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Les Aides invisibles

Charles Webster Leadbeater
© France-Spiritualités™






CHAPITRE VIII
Une histoire d'incendie

      Une autre expérience du même jeune Cyril est presque exactement semblable à certains récits, déjà publiés, cités au commencement de cet ouvrage. Cyril et son ami plus âgé s'en allaient, une nuit, au cours de leur travail ordinaire, quand, apercevant au-dessous d'eux la lueur intense d'un incendie considérable, ils se hâtèrent de descendre pour voir s'ils pouvaient se rendre utiles. C'était un hôtel qui brillait, un énorme caravansérail au bord d'un vaste lac. L'édifice, qui comprenait de nombreux étages, entourait une sorte de jardin et formait trois des côtés d'un rectangle dont le lac formait le quatrième. Les deux ailes allaient jusqu'au lac, les larges baies qui les terminaient surplombant presque l'eau, de manière à ne laisser de chaque côté qu'un passage fort étroit.

      La façade et les ailes étaient construites autour de puits intérieurs qui contenaient les cages en bois des ascenseurs. Dès le début, l'incendie se propagea donc avec une rapidité presque incroyable et, avant le moment où nos amis l'aperçurent au cours de leur voyage astral, tous les étages situés à mi-hauteur de chacun des trois grands bâtiments étaient en flammes. Les habitants, à l'exception d'un petit garçon, avaient heureusement été sauvés, bien que plusieurs eussent reçu de très graves brûlures et d'autres blessures.

      L'enfant avait été oublié dans une des chambres supérieures de l'aile gauche ; ses parents étaient au bal et ne se doutaient pas de l'incendie et, assez naturellement, personne ne pensa au petit garçon avant qu'il ne fût beaucoup trop tard. Le feu avait pris un tel développement dans les étages situés à mi-hauteur de cette aile qu'il n'y aurait rien eu à faire, même si l'on avait pensé à l'enfant, sa chambre donnant sur le jardin intérieur dont j'ai parlé. Aucun secours extérieur ne pouvait donc plus l'atteindre. En outre, il ne se doutait même pas du danger, car la fumée épaisse et suffocante avait si graduellement envahi la chambre que son sommeil, devenant de plus en plus profond, s'était presque changé en léthargie.

      Il fut trouvé dans cet état par Cyril, qui semble spécialement attiré par les enfants ayant besoin d'aide ou menacés par un danger. Cyril essaya d'abord, mais en vain, de rappeler aux habitants de l'hôtel l'existence de l'enfant. D'ailleurs, il semblait à peine possible qu'ils fussent parvenus à le secourir, et il devint bientôt évident que c'était là du temps perdu. Le plus âgé des deux aides matérialisa donc Cyril, comme il l'avait déjà fait, et lui dit de réveiller et de rappeler à lui l'enfant déjà presque inconscient. Cyril y parvint jusqu'à un certain point, non sans peine, mais l'enfant, pendant tout ce qui suivit, resta dans un état partiel d'étourdissement et d'inconscience, si bien qu'il fallut le pousser et le tirer, le guider et l'aider à chaque changement de direction.

      Les deux garçons, se traînant sur les mains, passèrent de la chambre dans le corridor qui parcourait toute l'aile. Là, voyant que la fumée et les flammes, commençant à traverser le plancher, rendaient le passage impossible pour un corps physique, Cyril ramena l'autre enfant dans la chambre, le fit sortir par la fenêtre et le plaça sur un rebord en pierre qui régnait tout le long, du bâtiment immédiatement au-dessous des fenêtres. Sur ce rebord il parvint à guider son compagnon, lui-même était à la fois appuyé sur ce rebord et flottant sur le vide, mais restait toujours en dehors de l'autre enfant, pour lui éviter le vertige et la peur de tomber.

      Presque au bout du bâtiment le plus rapproché du lac, direction où l'incendie semblait le moins avancé, ils rentrèrent, en escaladant une fenêtre ouverte, et se retrouvèrent dans le corridor. Ils espéraient trouver, à cette extrémité, l'escalier encore praticable, mais il était trop envahi par les flammes et par la fumée. Ils revinrent donc en arrière, en rampant le long du corridor. Cyril conseillant à son compagnon de maintenir la bouche près du plancher. Ils atteignirent ainsi la cage à claire-voie de l'ascenseur occupant le grand-puits placé au centre du bâtiment.

      L'ascenseur naturellement était en bas, mais ils parvinrent à descendre par le treillis intérieur de la cage jusqu'à ce qu'ils se trouvassent sur le toit de l'ascenseur lui-même. Là ils se virent bloqués, mais Cyril découvrit heureusement une porte donnant de la cage de l'ascenseur dans une sorte d'entresol situé juste au-dessus du rez-de-chaussée. Par cette issue ils gagnèrent le corridor, le petit garçon étant à moitié asphyxié, puis ils traversèrent une des chambres en face et, finalement, sortant par la fenêtre, se trouvèrent sur le haut de la véranda qui régnait d'un bout à l'autre du rez-de-chaussée, le séparant du jardin.

      De là, il était assez facile de descendre, en se laissant glisser le long d'un des piliers, et d'atteindre le jardin. Mais ici même la chaleur était intense et le danger y eût été extrême quand les murs seraient tombés. Cyril tenta donc de conduire son protégé au bout d'une des ailes, mais, sur ces deux points, les flammes avaient fait irruption, et ces passages étroits que surplombait le bâtiment étaient complètement impraticables. Enfin ils se réfugièrent dans un des canots amarrés à des marches descendant d'une sorte de quai, situé au bout du jardin, jusque dans l'eau, et, détachant l'embarcation, s'éloignèrent du rivage en ramant.
Cyril aurait voulu gagner à l'aviron l'autre côté de l'aile en flammes et y faire débarquer l'enfant qu'il avait sauvé ; mais, à peine étaient-ils partis, qu'ils furent rencontrés par un bateau à vapeur faisant le service du lac et aperçus, car la lueur de l'hôtel incendié illuminait toute cette scène, et chaque objet se voyait comme en plein jour. La bateau à vapeur accosta le canot pour prendre à bord les enfants, mais l'équipage, au lieu des deux garçons qu'on avait vus, n'en trouva plus qu'un. L'ami plus âgé s'était hâté de faire reprendre à Cyril sa forme astrale, en dissipant la matière plus dense qui lui avait momentanément servi de corps physique. Cyril était donc de nouveau invisible.

      On fit naturellement des recherches, mais sans trouver trace du deuxième enfant. On en conclut –qu'il était tombé à l'eau et s'était noyé, au moment où le canot était accosté. L'enfant qui avait été recueilli s'évanouit dès qu'il fut à bord et en sûreté ; on ne parvint donc à obtenir de lui aucune explication et, en reprenant connaissance, il ne put dire qu'une chose, c'est qu'il avait vu l'autre garçon au moment où le vapeur approchait et qu'il ne savait rien de plus.

      Le bateau à vapeur avait pour destination une localité située plus loin au bord du lac, mais à deux jours de route ; aussi se passa-t-il une semaine environ avant que l'enfant recueilli pût être rendu à ses parents qui, bien entendu, supposaient qu'il avait péri dans les flammes. On tenta de leur suggérer mentalement que leur fils était sauvé, mais ce fut impossible. Le lecteur peut donc se figurer avec quelle joie ils le retrouvèrent.

      L'enfant est aujourd'hui heureux et en bonne santé et ne se lasse pas de raconter sa merveilleuse aventure. Il a bien souvent regretté la mort mystérieuse de son bon ami, survenue au moment même où tout danger semblait passé. A vrai dire, il a bien essayé d'insinuer que son ami n'avait peut être pas péri, que c'était peut-être un prince de fées ; mais, naturellement, cette idée ne provoqua chez les personnes plus âgées que des sourires de supériorité indulgente. Le lien karmique unissant l'enfant à son sauveteur n'a pas encore été trouvé, mais il en existe certainement un quelque part.




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