Biographie universelle ancienne et moderne Arbogaste,
Gaulois d'origine, était l'un des principaux officiers de l'armée de Théodose, lorsqu'en 388, ce prince passa de Constantinople en Italie pour défendre Valentinien II contre l'usurpateur Maxime. Ce fut
Arbogaste qui surprit Maxime dans
Aquilée, et qui marcha ensuite dans les Gaules pour extirper les restes de la rébellion. Théodose, retournant à Constantinople, le laissa près de Valentinien pour l'aider de ses conseils et de ses services. Ses talents, son désintéressement et sa bravoure firent applaudir à ce choix ; mais l'habitude du pouvoir fit naître
l'ambition d'
Arbogaste, qui ne regarda plus Valentinien que comme son esclave. Ce prince, impatient du joug qu'on lui imposait, voulut trop tard réprimer l'orgueil d'
Arbogaste, et le priver de ses emplois : le fier
Gaulois refusa avec insolence d'obéir, s'empara de plus en plus de l'autorité, poursuivit ou fit périr les amis de Valentinien, qui fut obligé de recourir à l'appui de Théodose et à la médiation de
saint Ambroise.
Arbogaste, redoutant également l'un et l'autre, les prévint en faisant périr Valentinien, qui se trouvait à
Vienne en
Dauphiné. On croit que ce prince fut étranglé par des
eunuques.
Arbogaste n'osa avouer le crime ni en recueillir ouvertement le
fruit ; il choisit le
rhéteur Eugène pour porter le sceptre sous sa direction, et ce fut en son nom qu'il rechercha l'alliance de Théodose et l'amitié de
saint Ambroise. Cependant il marcha contre
Marcomir et Sunnon, chefs des
Francs, qu'il poursuivit sur les terres des Bructères et des Chamaves, aujourd'hui la Westphalie ; mais, sur le bruit des préparatifs que Théodose faisait contre Eugène et contre lui, il revint en Italie, où, appuyé de Flavien, consul et
pontife païen, il rétablit le culte des
idoles. Cependant Théodose approchait à la tête d'une armée nombreuse ;
Arbogaste et Eugène voulurent l'arrêter dans les défilés des Alpes Juliennes ; déjà l'empereur, après avoir forcé les passages, défait et tué Flavien, était parvenu sur les bords du Frigidus, aujourd'hui le Vipao, dans le comté de Gorice. La bataille se livra en 394. La première journée fut contraire à Théodose. Eugène et
Arbogaste triomphaient et s'apprêtaient à l'envelopper ; mais le lendemain le
ciel sembla tout à coup se déclarer pour l'empereur grec ; le courage et la piété du prince enflammèrent ses soldats ; un tourbillon de sable aveugla les troupes d'
Arbogaste, dont une partie mit bas les armes. Eugène fut pris et décapité ;
Arbogaste, après des prodiges de valeur, se sauva dans les
montagnes ; mais,
voyant qu'il ne pourrait échapper, il se tua de deux coups d'
épée.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Page 147)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Arbogaste, comte
gaulois, général des armées de Valentinien II, défit et tua Victor, fils de l'usurpateur Maxime (388). Nommé préfet du prétoire, il voulut exercer seul toute l'autorité, mais alors Valentinien le
dépouilla de ses charges. Il se vengea en faisant périr ce prince, proclama empereur un certain Eugène et chercha à mettre les Païens dans son parti, en relevant les autels des
faux
dieux ; mais il fut poursuivi par Théodose, vaincu près d'
Aquilée,
et réduit à se donner la mort (394). M. Viennet en a fait le héros
de sa tragédie d'
Arbogaste, 1841.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 101.