Biographie universelle ancienne et moderne Louis V, roi de France, fils de Lothaire II et de la reine Emma, a été surnommé
le Fainéant, suivant l'usage des flatteurs d'une dynastie régnante à l'égard des derniers rois de celle qu'elle a détrônée. Il mérite d'autant moins ce honteux surnom qu'il donna des preuves de courage et d'activité au siège de
Reims,
et que pendant la courte durée de son règne il n'eut pas un seul instant de repos.
Son père l'avait associé à la
couronne ; précaution fort sage, et que Lothaire avait d'autant plus de raison de prendre qu'il connaissait toute l'ambition de
Hugues-Capet.
A la mort de Lothaire II, arrivée le 02 mars 986, Louis fut salué roi par une partie des seigneurs à l'âge de vingt ans et couronné à
Compiègne. La reine mère n'ignorait pas les projets suivis depuis longtemps par la famille de
Hugues-Capet, et le crédit dont jouissait ce seigneur ne pouvait que l'alarmer ; elle forma la résolution de se faire un appui de la veuve de l'empereur Othon Ier, son aïeule, princesse si respectée de ses contemporains qu'ils l'appelaient la mère des rois. Emma conçut même le dessein d'emmener le jeune Louis à la cour impériale, pour le soustraire entièrement aux entreprises de ses
ennemis ; mais, soit que Louis crût au bruit répandu à l'occasion de l'empoisonnement de son père, dont les
ennemis de la famille royale accusaient Emma, soit qu'il fût assez faible pour craindre cette vertueuse princesse, il s'en sépara brusquement ; et, par cette
division, il fournit à ses
ennemis secrets le plus grand avantage qu'ils pussent désirer.
Il mourut le 21 mai 987, après un règne d'un an et quelques mois, empoisonné par la reine Blanche, sa femme, disent quelques
historiens (1). Louis ne laissa pas d'
enfants, et le trône aurait appartenu à Charles, son oncle, fils de
Louis d'Outre-mer et
duc de la basse Lorraine, s'il y avait eu la cette époque d'autres droits que ceux de la
force ou de l'adresse. Les voix se réunirent en faveur de
Hugues-Capet, le plus puissant seigneur du royaume : et en lui commença la troisième dynastie. Sous les derniers rois de la seconde race, la France, dont la domination s'était étendue jusqu'à la mer Baltique et à la Dalmatie, perdit une grande partie de son ancien territoire ; le trône fut avili, toutes les provinces devinrent des souverainetés, et la
tyrannie la plus odieuse s'établit sous le nom de
féodalité. Ces princes ne manquèrent cependant ni de courage ni de capacité : mais l'usurpation de Pépin avait
rendu le trône électif, donné au clergé une
influence sans bornes sur les grands intérêts de l'Etat ; et
Charlemagne n'ayant pas lié la
couronne impériale à la
couronne de France, ayant laissé ses conquêtes se
diviser à l'
infini par héritages, il résulta de toutes ces causes un désordre qui s'étendit sur l'
Europe entière, et qui ne cessa en France qu'au moment où, la faiblesse des domaines royaux n'en permettant plus le partage, l'indivisibilité du royaume s'établit au profit d'une dynastie nouvelle. La famille des
Carlovingiens a régné en France 237 ans, et a fini, dans les trois parties de l'empire de
Charlemagne, par trois princes portant le nom de Louis, savoir : Louis II, empereur en Italie ; Louis III, roi de Germanie ; Louis V, en France.
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(1) On ne trouve cette accusation
d'empoisonnement contre la reine Blanche que dans le président Hénault et d'autres
historiens modernes qui, pour la rendre plus vraisemblable, ajoutent que cette princesse avait de l'aversion pour son mari. Ces deux assertions ne sont pas plus prouvées l'une que l'autre. Blanche était fille d'un seigneur du midi de la France que l'on croit être un comte d'Auvergne. Louis l'avait épousée n'étant encore âgé que de quinze ans.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 25 - Page 413)