Biographie universelle ancienne et moderne Pierre Barbo, pape sous le nom de Paul II, Vénitien, successeur de Pie II, fut élu le 31 août 1464, à l'âge de quarante-huit ans. Il était neveu d'Eugène IV, qui l'avait successivement fait
archidiacre de
Bologne,
évêque de Cerrie, protonotaire
apostolique, et enfin
cardinal. Il y avait eu dans le conclave qui précéda son élection deux règlements pour la réforme, que Paul II avait fait serment d'exécuter, et qu'il parut négliger. Il ne songea qu'au projet formé de combattre les Turcs. Il chargea trois
cardinaux de conférer avec les princes d'Italie, à l'effet d'obtenir des subsides pour cette expédition contre les infidèles.
Son dessein était de les engager à une contribution proportionnelle, dont le montant aurait été confié au roi de Hongrie, comme le premier exposé au danger. Les ambassadeurs répondirent qu'ils n'avaient point d'ordre. Ferdinand, roi de Naples, promit quelques secours, si on voulait lui remettre les cens qu'il devait au
saint-siège. D'autres firent des offres semblables, à des conditions plus ou moins onéreuses, et les négociations restèrent ainsi sans résultat.
Dans la même année 1465, Paul tint deux consistoires, où l'on traita la question des expectatives et des commendes. On déclama beaucoup contre les abus ; mais ils ne furent point abolis. En 1467, Paul acheva le beau palais de St-Marc, et, se
voyant libre et tranquille, fit célébrer à Rome des
jeux magnifiques, contre lesquels le
cardinal de
Pavie se permit des remontrances assez vives, sans songer peut-être que le souverain temporel d'un grand peuple peut suivre son penchant à des actes de munificence envers ses sujets, sans blesser les devoirs imposés au caractère
religieux du
pontife.
Paul II termina ensuite une affaire plus importante : ce fut la réunion de tous les princes d'Italie, à laquelle il travaillait depuis le commencement de son règne, avec un zèle qui n'avait point été rebuté par les obstacles. Ce pape reçut, vers le même temps, avec de grands honneurs, l'empereur Frédéric III, qui fit un voyage à Rome : l'empereur reçut de sa main une
épée bénite, entendit la messe, où il
lut l'
évangile, revêtu d'une aube et d'une tunique, et communia avec une partie de l'hostie consacrée.
Paul II mourut frappé d'apoplexie, la nuit du 25 au 26
juillet 1471, sans qu'on pût lui procurer aucun secours. La veille, il avait tenu un consistoire où il avait parlé avec beaucoup de présence d'
esprit.
Son pontificat dura environ sept ans. La plupart des auteurs l'ont peint comme un grand politique, magnifique dans son extérieur, et mettant dans toutes ses actions beaucoup d'éclat et de noblesse. Quelques-uns, et les
protestants surtout, ont ajouté qu'il pleurait avec une extrême facilité, et qu'il avait recours aux larmes quand il manquait de bonnes raisons pour persuader. Cette faiblesse parait inconciliable avec la dignité et la fermeté de son caractère. Ce fut Paul II qui donna la pourpre aux
cardinaux. C'est à lui que finit l'
histoire de Platine et que commence l'ouvrage de Panvinio, son continuateur. On a conservé de ce pape quelques lettres et ordonnances. On lui attribue des règles de chancellerie. Sa
Vie, par Mich. Canensio, a été publiée par le
cardinal Quirini, Rome, 1740, in-4°, et l'éditeur y a joint une apologie :
Vindiciæ adversus Platinam, aliosque obtrectatores. Paul II eut pour successeur
Sixte IV.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 32 - Pages 280-281)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Le
pape Paul II,
Pietro Barbo, pape de 1464 à 1471, était Vénitien et neveu d'Eugène IV. Il excommunia le roi de Bohême, George Podiebrad, qui favorisait les
Hussites, et donna ses Etats à Matthias Corvin, mais il prêcha en vain la
croisade contre les Turcs. Il restaura les anciens monuments de Rome.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 1444.