Pierre Commelin Daphnis, berger de
Sicile, fils de
Mercure
et d'une nymphe, apprit de
Pan lui-même à chanter et
à jouer de la flûte, et fut protégé des
Muses qui lui inspirèrent l'
amour de la
poésie. Il
fut le premier, dit-on, qui excella dans la
poésie pastorale.
Avant lui, les bergers menaient une vie sauvage ; il sut les civiliser,
leur apprit à respecter et à honorer les
dieux ; il
propagea parmi eux le culte de
Bacchus qu'il célébrait
solennellement. Remarquable par sa beauté et sa sagesse,
il était à la fois chéri des
dieux et des hommes.
A sa mort, les nymphes le pleurèrent,
Pan et
Apollon, qui
suivaient ses pas, désertèrent les campagnes, la terre
elle-même devint stérile ou se couvrit de ronces et
d'épines.
Mais
Daphnis fut admis dans l'
Olympe, et, une
fois reçu parmi les
dieux, il prit sous sa protection les
pasteurs et les troupeaux. La campagne changea d'aspect, elle se
couvrit de verdure, de
fleurs et de moissons. Dans les
montagnes,
on n'entendit plus que des cris d'allégresse et des chants
joyeux. Les rochers, les bosquets retentissaient de ces mots : «
Daphnis, oui, Daphnis est un dieu ».
Ce
dieu champêtre avait ses temples,
ses autels ; on lui faisait des
libations comme à
Bacchus
et à
Cérès, et, pour les habitants des campagnes,
c'était presque un autre
Apollon.
On dit que, non content de garder ses beaux
troupeaux, il allait aussi à la chasse ; et tel était
le charme que ce chasseur divin répandait autour de lui que,
lorsqu'il mourut, ses
chiens se laissèrent aussi mourir de
douleur.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 187-188.