz et honnourables entreprises du Souverain et des chevaliers de l'ordre, dont il fera véritable rapport au greffier de l'ordre pour estre mis en escript. » Et on veillera à ce qu'il n'oublie pas ce devoir ; c'est ainsi qu'en 1516, on trouve la mention de rappels qui lui ont été faits « sur l'obligation qu'il a d'informer le greffier des vertueux faicts des chevaliers. » Bel et glorieux usage, superbe et excellent encouragement, car « il est bon d'entendre raconter ou de lire quelque brillante ou bonne action que celui qui l'a faite a presque oubliée
(37). »
Ces statuts
(38) à peine promulgués, le premier Chapitre se réunit. C'est le 29 novembre 1431. Dix-huit chevaliers se rendent successivement, dans le courant de l'après-midi à l'hôtel du
Duc, présenter leurs
hommages au Souverain de l'ordre. Celui-ci les reçoit « honourablent et amyablement ».
Ils sont « vêtus, comme le
Duc lui-même, de robes vermeilles
(39), fourrées de gris, longues jusque
dessous les genoux, sur lesquelles pendent de longs manteaux
(40) de la même
couleur, de fine écarlate, bordés de riches orfrois d'or fin, manteaux grands et larges, ouvrés et richement bordés de large semence de fusils, cailloux, étincelles, toisons et devise du
duc « aultre n'auray », fourrés aussi de même vair. Les chapperons sont d'écarlate vermeille de drap pareil, à longues coquilles seIon l'usage ancien ». Par dessus ces riches habits, ils portent le collier à découvert.
Mais voici l'heure des vespres auxquelles ils vont se rendre solenellement. Ils descendent donc deux à deux, le
Duc marchant le dernier, vers la porte de sortie de l'hôtel où les attend une procession. On se met aussitôt en marche.
Douze trompettes dont les cottes sont armoriées aux armes du
Duc ouvrent le cortège. Les « héraulx » de
Bretagne,
Sicile,
Orange, St Pol, Namur,
Viane, Enghien, Zélande et Antoing et les rois d'armes de Berry,
Brabant, Flandres,
Artois, Hainaut, suivent avec quinze « poursuyvans ». Puis viennent deux cents gentilshommes
cheval.
Plusieurs Evéques et de nombreux abbés mitrés, revêtus d'habits
pontificaux d'une richesse inouïe, s'avancent à leur tour entourés d'un nombreux clergé.
Le chancelier, le trésorier et le greffier de la
Toison d'or, vêtus aussi de robes rouges, manteaux et chaperons, les robes fourrées, mais le manteau sans fourrures, excepté celui du chancelier qui était docteur et avait le manteau fourré « comme à docteur appartient », précédent immédiatement les chevaliers qui sont à
cheval et
marchent deux par deux, dans le magnifique costume décrit plus haut. Plus de trente pages d'honneur les suivent. « Après, en grande admiration et noble magnitude chevauchait seule la majesté du
Duc » suivi « par ceux de son Conseil en grand nombre ».
Le cortège entre à l'
église qui « haut et bas est parée et tendue de riches tapisseries tissues d'or»
(41). Au dessus du siège du
Duc et de ceux des chevaliers qui étaient de haute forme, se trouvaient « les tableaux armoyez des armes, hachements, ordre, noms et titres » de chacun.
Un tableau plus grand placé au-dessus du siège du
Duc est également « armoyez de ses armes, de hachement de son ordre et devise ».
Les armes des chevaliers défunts et non remplacés sont attachées au-dessus de sièges tendus d'un drap noir.
Les quatre officiers de l'ordre sont assis sur des escabeaux de forme basse devant le siège du
Duc, « chascun en son degré ».
Le lendemain, fête de « Monseigneur
Saint Andrieu » le
Duc et tous les chevaliers se rendent à la messe avec le même cérémonial ; à l'offrande le
Duc et fondateur de l'ordre s'avance le premier; puis le roi d'armes appelle successivement tous les chevaliers par leur rang, nomination dans l'ordre, les conduisant à l'
autel où ils
déposent une pièce d'or et les ramène à leur place.
Après l'offertoire « belle et haute
prédication, en matière de
collation, par le chancelier de l'ordre, docteur et
Evêque de
Nevers »
(42). L'office terminé, le même cortège se reforme et retourne à « l'ostel »
ducal où les chevaliers « convoyèrent » leur Chef et Souverain jusque en sa
chambre, dans laquelle celui-ci retint cette noble compagnie jusqu'à l'heure environ de « midy » où « tables furent mises et très notablement parées comme il appartient à un si haut, si riche et si notable prince. Les dressoirs étaient chargés et ornés de vaisselle et de joyaux si richement que ce serait une trop longue chose à raconter. « Entre chaque service de ce repas qui « fut servi honorablement, (cela se devine !) trompettes et menestreux cornaient et jouaient et c'était une doulce mélodie à oyr »
(43).
Après ce festin, le
Duc et les chevaliers quittèrent leur costume écarlate pour revêtir « des noirs habits, manteaux et chaperons longs de deuil » et retournèrent à l'
église avec le même cérémonial et le même cortège pour entendre les vigiles des trépassés qui furent chantées jusque bien avant en la nuit pour les
âmes des chevaliers défunts ».
Le
Duc ensuite offrit un souper qui « fut de grande magnificence ».
Le lendemain même procession et mêmes costumes de deuil pour assister « très dévotement au service divin qu'on fit pour les morts ». Au milieu du choeur il y avait un grand chandelier de
bois peint en noir sur lequel brûlaient vingt-quatre
cierges de trois livres auxquels étaient attachées les
armoiries de chaque chevalier, peintes sur un petit écusson. Le
cierge du
Duc plus grand que les autres était au milieu et les dominait tous. Quand il fut l'heure de l'offrande, le roy d'armes,
Toison d'or, apporta à Monseigneur le
Duc son
cierge armoirié ainsi qu'il a été dit et Philippe alla l'offrir à l'
autel, puis chaque chevalier fit de même. Le
chancelier recommanda en même temps la mémoire des défunts à leurs confrères, leur rappelant aussi que les statuts de l'ordre, par un touchant
esprit de « fraternité et d'amitié » les obligeaient chacun à faire dire 15 messes et à donner une aumône aux pauvres, pour le repos de leurs
âmes.
Cette journée se termina encore dans « l'ostel » de Philippe le Bon où un nouveau festin était préparé.
Le lendemain tous les chevaliers assistent à la messe de Notre-Dame, « sous la protection de laquelle l'ordre est placé », mais vêtus de tels habits qu'il leur plut ».
Ce fut immédiatement après cette troisième messe, qu'ils « entrèrent en Chapitre », car si certaines affaires concernant l'ordre peuvent se discuter en l'hôtel du
duc ou ailleurs, celles qui se rapportent aux élections et corrections de l'ordre doivent, d'après les statuts, se traiter à l'
église même, tous les chevaliers ayant revêtus leurs costumes d'écarlate.
Plusieurs places sont vacantes, car deux chevaliers sont morts et Philippe le Bon vient de porter le nombre des chevaliers de 24 à 30 ou 31 en y comprenant le souverain.
(44)
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(32) Molinet.
(33) Les vingt-quatre premiers colliers furent faits à
Bruges par Jehan Pentin, orfèvre à
Bruges.
(34) A partir de 1516, le port de la Toison suspendue à un filet de soie est permis à tous les Chevaliers, sauf les
jours de fête et de cérémonie où le grand collier est obligatoire.
(35) En 1436, on délibère en Chapitre sur les moyens d'augmenter encore cette amitié.
(36) C'était, en effet, un homme prudent et habile que le
héraut d'armes, dit
Toison d'or, car c'est lui qui est chargé par Philippe le Bon des missions les plus difficiles ; en 1445, il est notamment envoyé vers Charles XII qui à la tête de 40.000 hommes menace les états du
Duc.
(37) Feld maréchal Prince de Ligne.
(38) Le plus bel éloge qu'on puisse faire de ces statuts est de rappeler que lorsque
Louis XI fonda l'ordre de St-Michel, il les copia à peu près textuellement.
(39) En 1473,
Charles le Téméraire, de l'avis conforme des chevaliers rassemblés en Chapitre,
déclara que dorénavant les manteaux et les chaperons dont les chevaliers se serviraient à la fête principale de l'ordre seraient de velours cramoisi au
lieu d'écarlate vermeille « voulant aussi que les manteaux fussent doublés de satin blanc renversé par en bas et par les fentes bordés de large semence de fusils, cailloux, étincelles et toisons ». Les chevaliers auront aussi à se pourvoir de robes et de chaperons de velours cramoisi. Quant aux officiers, il fut décidé qu'ils seraient pareillement
vétus de velours cramoisi, savoir : « le chancelier, le greffier et le trésorier de manteaux, chaperons et robes ; le roy d'armes de chaperon et robe seulement, et tous sans bordure ».
(40) Au décès des chevaliers, les manteaux étaient vendus pour acheter de riches tapisseries.
(41) Cette tapisserie qui portait les armes et bannières du
Duc, représentait Gédéon et ses
victoires. Elle figure encore au chapitre de 1555 avec d'autres tapisseries, représentant la conquête de Tunis, qui existent encore, je crois, à Madrid, dans le garde-meuble royal.
(42) J. Germain, familier du
duc
(43) Il arriva, notamment en 1516, que la magnificence du festin leur fit manquer les
vêpres ! C'était du premier
Chapitre présidé par Charles-Quint !
(44) Ce chiffre fut porté en 1516 à 51 après réception de
bulles approbatives de
Léon X.