Saint Adalbert, évêque de Prague, né en 939, d'une famille noble de Bohême, étudia à Magdebourg, auprès de l'
archevêque Adalbert, dont il prit le nom. De retour à Prague, et sacré
évêque, il fit d'inutiles efforts pour corriger les murs du clergé de Bohême, qui le persécuta et le força à s'enfuir à Rome, où le
pape Jean XV le dégagea de ses obligations envers son
diocèse. Il entra alors dans un
couvent, où, par humilité, il faisait le service de la cuisine. Les Bohémiens le redemandèrent, et le peuple de Prague le reçut avec des transports de joie ; mais la corruption, toujours croissante, de son troupeau, l'en chassa encore : sa pieuse austérité s'accordait mal avec les vices des Bohémiens. Il se retira de nouveau à Rome ; l'
archevêque de Mayence se plaignit au pape de ce qu'Adalbert abandonnait son
église. La Hongrie venait de se convertir au christianisme ; l'
évêque de Prague se rendit auprès du prince Geysa, et prêcha l'
Evangile aux Hongrois, à l'aide d'un interprète. Il exerça le même ministère en Pologne, d'abord à Cracovie, et ensuite à Gnesen, ou il fut
archevêque. Mais son zèle, et peut-être l'inquiétude naturelle de son caractère, avaient besoin d'une tâche plus pénible et plus dangereuse : la Prusse était encore idolâtre ; la foi chrétienne n'avait jamais été prêchée à ses habitants ; il s'y rendit avec une faible escorte, et obtint d'abord les plus grands succès à Dantzig, alors Gédanie ; entrainé par son zèle, il aborda dans une petite île dont les sauvages habitants le reçurent fort mal. Le ton impérieux avec lequel il leur ordonna de quitter leurs
dieux excita leur indignation ; ils le saisirent et l'enchaînèrent ; ses
compagnons tremblaient : « Ne vous affligez pas, leur dit-il, qu'y a-t-il de plus glorieux que de mourir pour le Christ ? » Les barbares, offensés, le percèrent de coups de lance, à l'instigation de Sego,
prêtre païen ; et il obtint ainsi les honneurs du
martyre. Cet événement arriva en 997. Sa fête est célébrée le 29 avril. On l'appela l'
Apôtre de la Prusse. Le prince de Pologne Boleslas racheta son
corps pour une quantité d'or d'un poids égal. Il passe pour
l'auteur du chant guerrier
Boga-Rodzica, que les
Polonais ont coutume d'entonner
avant une bataille.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Page 139)