Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif féminin [Du grec autre et discours] Littérature
Fiction qui consiste à présenter un objet à l'
esprit, de
manière à lui en désigner une autre.
L'
allégorie parle à l'
esprit dans les ouvrages de l'
esprit ; elle parle aux yeux dans les uvres de l'art. (Lebrun)
Le mystère facile à pénétrer que l'
allégorie
répand sur un discours, lui donne souvent beaucoup de charme. (Lebrun)
L'
allégorie est l'ornement du langage. (Del.)
Est-il une
allégorie plus parfaite que celle qui place un papillon sur une tombe ? (Lebrun)
Tout ce que nous savons de la mythologie paraît rouler sur des
allégories poétiques au
ciel et aux astres qui le peuplent. (
Bailly)
On connaît l'ingénieuse
allégorie de Platon, qui dit qu'au commencement des siècles, l'
épouse et l'
époux venaient ensemble au monde, et ne constituaient qu'une seule créature animée. (Alib.)
Allégorie : Epithètes
Allégorie juste, transparente, claire, recherchée, soutenue, suivie, aimable, heureuse, ingénieuse, flatteuse, riante, riche, vive, froide,
sèche.
Allégorie : Périphrases
Le voile de l'
allégorie. Le masque de l'
allégorie.
Allégorie : Rhétorique
Sorte de
métaphore prolongée. La
métaphore porte sur un mot, sur une phrase, l'
allégorie peut traiter longuement un sujet en multipliant les images ; un poème tout entier peut n'être qu'une
allégorie. Les anciens excellaient dans ce genre.
Le flambeau, les ailes, le bandeau de
Cupidon, expriment parfaitement les transports, la légèreté, l'imprévoyance de l'
amour.
La
ceinture de Vénus n'est que la description de ce que peut éprouver ou faire éprouver une femme.
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin,
a dit Malherbe, en parlant par
allégorie de la mort prématurée d'une jeune et charmante fille.
L'
allégorie habite un palais
diaphane. (Lemercier)
Ce qui veut dire que pour être bonne une
allégorie doit être facile et juste.
Allégorie :
Se dit aussi d'un ouvrage dont le fond est cette espèce de fiction où l'on représente un objet pour donner l'idée d'un autre.
Les
allégories de Jean-Baptiste Rousseau. L'apologue et la parabole sont des espèces d'
allégories.
Allégorie :
Synonyme d'allusion.
Faire
allégorie à un événement.
Il fait dans la préface une
allégorie de son livre à celui de l'Apocalypse. (Pascal)
Quand il fallait venir aux
histoires impures des
dieux du
paganisme, toute la
religion se tournait en
allégories, etc.
Allégories froides et forcées. (Bossuet)
La comédie de la Princesse d'Elide fut un des plus agréables ornements de ces
jeux, par une infinité d'
allégories fines sur les murs du temps. (Voltaire)
Allégorie : Théologie
Nom donné par les interprètes de l'Ecriture sainte à certaines
expressions ou à certains faits qui, outre le sens propre et littéral,
peuvent avoir une signification figurative, et recevoir une application détournée par suite de rapprochements entre des idées analogues.
Saint Matthieu a pris dans un sens
allégorique au moins vingt passages de l'Ancien Testament, et
saint Paul a tourné en
allégories morales la loi qui défendait de museler le buf triturant le grain, celle qui prohibait le pain levé pour la pâque, etc. (L'abbé Barth.)
Allégorie : Beaux-arts
Figure ou composition employée par le peintre ou le sculpteur pour exprimer une idée abstraite, ou spiritualiser certains actes de la vie humaine qui, par ce mode de représentation, agissent avec plus de puissance et d'énergie sur l'
âme ou l'
esprit du spectateur.
C'est sous l'
influence de l'
allégorie que Prudhon conçu et
exécuta
La Justice et la vengeance poursuivant le crime, et Vigneron son
Convoi du pauvre. (Gonault)
Rien de plus admirable que les
allégories inventées par les artistes
religieux des XIème, XIIème et XIVème siècles ;
allégories traduites depuis le portail de la
cathédrale catholique jusqu'à la verrière encadrée dans l'ogive de ses fenêtres, par des milliers de figures aux formes naïvement belles, sveltes, élégantes, supportées par les monstrueuses figures des vices qu'elles écrasent. (Gonault)
Allégorie : Iconologie
Gracieuse femme enveloppée dans un voile de gaze.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume I (A-F) (1856), p. 131.