Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif féminin [Du latin barbare hommagium, fait de homo, homme] Jurisprudence féodale
Le devoir que le
vassal est tenu de rendre au seigneur dont son
fief relève.
Rendre l'
hommage. Faire la foi et
hommage. Etre reçu à rendre la foi et
hommage. Tenir à foi et
hommage.
La terre fut saisie faute d'
hommage rendu.
Donner une terre à la charge de l'
hommage, en se réservant l'
hommage.
Hommage : Figuré
Un jeune prince, aussi beau que l'Amour,
Enfant des dieux, par ses grâces exige
De tous les curs un juste hommage-lige.
(Du Cer.)
Hommage : Figuré
Soumission, vénération, respect.
Toutes les créatures doivent
hommage au Créateur, doivent lui
rendre hommage.
Rendre hommage aux vertus de quelqu'un. Un
hommage sincère. Adresser des
hommages à la Divinité. Rejeter, mépriser les
hommages de quelqu'un. Etre entouré d'
hommages.
Beck, qui s'était flatté d'une victoire assurée, pris et blessé dans le combat, vient rendre en mourant un triste
hommage à son vainqueur par son désespoir. (Boileau)
Il n'est pas jusqu'à l'erreur qui ne rende par là
hommage à l'ancienneté et à l'autorité de nos saintes Ecritures. (Mass.)
Je viens pour rendre
hommage aux cendres d'un héros. (Corneille)
Notre armée au cercueil eut mon premier
hommage. (Delav.)
Aux feux inanimés dont se parent les cieux
Il rend de profanes hommages.
(Racine)
Verra-t-on toujours tes caprices
Consacrés par les sacrifices
Et par l'hommage des mortels ?
(Jean-Baptiste Rousseau)
Hommage :
Se dit quelquefois des choses morales.
L'hypocrisie est un
hommage que le vice rend à la vertu. (La
Rochefoucauld)
La richesse jamais n'eut un droit légitime
De gagner notre amour, d'attirer notre estime,
Des parlements entiers, à la honte des lois
Ont vendu quelquefois leurs criminelles voix ;
Mais l'estime et l'amour, libres dans leurs suffrages,
A la seule vertu présentent des hommages.
(Du Resnel)
Rendre hommage à la vérité :
Dire, déclarer la vérité.
Rendre hommage de :
Reconnaître avec respect et reconnaissance quelqu'un pour auteur d'un bienfait.
Nobles génies, qui cultivez votre
esprit, et qui rendez à
Dieu, le seigneur des sciences, le premier
hommage de vos pensées. (Fléch.)
Hommage :
Don respectueux, offrande.
Faire hommage à quelqu'un d'une chose.
Faire hommage d'un livre.
Hommage de reconnaissance.
Daignez agréer ceci comme un
hommage de ma reconnaissance. Recevez l'
hommage de mon respect, de ma reconnaissance.
Hommage :
Soins empressés que l'on a auprès des femmes.
Recevoir les
hommages de mille adorateurs.
De ses vux dédaignez-vous l'
hommage ? (Corneille)
Orgueilleuse ! cet
hommage manquait à ses charmes. (Jean-Jacques Rousseau)
Je méprise l'hommage à mille autres offert,
Et ne veux point d'un cur de toutes parts ouvert.
(Racine)
Faire hommage de :
Offrir quelque chose comme preuve de respect, de reconnaissance.
Ne vous en souvenez
Que pour en faire hommage au pied d'un si grand homme.
(Corneille)
Que mon cur chez les morts emportant son image,
De son dernier soupir puisse leur faire hommage.
(Corneille)
Hommages : Substantif masculin pluriel
Devoirs, civilités.
Grands
hommages. Offrir ses
hommages. Présenter ses
hommages. Agréer, recevoir, mériter, obtenir refuser, rejeter les
hommages.
Je défie de trouver un moyen plus honorable d'aller à la fortune que les
hommages de l'estime. (Jean-Jacques Rousseau)
Elle recevait les
hommages qu'on lui rendait avec un visage aussi doux. (Fléch.)
Rendent-ils au sultan des
hommages sincères ! (Racine)
Il verra le sénat m'apporter ses
hommages. (Racine)
Les Grecs ont senti que, dans ces occasions, le cur a besoin de se répandre, et d'adresser des
hommages aux auteurs, du bienfait. (Barth.)
Ce respectable vieillard fut moins touché des
hommages que l'on rendait à ses vertus, que des honneurs que l'on décernait à son fils. (Barth.)
Hommage :
Se dit quelquefois des
animaux.
Il fit ses plaisirs les plus doux,
D'aller rendre souvent en son petit ramage,
A sa maîtresse une espèce d'hommage.
(***)
Hommage :
S'emploie quelquefois comme exclamation.
Hommage à la vertu !<
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 150.