Ce nom, qui s'est écrit et prononcé de ces différentes manières, paraît être aussi le même que celui d'
Albert, puisque la place Maubert est nommée ainsi parce qu'
Albert le Grand, ou maître Aubert y donnait ses leçons, et il a été très commun dans toutes les parties du royaume, dès les premiers temps de la monarchie. Deux
évêques qui l'ont porté ont mérité, par leurs vertus, d'être mis au rang des saints.
Le plus ancien fut
évêque de
Cambrai et d'
Arras, en l'an 683. Ces deux sièges étaient réunis à cette époque. Il fut honoré de la confiance de Dagobert, et mourut en 688. Il fonda plusieurs
abbayes, entre autres celle de St-Ghilain, près de
Mons, dans le Hainaut, et celle de St-Vanst à
Arras. Après sa mort, on en consacra deux autres sous son invocation dans ces deux villes ; son
corps fut déposé dans celle de
Cambrai, et celle d'
Arras devint une des principales
paroisses de cette ville. Sa fête a été placée au 13 décembre, anniversaire de sa mort.
Mabillon a publié sa vie dans le tome 2 des
Acta Sanctorum ord. S. Benedicit.
Le second
saint Aubert occupa le siège d'
Avranches au commencement du VIIIème siècle, et il en fut le dixième
évêque ; il s'est rendu célèbre par la fondation du
Mont St-Michel. Suivant l'usage de ces temps, on a répondu beaucoup de merveilleux sur les motifs qui l'y déterminèrent. On a dit, entre autres choses, qu'un
esprit céleste apparut pour lui ordonner de construire un temple, en son nom, sur la pointe d'un rocher situé au milieu de la mer, et qui se nommait alors le mont de la
Tombe. Le saint, jugeant la chose impossible, ne put se résoudre à l'entreprendre : ce ne fut qu'à la troisième apparition que, convaincu de la puissance de l'
archange, par une punition que celui-ci lui infligea, il se mit enfin en devoir d'obéir, et que, surmontant toutes les difficultés, il parvint
à bâtir un oratoire dans le lieu indiqué, qui devint bientôt
célèbre sous le nom de St-Michel en péril de la mer.
Saint Aubert y établit d'abord des
chanoines ; mais ceux-ci s'étant relâchés,
on les remplaça en 976 par des
bénédictins, qui y sont restés
jusqu'à la Révolution.
On a raconté des détails encore plus merveilleux sur cet événement ; mais on doit remarquer qu'ils sont exactement les mêmes que ceux qu'on a attribués à la fondation de St-Michel du mont Gargan, maintenant mont St-Ange, faite plus d'un siècle avant celle-ci. Cette conformité suffit pour les faire reléguer parmi les fraudes pieuses que l'
ignorance inventait alors. Il est probable que
saint Aubert, animé de l'
esprit sage qui avait dirigé les premiers apôtres, chercha à sanctifier
des usages superstitieux, restes du
paganisme ou du druidisme, en leur donnant une direction plus pure ; et il suivit, pour y parvenir, une coutume assez généralement établie dans toute la chrétienté, celle de consacrer à
saint Michel les lieux élevés qui, sous le
paganisme, l'avaient presque tous été à
Mercure. Ce nouveau St-Michel devint en
peu de temps l'objet d'un
pèlerinage très accrédité. Le
corps de
saint Aubert y fut déposé après sa mort ; mais il fut oublié pendant plus de 300 ans. Ayant été alors découvert
par une révélation, cette
relique renouvela la faveur des
pèlerins,
parmi lesquels on a compté les personnages les plus
illustres.
Louis XI
fut de ce nombre, et ce fut ce qui le détermina à établir
l'Ordre de St-Michel, en 1469. La fête de
saint Aubert a été
fixée au 26
juin, anniversaire de la découverte de son
corps.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Page 374)