Biographie universelle ancienne et moderne Jacques V, roi d'Ecosse, fils du précédent, n'était âgé que d'un an et cinq mois à la mort de son père. La reine avait été investie de la régence par le testament de Jacques IV ; ce qui fut confirmé par les états, mais c'était à condition qu'elle ne se remarierait pas. Elle se hâta de conclure la paix avec l'Angleterre, et, quelques mois après, épousa Douglas, comte d'Angus, qu'elle essaya de faire associer à son autorité. La crainte de donner trop de pouvoir à une famille déjà puissante engagea les chefs des principales maisons à jeter les yeux, pour la régence, sur le
duc d'Albany, fils du
frère de Jacques III, qui était né en France, où il avait toujours résidé. Etranger aux affaires du royaume qu'il devait gouverner, il fut obligé de consulter des hommes qui lui firent partager leurs haines particulières. Persuadé que lord Home, le plus puissant des pairs qui avaient échappé à la bataille de Flowden, et le comte d'Angus étaient les
ennemis de l'autorité royale, il fit mettre à mort le premier, qui cependant avait contribué à l'appeler à la régence, mais qui depuis s'était opposé à plusieurs de ses mesures, et fit bannir le second, qui se retira en Angleterre avec la reine. Des troubles sérieux furent le résultat de ces mesures violentes ; Henry VIII, pour affaiblir le pouvoir du régent et du parti français, encouragea les mécontents et leur promit son secours. Le régent marcha contre l'Angleterre avec une armée composée en partie de troupes françaises, et commença les hostilités ; les nobles refusèrent de le seconder : il se désista de son entreprise et partit pour la France, afin d'en ramener des renforts. Il laissait l'Ecosse assez tranquille : son absence, qui dura cinq ans, la livra de nouveau à toutes les horreurs de l'
anarchie. La reine et son
époux revinrent ; la
discorde ne fit que s'accroître. Le régent reparut : quoiqu'il fût soutenu par les troupes de France, les nobles bravèrent son autorité. Il les conduisit une seconde fois sur les frontières d'Angleterre : ils refusèrent absolument d'y entrer, sans vouloir écouter ni ses menaces ni ses prières. Vivement atfecté de ces marques de mépris réitérées, le
duc d'Albany retourna en France et n'en revint plus.
Jacques était alors dans sa treizième année : les nobles décidèrent qu'il prendrait en main les rênes du gouvernement, et que huit conseillers l'aideraient tour à tour dans l'administration des affaires publiques. Le comte Angus, qui était du nombre, ne tarda pas à s'emparer de tout le pouvoir, et gouverna seul au nom du roi. Il était maître de la personne de ce prince ; mais il n'avait pu acquérir son affection. Trompant la vigilance des surveillants qui l'entouraient, Jacques s'échappa de Falkland, où il était retenu, et s'enfuit au château de Stirling, lieu de la résidence de sa mère, qui s'était brouillée avec Angus. Une foule de nobles accourut auprès de lui. Angus arma ses
vassaux ; mais trop faible pour lutter contre le roi, qui l'avait fait condamner par le parlement comme coupable de lèse-majesté, il fut obligé de chercher un asile en Angleterre.
Jacques, parvenu à sa majorité et à la jouissance de l'autorité royale, s'occupa de réprimer les désordres qui désolaient ses Etats, et d'abaisser les nobles.
Voyant bien que la
royauté n'était pas assez forte pour contre-balancer l'aristocratie, il crut pouvoir compter sur l'assistance du clergé pour l'exécution de ses desseins. Les principaux emplois furent, en conséquence, donnés à des ecclésiastiques et à des personnes tirées de la
bourgeoisie. Le
cardinal Beaton,
archevêque de St-André, que le roi investit de sa confiance, était un homme d'un génie supérieur. Tous les ministres de Jacques le servirent avec ardeur et
fidélité ; mais ils poussèrent leur zèle trop loin, et quelques-uns de leurs actes peuvent être taxés de cruauté. La noblesse, qui observait avec chagrin le but de toutes les démarches du roi, cachait son dépit.
Voyant son royaume tranquille, Jacques avait songé à se marier. Henry VIII lui proposa sa fille
Marie, lui promettant en même temps de le faire nommer
duc d'
York, et déclarer son héritier présomptif. Le roi d'Ecosse, doutant de la sincérité de ces offres, et cédant aux conseils du clergé, ainsi qu'à son penchant particulier, préféra une alliance avec une princesse française. Instruit d'ailleurs du danger qui menaçait
François Ier, par l'
invasion des Autrichiens en
Provence, il envoya des troupes à son secours, et se rendit sur le continent. Il rencontra
François à
Lyon, et lui demanda sa fille
Madeleine : elle lui fut d'abord refusée, à cause de sa santé délicate ; il insista, l'épousa en 1556, et l'emmena en Ecosse, où elle mourut peu de temps après son arrivée. Trois ans après, il donna sa main à
Marie,
duchesse douairière de
Longueville et fille du
duc de
Guise, qui avait aussi été demandée par Henry VIII.
Cependant, l'orage grondait sur la tête de Jacques. Henry, sachant que le pape et l'empereur recherchaient l'amitié du roi d'Ecosse, qu'ils sollicitaient de s'allier avec eux contre l'Angleterre, voulut détourner les effets de ces négociations, surtout dans un moment où il craignait du trouble dans son royaume : il fit donc proposer à Jacques une entrevue à
York, et se transporta même dans cette ville. Jacques avait d'abord promis de s'y rendre ; mais le clergé, qui redoutait le résultat d'une conférence entre les deux monarques, parvint à faire différer ce voyage, et ensuite engagea le roi à s'y refuser. Henry, outré de cet affront, ainsi que du mépris que Jacques avait montré pour des livres qu'il lui avait envoyés, déclara la guerre à l'Ecosse en 1542, et fit marcher contre ce pays une armée commandée par le
duc de Norfolk. Jacques, de son côté, après avoir essayé vainement d'apaiser la colère de son oncle, leva des troupes. A ses ordres, la noblesse assemble ses
vassaux, mais dans les mêmes dispositions qui avaient animé ses ancêtres sous Jacques III. La disette, la rigueur de la saison et la nouvelle de l'approche du roi d'Ecosse avaient engagé les Anglais à repasser la Tweed et à rentrer dans leur pays. Jacques pensa qu'il pourrait les attaquer avec avantage dans leur retraite, et donna le signal de la marche. Les principaux
barons refusèrent d'obéir. Piqué de cette insulte, et craignant quelque conspiration contre ses ministres, il licencia cette armée de mutins, qu'il accabla de reproches, et rentra dans son royaume. Avec les
forces qui lui restaient, et celles que mirent sur pied les nobles des provinces voisines des frontières, il résolut d'attaquer les Anglais : l'armée venait de passer le golfe de Solway ; il la suivait de près. Par suite de son aversion pour les nobles, et de la jalousie que leur pouvoir lui inspirait, il ôta le commandement à lord Maxwell pour le donner à Olivier Sinclair, son favori. Aussitôt que ce nouveau général parut, l'indignation étouffa tout autre sentiment, et l'armée entière se mutina. Un
corps de cinq cents Anglais, qui s'aperçut de ce désordre, en profita, et attaqua les Ecossais ; ceux-ci, au nombre de dix mille, mirent bas les armes au premier choc : très-peu cherchèrent leur salut dans la fuite.
A la nouvelle de ce désastre sans exemple, Jacques prévit tout ce qu'il avait à redouter d'hommes qui sacrifiaient même l'
amour de la patrie à leur haine particulière. Une sombre mélancolie succéda aux transports de sa rage. Il refusa toute espèce de consolation, et s'abandonna au désespoir. Les effets en furent si prompts que bientôt l'on désespéra de sa vie. Dans ces tristes moments, on lui annonça que la reine venait d'accoucher heureusement : « Est-ce d'un garçon ou d'une fille ? D'une fille, répondit-on. Eh bien, répliqua-t-il en se retournant dans son
lit, la
couronne est entrée dans ma famille par une femme, elle en sortira de même. Que de malheurs vont accabler ce pauvre royaume ! Henri s'en emparera par la
force des armes ou par un
mariage. » Quelques
jours après, le 05 décembre, il mourut.
Ce prince, doué de beaucoup de talents et de vertus, était bien propre à réprimer les désordres qui déchiraient son royaume : il avait malheureusement affaire à des
ennemis trop puissants, soit au dedans, soit au dehors. Les nobles et les
protestants ont essayé de noircir sa mémoire ; mais, suivant le témoignage de Hume, ils n'ont pu former contre lui une seule accusation grave. Jacques V aimait et cultivait les lettres : on lui attribue des ballades et d'autres petites pièces, qui se distinguent par une versification aisée ; on les trouve dans un Recueil de poèmes écossais intitulé l'
Evergreen. La fille unique qu'il laissa, âgée de quelques
jours, fut l'infortunée
Marie Stuart.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 20 - Pages 492-493)
Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géographie Jacques V, roi d'Ecosse, fils de
Jacques IV d'Ecosse, né en 1512, mort en 1542, régna sous la tutelle de sa mère, puis sous celle du comte d'Albany, neveu de
Jacques III d'Ecosse. Il s'affranchit de la domination insolente des Douglas, gouverna avec fermeté, rétablit l'ordre dans le pays des frontières, protégea les bourgeois, la marine, les beaux-arts, et repoussa tous les efforts de Henry VIII, qui voulut le détacher de l'
Eglise romaine. Il resta l'allié de
François Ier, épousa sa fille
Madeleine, 1536, puis, en 1539,
Marie de Lorraine, fille de Claude de
Guise. Henry VIII lui déclara la guerre en 1542 ; Jacques, abandonné par les nobles, n'éprouva que des revers. La mort prématurée de ses deux fils le jeta dans le désespoir ; il mourut au château de Falkland, peu de temps après la naissance de sa fille,
Marie Stuart.
Louis Grégoire, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géographie, nouvelle édition (1880), p. 1045.
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Jacques V, fils de
Jacques IV d'Ecosse, n'avait qu'un an à la mort de son père (1513). Il prit les rênes du gouvernement à l'âge de 13 ans, et se ligua avec
François Ier, roi de France, contre Charles-Quint.
François Ier lui donna en
mariage Madeleine, sa fille aînée (1536). Après la mort de cette princesse, Jacques épousa
Marie de Lorraine, fille de Claude,
duc de
Guise (1539), dont il eut
Marie Stuart.
Jacques mourut en 1542, laissant la
couronne à
Marie Stuart. C'était un prince vertueux, ami de la paix et de la
religion.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 945.