Saint Odilon, cinquième abbé de
Cluny, né dans l'Auvergne en 962, était fils de Bérault, surnommé
le Grand, seigneur de Mercur. Jeune encore, il embrassa la règle de
saint Benoît dans le
monastère de
Cluny, dont saint Maïeul était abbé. Ce dernier, qui l'avait déjà pris pour coadjuteur, mourut en 994, et Odilon malgré sa résistance se trouva chargé du gouvernement de la maison. Sa science et ses vertus lui concilièrent l'estime et la vénération des personnages les plus
illustres de cette époque, tels que Hugues
Capet, Robert et Henri Ier, rois de France ; Casimir, roi de Pologne, sainte Adélaïde, femme de l'empereur Othon le Grand.
En 1014, l'abbé de
Cluny accompagna à Rome
l'empereur saint Henri, lorsque ce prince alla s'y faire couronner, et il profita
de ce voyage pour visiter le célèbre
monastère du Mont-Cassin.
L'extrême bonté d'Odilon lui mérita le surnom de
débonnaire. Sa
charité envers les pauvres était si vive, que, durant une grande famine (1016), après avoir épuisé toutes ses ressources, il fit
fondre les vases sacrés de son
église afin de pouvoir continuer ses aumônes. On sait que, dans le
moyen-âge, les seigneurs étaient presque toujours en guerre les uns contre les autres ; il en résultait des pillages funestes. Pour mettre quelque frein à ces désordres, qu'il était impossible de réprimer complètement, on institua la
trêve de Dieu, espèce de suspension d'armes qui durait
depuis le mercredi soir jusqu'au lundi matin. Odilon, par ses exhortations, parvint
à le faire recevoir dans plusieurs provinces. Il n'employa le crédit
dont il jouissait qu'aux intérêts de la
religion et du prochain, jamais à son élévation personnelle. Il ne voulut point accepter
l'
archevêché de
Lyon, auquel l'appelèrent en 1034 les vux
du clergé et des habitants de cette ville ; il refusa, avec la même
humilité, le
pallium que le
pape Jean XIX lui avait envoyé.
Plein de zèle pour la propagation de son ordre, il fonda tant en France
et en Allemagne qu'en Italie, en Espagne et en Angleterre, un grand nombre de
monastères, où il fit fleurir les sciences et les lettres, qu'il
cultivait lui-même et qui, à cette époque, n'avaient guère
d'autre asile que les maisons
religieuses. Sous son administration, l'ordre de
saint Benoît et en particulier l'
abbaye de
Cluny accrurent encore leur réputation.
Saint Odilon est surtout connu pour avoir institué
la fête de la
Commémoration des morts, qu'il ordonna de célébrer annuellement le 02 novembre, dans toute l'étendue de sa juridiction
abbatiale, et qui ne tarda pas à être universellement adoptée. Ayant entrepris la visite de ses
monastères, il tomba malade au
prieuré de
Souvigny, en Bourbonnais ; et, après avoir reçu les sacrements, il expira sur un
cilice couvert de cendres le 1er
janvier 1049,
jour où l'
Eglise honore sa mémoire. Il était âgé de 87 ans.
On a de lui des
Sermons, des
Lettres, des
Poésies ; la
Vie de saint Maïeul, abbé de
Cluny, son prédécesseur, et la
Vie de sainte Adélaïde,
impératrice. Ces ouvrages ont été insérés par
dom Marrier et André Duchesne dans la
Bibliotheca Cluniacensis,
Paris, 1614, in-fol. On y trouve aussi deux Vies de
saint Odilon : l'une écrite par Lotsaud, son
disciple, et l'autre par le R. Pierre Damien,
cardinal, à la prière de saint Hugues, successeurs d'Odilon. Voyez pour plus de détails l'
Histoire littéraire de la France, tome 7, par D. Rivet.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 31 - Page 167)