Benoît V,
Romain, fut élu pape en mai 964, avec des circonstances qui ne peuvent être bien connues qu'en rappelant quelques faits antérieurs.
Jean XII, son prédécesseur, protégé par l'empereur Othon le Grand, contre la
tyrannie de Bérenger et de son fils Adalbert, s'était depuis montré ingrat envers son bienfaiteur, en se jetant dans le parti de ses
ennemis. Othon, irrité contre
Jean XII, avait convoqué à Rome un
concile où ce pape avait été déposé, et où on lui avait donné pour son successeur
Léon VIII. L'Empereur s'étant absenté de Rome,
Jean XII y rentra, au moyen des intelligences qu'il avait conservées avec les Romains, et tint à son tour un
concile, où il déposa
Léon VIII ; mais bientôt après,
Jean XII mourut, et sa
faction se hâta de lui donner
Benoît V pour successeur. Othon revint alors sur ses pas, mit le siège devant Rome, qui fut pressé par la famine, et se rendit en recevant
Léon et en abandonnant Benoît. Un nouveau
concile remit
Léon sur le siège
pontifical, et Benoît y parut pour s'humilier et demander grâce à son rival victorieux. Il partit avec l'Empereur qui retournait en Allemagne, et le remit à la garde d'Adaldague,
archevêque de Brême et de Hambourg.
Benoît V mourut, dans cette dernière ville, le 05
juillet 965. Mais
Léon VIII était mort à Rome trois mois auparavant. L'élection de
Jean XIII, successeur de ces deux concurrents, ne s'étant faite que le 02
octobre, il en résulte que l'on paraît avoir attendu le décès de Benoît pour faire une autre élection, et qu'en ce moment, on le regardait comme pape légitime. L'Empereur lui-même était prêt à le rendre aux Romains, qui le redemandaient après la mort de
Léon VIII. Benoît était en effet savant, vertueux et digne d'être pape, si son élection eût été plus régulière. On n'en a point prononcé la nullité absolue, parce qu'il a paru très difficile de décider si les différents
conciles assemblés pour teminer ces querelles, presque entièrement politiques, avaient une autorité suffisante pour faire loi. De grandes dissertations ont été publiées sur ce point. On peut en voir le résumé assez exact dans l'
Abrégé chronologique de l'histoire d'Italie, par St-Marc, tome 2, pp. 781 et suiv. Il nous suffira
de dire ici que l'usage a prévalu de compter également
Léon VIII et
Benoît V dans les ligne des papes légitimes.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 3 - Pages 647-648)