Cet article a paru originellement dans le N°59 de la revue
Initiation et Science (Octobre-décembre 1963). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.
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Articles & Interviews Nous sommes tout à fait persuadés
que les si fantastiques
chaos rocheux de la
forêt de
Fontainebleau
attestent l'existence ancienne, dans tout le massif sylvestre,
d'un très important
centre magique et religieux
: comme sur l'extraordinaire plateau andin de Marcahuasi
[Note
de l'auteur : La Culture Masma, par Daniel Ruzo, Paris
(Geuthner), 1956 et 1959 (deux tirages à part de la revue
Ethnographie).], tous ces rochers aux formes
bien étranges et qui sont toujours disposés selon
des arrangements voulus, semblent bel et bien avoir été
utilisés à l'époque protohistorique par une
population inconnue qui y célébrait des mystères
rituels en liaison directe avec la marche périodique des
rayons du
soleil et de la
lune [Note de
l'auteur : Les civilisations inconnues, par Serge Hutin,
Paris (Arthème Fayard), 1961, pp 202-203.].
Certes, le simple
jeu automatique de l'érosion
permet au géologue de nous expliquer les formes tant fantastiques
de maints blocs rocheux ; nous n'en disconvenons pas. Mais devant
une telle accumulation (le coïncidences dans les formes animales,
humaines, etc., on est bien obligé estimons-nous
d'admettre que la main de l'homme s'est ingéniée
à parfaire ces fantaisies naturelles (d'une part en accentuant
encore les formes si étranges des rochers de grès,
de l'autre en déplaçant nombre d'entre eux pour
former des ensembles orientés désormais selon certaines
règles traditionnelles).
Un tel arrangement systématique (le
tout le site de
Fontainebleau doit être placé à
une époque suffisamment reculée (dix millénaires ou plus ?...) pour expliquer l'aspect
actuel des blocs rocheux, sur lesquels l'érosion postérieure
semble s'être à loisir exercée durant fort longtemps. De plus,
il est un fait significatif, qui confirme notre conviction : sous
toute la surface de la
forêt, et toujours en liaison étroite
avec les divers
chaos, court un très complexe dédale
de galeries souterraines qui ne peuvent avoir été
creusées que de main d'homme. Chose étrange, les
archéologues locaux, qui connaissent pourtant très
bien ce fait, n'ont pas encore du moins à notre
connaissance tenté l'étude sérieuse
de toutes ces galeries énigmatiques, que l'on pourrait
comparer à celles de
Naours, dans l'Oise.
Tous les promeneurs parisiens du dimanche
connaissent fort bien la caverne d'Augas, la plus grande de toute
la
forêt. Elle a, hélas, été de plus
en plus envahie par le sable amené par les
eaux de ruissellement,
et l'accès en est devenu maintenant très difficile.
Pourtant, nous sommes persuadés que l'exploration archéologique
de cette caverne réserverait bien des surprises : si, comme
il est plus que probable, les grottes et cavernes de la
sylve
bellifontaine complétaient, indiscutablement, le vaste
ensemble rituel constitué par les
chaos, la plus grande
d'entre elles ne pouvait que jouer un rôle central dans
les mystères célébrés autrefois dans
la prodigieuse
forêt d'Ile-de-France.
Avant la seconde guerre mondiale, quand l'ensablement
n'avait pas pris des proportions catastrophiques, les visiteurs
pouvaient encore voir, à l'intérieur de la caverne
d'Augas, deux grands rochers, le
crocodile et le
crapaud,
ainsi nommés (de manière fort juste) d'après
leur forme. Tout concorderait à faire de ces deux blocs
des sculptures sacrées le roc ayant été
agencé sur le sol de la caverne selon la forme de deux
"idoles", particulièrement importantes, du
panthéon
propre aux mystérieux hommes préhistoriques ayant
agencé jadis tout l'ensemble rituel des grès de
Fontainebleau. Notre ami Georges Gheorgiu, qui eut le privilège
de passer toute son enfance dans la région bellifontaine,
se souvient très bien d'avoir exploré, seul ou avec
ses petits camarades, de petites galeries souterraines qui, à
cette époque, étaient encore accessibles en partant
de la caverne d'Augas. Mais il s'agissait là de passages
extrêmement étroits, très difficiles d'accès,
même au prix de longues et bien hasardeuses reptations.
L'un des jeunes amis de Gheorgiu eut même un
jour la surprise
de déboucher, après avoir difficilement franchi
un inextricable
labyrinthe, dans une grande salle souterraine
voûtée, soutenue par des piliers et comportant une
sorte d'
autel ; cette découverte devait demeurer, hélas,
sans lendemain aucun des
enfants n'ayant pu retrouver,
par la suite, l'accès de cette salle, où devait
sans nul doute se jouer une partie décisive du rituel initiatique
des anciens c hommes de Fontainebleau». Malheureusement,
si l'exploration méthodique de la caverne d'Augas nous
livrerait sans doute la
clef du prodigieux mystère archéologique
(encore méconnu des savants officiels) de la
forêt
de
Fontainebleau, les fouilles y seraient longues et fort coûteuses
: avant toute possibilité de découverte, il faudrait
patiemment déblayer tout le sable et le volume en
est aujourd'hui énorme ayant fini par envahir la
presque totalité de la caverne.