Dom Antoine-Joseph Pernéty Les Philosophes ont un calcul différent du
calendrier vulgaire, quand il s'agit de compter leurs années, leurs mois, leurs semaines et leurs
jours. Ils comparent le temps qu'il faut pour parfaire l'uvre à
l'année commune, parce qu'ils partagent leurs opérations en quatre temps, comme l'année commune en quatre saisons. Ils ont adopté les mêmes
dénominations, et on les trouvera expliquées dans leurs articles.
Philalèthe dit que les Sages réduisent les années en mois, les mois en semaines, et les semaines en
jours ; mais cette réduction n'est pas encore une règle générale, suivant laquelle on doit s'imaginer que les Philosophes travaillent, puisque l'
Adepte, qui fit la projection devant Helvétius le père, lui dit que l'uvre pouvait se faire en quatre
jours. On peut consulter là-dessus le
Vitulus Aureus du même Helvétius.
Philalèthe fait même remarquer qu'il faut entendre
cette réduction de l'année, de la médecine du troisième ordre, et même de l'année philosophique. C'est dans le même sens
qu'il faut expliquer Pline, lorsqu'il dit, que l'année philosophique est le mois commun ; il fallait
ajouter philosophique.
D'autres disent que l'année philosophique est de sept ans et
neuf mois. Au bout des trois premières années le mercure ou vinaigre philosophique devient médecine ; après cinq ans, le mercure ne l'est plus, c'est la terre feuillée ; et sept ans expirés parfont le magistère et la médecine universelle, auquel temps il faut encore
ajouter neuf mois pour l'
élixir ou poudre de projection.
On peut dire, en général, que l'année des Philosophes n'est pas déterminée par le nombre des
jours. Si l'
agent ou le
feu philosophique est bien
administré suivant les règles de l'art, l'uvre sera plus tôt finie. Mais quelque nombre de
jours que l'on emploie, l'année
Hermétique sera toujours complète, parce qu'elle aura eu ses quatre saisons. L'
hiver qui est le commencement de l'uvre, dure jusqu'après la putréfaction ; le printemps commence lorsque la matière sortant de la putréfaction se volatilise, et passe de la
couleur noire à la blanche ;
l'été dure depuis que la
couleur blanche se change en
couleur orangée jusqu'au rouge de
rubis. Alors c'est l'
automne, temps où l'Artiste recueille les
fruits de ses travaux.
Ainsi, quand les Philosophes disent qu'il faut trois ans pour parfaire l'uvre, ils ont raison dans leur sens ; mais il ne faut pas l'entendre
de trois années vulgaires : c'est des trois opérations requises : la première, pour faire leur soufre ou minière du
feu ; la seconde, pour la pierre ou l'
élixir ; la troisième, pour la multiplication : et comme on peut répéter la multiplication jusqu'à sept fois, quelques-uns ont dit qu'il fallait neuf ans, d'autres douze. Ce qui ne doit s'entendre que de la
réitération de chaque opération ; puisque Morien nous assure que la seconde est une répétition de la première.
Philalèthe a nommé les trois premières opérations, les médecines du premier, du second et du troisième ordre de Géber. Voyez
Temps.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.