Alpaïde, dont la beauté a été célébrée par les anciens
historiens français, donna le
jour à
Charles-Martel, et se trouve ainsi l'aïeule de Pépin, premier roi de France de la seconde race, sans qu'on puisse affirmer qu'elle ait été l'
épouse légitime de Pépin d'
Héristal. Ce
maire du palais, qui prépara avec tant d'habileté l'élévation de sa famille, était marié à
Plectrude, dont il avait des
enfants. La trouvant trop vieille, il s'en sépara, et prit avec lui
Alpaïde, à laquelle les anciennes chroniques donnent le titre de concubine ; titre qui n'était pas alors déshonorant, puisqu'il désignait une femme d'une origine trop obscure pour l'associer publiquement aux dignités dont on était revêtu, mais que cependant on épousait à de certaines conditions, et dans des formes consacrées par l'usage. Luther a rendu aux princes
protestants d'Allemagne cette faculté étrange, dans les murs chrétiennes, d'avoir à la fois plusieurs épouses, et la réformation, sous ce rapport, tendait à ramener la civilisation aux temps que l'
histoire regarde, avec raison, comme barbares. L'
évêque de
Liège, Lambert, ayant refusé de reconnaître l'union de Pépin et d'
Alpaïde, on prétend que cette femme le fit assassiner, et que le
ciel vengea la mort de l'
évêque par une maladie qui couvrit de vers le
corps de l'assassin, et le força à se précipiter dans la Meuse, pour finir les tourments auxquels il était livré. Ce mal des vers était alors assez commun, et, en quelque façon, épidémique. A la mort de Pépin d'
Héristal,
Alpaïde, pour se soustraire au ressentiment de
Plectrude, qui s'empara de l'autorité, se retira dans un
monastère, près de Namur, où elle finit ses
jours.
Son fils,
Charles-Martel, échappa à
Plectrude, et, par son courage, succéda bientôt aux dignités et au pouvoir de son père.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Page 516)