Empereur des Français, né à
Ajaccio en 1769, mort à
Sainte-Hélène en 1821. Admis en 1779 à l'école de
Brienne, et en l'an 784 à l'école militaire de
Paris. Il fut nommé lieutenant en 1785, capitaine en 1793, et général de brigade après la prise de
Toulon. Devenu suspect, il resta sans emploi jusqu'au 18
vendémiaire, où il fut nommé général de
division, pour avoir mitraillé les Parisiens devant
Saint-Roch. L'année suivante, il épousa Joséphine Beauharnais, et reçut le commandement en chef de l'armée d'Italie. En moins d'un an, il mit en pleine déroute ou détruisit cinq armées, et força le roi de Sardaigne, le pape, les
ducs de Parme, de
Modène, de Toscane, à signer ou à implorer la paix ; l'empereur d'Autriche la demanda aussi, et céda à la France les Pays-Bas autrichiens avec toute la rive gauche du Rhin et le Milanais.
De si prodigieux succès effrayèrent le
Directoire, qui lui proposa, pour l'éloigner, de diriger l'expédition d'Egypte. Parti en 1798, il soumit rapidement ce pays, qu'il s'occupa ensuite à organiser ; il fonda au
Caire un institut qui a jeté les plus vives lumières sur l'
histoire et les antiquités de ce pays. L'année suivante, il essaya de
joindre la Syrie à ses conquêtes, mais il mit en vain le siège devant
Saint-Jean d'
Acre avec des troupes minées par la faim et décimées par la peste. De retour en Egypte, il remporta la victoire d'Aboukir, puis laissa son armée à Kléber, et revint en France.
Il ne tarda pas à devenir le centre d'un parti puissant, et, après avoir renversé le
Directoire le 18 brumaire an VIII, il se fit nommer premier consul pour dix ans. Peu après eut lieu le passage et la victoire de Marengo. Le traité de
Lunéville avec l'Autriche, et celui d'
Amiens avec l'Angleterre, mirent fin à la guerre. Pendant la paix, Bonaparte pacifia la Vendée, rappela les émigrés, rouvrit les
églises, conclut avec le pape un nouveau
concordat, institua la Banque de France, fit achever la rédaction du Code civil. Le Sénat, qui l'avait déjà nommé consul à vie en 1802, le proclama empereur en 1804. Il fut sacré, en cette qualité, par le pape Pie VII. L'année suivante, il se fit couronner roi d'Italie.
Depuis le renouvellement des hostilités, Napoléon eut la douleur de voir les flottes combinées de la France et de l'Espagne anéanties par Nelson à Trafalgar, mais sur terre il compensa cet échec par plusieurs victoires éclatantes, à la suite desquelles fut conclue la paix de
Presbourg, qui créait plusieurs royaumes en faveur des alliés de Napoléon, et qui le nommait
protecteur de la Confédération du Rhin, nouvel Etat qui remplaçait l'empire d'Allemagne. Il se forma une quatrième coalition, que Napoléon détruisit par ses deux campagnes de 1806 et de 1807, l'une en Allemagne, l'autre en Pologne. La paix de Tilsit mit fin à cette guerre. Ce fut peu de temps après que commença la funeste guerre d'Espagne, qui dévora en cinq ans plus de 400.000 hommes. Oppresseur de l'Allemagne, il est attaqué par une cinquième coalition en 1809. Après la victoire décisive de Wagram, que suit l'
armistice de Znayon, il stipule son
mariage avec l'
archiduchesse Marie-Louise,
et
force Joséphine à consentir au divorce. Dès ce moment, plusieurs de ses généraux tendent à s'isoler de lui ; le pape Pie VII, qu'il veut
dépouiller de ses Etats, l'excommunie, et du fond de sa captivité continue à lui susciter de sérieux embarras ; enfin le système continental ruine le commerce, et produit un malaise universel.
Malgré cet état de choses, Napoléon ne craint pas de s'engager dans une guerre contre la Russie. A la tête d'une armée de 450.000 hommes, il poursuit l'
ennemi sans l'atteindre, le rencontre enfin à Borodine, et resté maître du terrain, il entre à Moscou, que les Russes venaient d'incendier. Après avoir attendu plus d'un mois les ouvertures de paix, le foid oblige Napoléon à
battre en retraite. Privée de tout, l'armée française reste presque tout entière plongée dans les neiges, ou périt dans la Bérésina.
De retour en France, l'empereur ne tarda pas à se
créer de nouvelles et vastes ressources ; mais, malgré de beaux succès, abandonné successivement de tous ses alliés, Napoléon
ne put empêcher l'envahissement du territoire français. Dans une
dernière et admirable campagne, l'empereur tint encore la fortune en suspens.
Napoléon voulait envelopper les
ennemis entre lui et la capitale ; mais
Paris ayant ouvert ses portes après deux
jours de combat, les vainqueurs annoncèrent qu'ils rétablissaient les Bourbons. Napoléon abdiqua le 11 avril 1814, et reçut l'île d'Elbe en toute souveraineté ; mais il n'y resta que quelques mois : le 1er mars 1815, il reparut en France, et il rentra à
Paris sans éprouver de résistance. Aussitôt la coalition qui l'avait détrôné se renoua. Après quelques mois, il fut battu à Waterloo, rentra en france, et abdiqua à
Fontainebleau en faveur de son fils. Le nouveau règne avait duré cent
jours. Il se rendit à
Rochefort sur le navire anglais le
Bellérophon, croyant que l'Angleterre lui accorderait l'hospitalité, mais il fut déclaré prisonnier, conduit à
Sainte-Hélène, et, pendant cinq ans,
abreuvé de dégoûts et d'humiliations. Ses cendres, rapportées en France en 1840, reposent maintenant sous le
dôme des Invalides.
Napoléon a publié quelques opuscules dans sa
jeunesse, et a laissé en outre ses bulletins et ses proclamations, qui figurent au nombre des documents les plus importants de notre
histoire, des mémoires publiés par Las Casas et Montholon, et écrites sous sa dictée.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 611.