Sainte Elisabeth, reine du Portugal, née en 1271, était fille de Pierre III d'
Aragon, et de Constance, fille de Mainfroi, roi de
Sicile. Dès son enfance, elle préféra les pratiques de dévotion aux études, aux délassements convenables à son rang. A douze ans, elle épousa Denis Ier, roi du Portugal. Ce fut plutôt un
mariage de
convenance qu'une union resserrée par les liens de l'
amour. Le grand prince, à qui les
Portugais décernèrent le titre de père de la patrie, laissa à sa femme la
liberté de se livrer à son
goût pour les mortifications. Les agiographes rapportent qu'elle jeûnait une grande partie de l'année, et qu'elle ne vivait que de pain et d'
eau les
vendredis et les samedis. Une conduite si étrangère aux usages du
trône pensa lui être funeste. Elle avait, dit-on, un page favori, confident de ses plus secrètes pensées, et distributeur de ses aumônes. Un camarade de ce page, jaloux de la faveur dont il jouissait, le dénonça au roi comme ayant avec la princesse un commerce criminel. Le monarque irrité fait venir un chaufournier, et lui commande de jeter dans son four celui qu'il enverra lui demander si ses ordres sont exécutés. Le page accusé reçoit ensuite la fatale commission. Il obéit ; mais, passant devant une
église, il y entre, entend une messe, puis une seconde, puis se livre à la prière. Le temps s'écoule ; le roi, impatient, envoie le délateur au chaufournier pour apprendre le succès de sa ruse. Le rustre, trompé, prend ce page et le jette dans le four. Ainsi périt l'accusateur au lieu de l'accusé.
Elisabeth avait eu de Denis deux
enfants : Alphonse, qui
succéda à son père, et Constance, qui fut mariée à
Ferdinand IV, roi de Castille. Alphonse ayant formé contre son père une conspiration, Elisabeth fut accusée de favoriser ses projets, et en conséquence exilée. Elle s'établit depuis médiatrice entre le père et le fils ; mais son opposition constante aux
vues grandes et libérales de Denis, et ses murs plus cénobitiques qui faisaient la satire continuelle de celles de la cour, ne permirent jamais qu'il régnât
entre les deux
époux une intime confiance. Après la mort de Denis,
arrivée en 1325, Elisabeth prit l'habit du tiers-ordre de saint
François,
et se retira au
monastère des
Clarisses, qu'elle avait fait bâtir à Coïmbre. Elle y passa le reste de ses
jours dans de continuelles mortifications, et mourut le 04
juillet 1336. Elle fut béatifiée par le pape
Léon X, en 1516, et canonisée par
Urbain VIII, en 1625. Sa fête est célébrée le 08
juillet. Les agiographes de cette princesse sont nombreux, mais on doit les lire avec circonspection. On compte parmi les principaux, Pierre Perpigniani, Jean Carillo, Jacques Fuligati, Jean Antoine de Vera y Zuniga et
François Freira, tous
jésuites, à l'exception de Carillo.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 12 - Page 363)