Euric ou
Evaric, roi des
Wisigoths, fit poignarder son
frère
Théodoric, à
Toulouse, fut proclamé roi à sa place
en 465, et s'empara d'une partie des Gaules, à la tête d'une armée
nombreuse ; mais il échoua devant la ville de
Bourges. En habile politique,
Euric profita du moment où les Romains, divisés, avaient peu de
troupes en Espagne, pour passer les
Pyrénées ; il surprit Pampelune
et Saragosse, mais
Tarragone ne lui ouvrit ses portes qu'après un long
siège : le vainqueur, irrité, la fit raser entièrement. Les
habitants de cette partie de l'Espagne se réunirent en vain pour s'opposer
à l'irruption des
Goths ; ils furent vaincus en bataille rangée.
Maître de la Catalogne et de
Valence,
Euric poursuivit sa marche victorieuse,
et entra en Andalousie par Carthagène. Toute l'Espagne se soumit, à
l'exception de la Galice, occupée par les
Suèves. L'ambition d'
Euric
ne fit qu'augmenter avec sa puissance ; il repassa les
Pyrénées,
ravagea de nouveau la Gaule, prit
Bourges et
Clermont. Devenu le plus puissant
monarque de l'
Europe, il vit arriver à sa cour des ambassadeurs de toutes
les nations pour solliciter son appui, et il contraignit Odoacre, qui occupait
alors le trône des derniers Césars, de lui abandonner ses droits
sur l'Espagne et sur les Gaules. Fier de ce nouveau titre, le monarque
wisigoth
entra en
Provence à la tête de 100.000 hommes, prit
,
Arles
et toutes les villes des bords du Rhône.
Euric défit aussi les
Bourguignons
; il mourut à
Arles en 484, douze années après avoir conquis
l'Espagne.
Ce prince fut le plus grand guerrier de son siècle
; il sut plus que vaincre, il sut régner : aux anciennes lois dont il fit
un recueil, il en ajouta de nouvelles, et fit connaître à ses sujets
les douceurs de la civilisation. Telle fut son
influence sur les princes de son
temps, que le roi de Perse eut recours à la sagesse de ses conseils, et
que Rome, si longtemps l'arbitre du monde, fut trop heureuse de se concilier sa
faveur.
Euric avait embrassé l'
arianisme, et on lui reproche d'avoir persécuté les
catholiques qui suivaient les décisions du
concile de Nicée.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 13 - Page 195)