Biographie
Arnauld de Villeneuve est né vers 1245 en France, comme l'attestent Symphorianus Campegius et Joseph de Haitze. Quant au lieu précis de sa naissance, il est incertain. Il étudia les langues mortes à
Aix, la médecine à
. Il vint à
Paris pour se perfectionner ; la rumeur populaire l'accusant de
nécromancie et d'
alchimie, il s'enfuit à
, où il fut bientôt nommé professeur, puis régent. En 1755, on montrait encore, à
, sa maison, portant sculptés sur la façade un
lion et un
serpent se mordant la queue. La soif d'apprendre le fait passer en Espagne, il professe quelque temps l'
alchimie à Barcelone (1286) et apprend l'arabe. Il visite ensuite les universités célèbres d'Italie :
Bologne, Palerme, Florence. Il revient à
Paris, mais ses propositions hérétiques ayant excité contre lui les
théologiens, il s'enfuit prudemment en
Sicile, où Frédéric II le prit sous sa protection. Le
pape Clément V, atteint de la pierre, manda
Arnauld de Villeneuve auprès
de lui, avec promesse de pardon. Arnauld s'embarqua pour la
France (les papes siégeaient alors à
Avignon).
Mais en
vue de Gênes, il mourut.
Son corps fut enseveli
dans cette ville (1313). Il eut pour amis et
disciples Raymond
Lulle et Pierre d'Apono.
(Albert
Poisson, Cinq traités d'Alchimie
des plus grands philosophes)
Arnaud de Villeneuve,
médecin de la fin du 13e siècle. On n'est pas
d'accord sur l'époque et sur le lieu de sa naissance
: les uns croient qu'il naquit à
Villeneuve, petit village
voisin de
; d'autres hésitent, parce qu'il
y a aussi en Catalogne, en
Languedoc, en
Provence, des bourgs
de ce nom. Quoi qu'il en soit, Arnaud eut beaucoup de réputation
comme médecin,
théologien et alchimiste. Ce n'est
plus guère que sous ce dernier rapport qu'il peut être
de quelque intérêt pour nous ; c'est en effet par
lui et par
Raimond Lulle, son
disciple, que la chimie commença
à faire ses découvertes. Il découvrit les
trois
acides sulfurique, muriatique et nitrique ; il composa
le premier de l'
alcool, et s'aperçut même que cet
alcool pouvait retenir quelques-uns des principes odorants et
sapides des végétaux qui y macèrent, d'où
sont venues les diverses
eaux spiritueuses employées
en médecine et pour la
cosmétique. On lui doit
aussi les premiers essais réguliers de
distillation ;
il fit connaître l'
essence de térébenthine
; il composa les premiers ratafias. Mais il fut conduit sur
le chemin de ces diverses découvertes en se proposant
de faire de l'or, et il assurait même en avoir le secret.
Arnaud est moins remarquable comme médecin ; cependant,
il est un des premiers docteurs de
qui se soient
montrés moins serviles imitateurs des Arabes, dont la
doctrine dominait alors tout le monde savant. Il connaissait
plusieurs langues, surtout le grec, l'hébreu et l'arabe.
Il voyagea en Espagne, et séjourna longtemps ensuite
à
Paris et à
; il paraît même
assez prouvé qu'il fut quelque temps régent de
la faculté de cette dernière ville. Malheureusement,
il associa à ses connaissances médicales proprement
dites des rêveries sur l'astrologie : c'était la
folie de son siècle ; il prédit la fin du monde,
qu'il annonça devoir arriver en 1335. Les propositions
qui lui attirèrent la censure ecclésiastique se
réduisaient à celle-ci : «
Les œuvres
de charité et les services que rend à l'humanité
un bon et sage médecin sont préférables
à tout ce que les prêtres appellent œuvres pies,
aux prières, et même au saint sacrifice de la messe.
» Poursuivi comme hérétique par l'université
de
Paris, il s'enfuit en
Sicile, où il fut accueilli
par Frédéric d'
Aragon, et par Robert, roi de Naples
: le premier lui confia même des missions diplomatiques.
Le
pape Clément V, étant tombé malade à
Avignon, réclama les soins d'Arnaud, qui revint pour
le soigner ; mais, dans la traversée, le vaisseau qui
le portait fit naufrage ; et Arnaud périt à l'âge
de 76 ans, en 1314, et fut enterré à Gènes.
Le pape fut tellement affligé de sa mort qu'il ordonna,
sous peine d'
excommunication, qu'on lui remit fidèlement
un traité de
Praxi medica,
que lui avait promis le docteur.
Les divers traités d'Arnaud se ressentent
généralement, pour le fond et pour le style, du
temps où il écrivait : ils sont courts, et paraissent
être plutôt des mémoires, des consultations
que des traités dogmatiques. Parmi ses ouvrages, nous
citerons son commentaire sur l'école de Salerne,
Scholæ
Salernitanæ Opusculum, qu'il fit pendant
sa retraite en
Sicile ; un traité
de
conservanda Juventute et
de retardante Seneclute, qu'il dédia
au roi Robert. Sans doute beaucoup des ouvrages qui lui sont
attribués ne lui appartiennent pas ; car ce fut une pratique
constante des alchimistes de mettre sous le nom de ceux qui
avaient
illustré leur secte un grand nombre de productions,
afin de les faire passer à la faveur de ce nom célèbre
: aussi plusieurs de ses œuvres véritables lui ont peut-être été dérobées. Il fut ridiculement accusé de magie, et Mariana va jusqu'à lui reprocher d'avoir essayé de former un homme avec de la semence, mêlée dans une citrouille à
de certaines drogues ; ce bizarre essai ne supposerait tout
au plus que la marche fausse d'un
esprit bouillant et avide
de connaissances ; du reste, c'était le reproche banal
fait à tous les génies extraordinaires de ces
temps de ténèbres. La condamnation qu'avaient
portée contre Arnaud les
théologiens de
Paris,
suspendue par la protection du
pape Clément V, fut renouvelée,
trois ans après la mort de ce
pontife, par l'inquisiteur
de
Tarragone, et quinze des propositions de notre docteur furent
censurées. Toutes les uvres d'Arnaud ont été
réunies en un volume. La première édition
parut à
Lyon en 1504, in-folio, avec une préface
de Thomas Murchius. Il en a paru ensuite plusieurs du même
format :
Paris, 1509 ;
Venise, 1514 ;
Lyon, 1520, avec la vie
d'Arnaud, par Symphorien
Champier ; et à
Bâle en
1515, 2 volumes, avec quelques annotations de Jérôme
Taurellus, de Montbelliard. Haitze, sous les noms de Pierre
Joseph, a donné la
Vie
d'Arnaud,
Aix, 1719,
in-12.
(Biographie
universelle ancienne et moderne : histoire publique et privée
de tous les hommes, Tome II (2ème édition)
- 1843 - Publié sous la direction de Louis-Gabriel Michaud
- pp. 243-244)
Bibliographie
• Rosarium philosophorum
• de Lapide
philosophorum
• Novum lumen
• Flos
florum
• Semita semitæ (Le
chemin du chemin)
• Speculum alchemiæ
• de Sublimatione Mercurii
• Epistola ad Robertum
Regem
• Testamentum novum
• Praxi
medica
• Scholæ Salernitanæ Opusculum
• de conservanda Juventute
• de retardante
Seneclute
Tous ces traités se trouvent dans les
éditions de ses œuvres complètes :
Opera
omnia Arnoldi de Villanova, 1 vol. in-folio.
Lyon
(1520).
Idem (1532).
Bâle (1585). Agentinæ (1613).
Ouvrages
en ligne
• Le
chemin du chemin (Semita Semitæ)
Ce traité
est à, quelques passages près, identique au
Flos
florum. Il se trouve dans :
1.
Les œuvres complètes d'
Arnauld de Villeneuve ;
2. De Alchimia Opuscula complura veterum philosophorum.
Francofurti (1550, in-4). C'est sur ce texte qu'a été faite la présente
traduction ;
3. Bibliotheca
chemica Mangeli, Coloniæ Allobrogum, 2 vol. in-folio, 1702.
Tome 1er, page 702.
(Albert Poisson, Cinq
traités d'Alchimie des plus grands philosophes)