FRAGMENT I LA VOIX DU SILENCE
Ces instructions sont pour ceux qui ignorent les dangers des Iddhi inférieurs (1).
Qui veut entendre et comprendre la voix de
Nada (2), « le son muet », doit apprendre la nature de
Dhâranâ.
(3)
Devenu indifférent aux objets de perception, l'élève devra chercher le
Rajah des sens, producteur de pensée, celui qui éveille l'illusion.
Le mental est le grand destructeur du réel.
Que le
disciple détruise le destructeur.
Car :
Lorsqu'à lui-même sa forme paraîtra non réelle, comme au réveil paraissent les formes
vues en rêve ;
Lorsqu'il aura cessé d'entendre l'UNIQUE, le son intérieur qui tue l'extérieur.
Alors, et alors seulement, il abandonnera la région d'
Asat, le
faux, pour entrer dans le royaume de
Sat, le vrai.
Avant que l'
âme puisse voir, il faut avoir obtenu l'
harmonie intérieure et rendu les yeux de chair aveugles à toute illusion.
Avant que l'
âme puisse entendre, l'image (l'homme) doit être devenue sourde aux fracas comme aux murmures, aux cris des éléphants rugissants comme au bourdonnement argentin de la luciole d'or.
Avant que l'
âme puisse comprendre et se souvenir, elle doit être unie au Parleur silencieux, comme à l'
esprit du potier la forme sur laquelle l'argile est modelée.
Alors l'
âme entendra, et se souviendra.
Alors à l'oreille intérieure parlera
LA VOIX DU SILENCE
Et elle dira :
Si ton
âme sourit en se baignant dans le
soleil de ta vie ; si ton
âme chante dans sa chrysalide de chair et de matière ; si ton
âme pleure en son château d'illusion ; si ton
âme se débat pour briser le fil d'
argent qui l'attache au Maître
(4), sache-le,
disciple, c'est de la terre qu'est ton
âme.
Lorsque ton
âme (5) en bouton prête l'oreille au tumulte du monde ; lorsque ton
âme répond à la voix rugissante de la grande illusion
(6) ; lorsque effrayée à la
vue des chaudes larmes de la douleur, assourdie par les cris de détresse, ton
âme se retire comme la timide tortue dans la carapace de l'
égoïsme, sache-le
disciple, ton
âme est un tabernacle indigne de son
Dieu silencieux.
Quand, devenant plus forte, ton
âme se glisse hors de sa sûre retraite, et s'arrachant à son enveloppe protectrice, déroule son fil argenté et s'élance ; quand, apercevant son image sur les vagues de l'espace, elle murmure : « Cela c'est moi » ; avoue,
disciple, que ton
âme est prise dans le tissu de l'erreur
(7).
Cette terre,
disciple, est la salle de douleur ; ici, le long du sentier des dures épreuves, des pièges sont semés pour saisir ton Ego dans l'illusion appelée « la grande hérésie
(8).
Cette terre, ô
disciple ignorant, n'est que l'entrée sinistre menant au crépuscule qui précède la vallée de vraie lumière, cette lumière que nul ne peut éteindre, cette lumière qui
brûle sans mèche ni aliment.
Il est dit dans la grande Loi : « Avant de devenir le connaisseur du
TOUT SOI (9), tu dois être d'abord le connaisseur de ton
SOI ». Pour arriver à connaître ce Soi, il faut abandonner le soi au non-soi, l'être au non-être ; alors tu pourras reposer entre les ailes du Grand-Oiseau. Oui, doux est le repos entre les ailes de ce qui n'est pas né, de ce qui ne meurt pas, mais qui est l'
AUM (10), à travers l'éternité des âges
(11).
Monte l'
Oiseau de vie, si tu veux savoir
(12).
Abandonne ta vie, si tu veux vivre
(13).
Trois salles, ô
pèlerin fatigué, aboutissent au terme des labeurs. Trois salles, ô conquérant de Mâra, te mèneront par trois états
(14) au quatrième
(15), et de là dans les sept mondes
(16), les mondes d'éternel repos.
Si tu veux savoir leurs noms, écoute et souviens-toi.
Le nom de la première salle est
IGNORANCE, Avidya.
C'est la salle où tu as vu le
jour, où tu vis, et où tu mourras
(17).
Le nom de la seconde est la salle d'
APPRENTISSAGE. Là ton
âme trouvera les
fleurs de la vie, mais sous chaque
fleur un
serpent enroulé
(18).
Le nom de la troisième salle est
SAGESSE ; au delà s'étendent les
eaux sans rivages d'
AKSHARA, source intarissable de l'omniscience
(19).
Si tu veux traverser sain et sauf la première salle, ne permets pas à ton
esprit de prendre pour le
soleil de vie les
feux de
luxure qui y
brûlent.
Si tu veux franchir sans danger la seconde, ne t'arrête pas à respirer le parfum de ses
fleurs soporifiques. Si tu veux être libre des chaînes karmiques, ne cherche pas ton
Gourou dans ces régions mâyaviques.
Les
SAGES ne s'attardent pas dans les bosquets des sens.
Les
SAGES ne prennent pas garde aux voix mielleuses de l'illusion.
Celui qui doit te donner naissance
(20), cherche-le dans la salle de sagesse, la salle qui s'étend au delà,
où toutes ombres sont inconnues, et où la lumière de vérité resplendit d'une gloire
ineffable.
Ce qui est incréé réside en toi,
disciple, comme aussi dans cette salle. Si tu veux y atteindre et fusionner les deux, il faut
dépouiller tes sombres vêtements d'illusions. Etouffe la voix de la chair, ne laisse aucune image des sens s'interposer entre cette lumière et la tienne, afin que les deux puissent se
fondre en une. Dès que tu auras appris ta propre
Ajnâna (21), fuis la salle d'apprentissage. Cette salle est dangereuse dans sa perfide beauté, et n'est utile que pour ta
probation. Prends garde lanou, qu'éblouie par un rayonnement
illusoire ton
âme ne s'attarde et ne se prenne à cette
clarté décevante.
Cette
clarté rayonne du joyau du grand ensorceleur (Mâra)
(22). Elle séduit les sens, aveugle le mental, et abandonne l'imprudent comme une épave.
La phalène attirée vers la
flamme étincelante de ta lampe nocturne est condamnée à périr dans l'
huile visqueuse. L'
âme imprudente qui manque l'occasion de saisir à bras-le-corps le démon moqueur de l'illusion reviendra vers la terre esclave de Mâra.
Regarde les
légions d'
âmes. Observe comme elles errent au-dessus de la mer orageuse de la vie humaine, et comment, épuisées, sanglantes, les ailes brisées, elles tombent l'une après l'autre dans les vagues enflées. Ballottées par les vents furieux, poursuivies par l'ouragan, elles dérivent dans les remous et disparaissent dans le premier grand tourbillon.
Si, après avoir traversé la salle de sagesse, tu veux atteindre la vallée de
béatitude,
disciple, ferme bien tes sens à la grande et cruelle hérésie de la séparation qui te sèvre du reste.
Ne laisse pas ton principe céleste, plongé dans l'océan de Mâya, se détacher de la Mère universelle (l'
ÂME), mais laisse le pouvoir enflammé se retirer dans la
chambre intime, la
chambre du cur
(23) La
chambre intérieure du cur, appelée en Sanscrit Brahma-poura. et le séjour de la
Mère du monde (24).
Alors, du cur, ce pouvoir s'élèvera dans la sixième région, la région moyenne, l'endroit entre tes yeux, où il devient le souffle de l'Ame-Une, la voix qui remplit tout, la voix de ton Maître.
C'est seulement alors que tu pourras devenir un promeneur du
ciel (25), qui marche sur les vents au-dessus des vagues, sans que ses pas touchent les
eaux.
Avant de poser le pied sur le degré supérieur de l'échelle des sons
mystiques, tu devras entendre de sept manières la voix de ton
Dieu intérieur
(26).
Le premier son est comme la douce voix du rossignol chantant à sa compagne un chant d'adieu.
Le second arrive comme le bruit d'une cymbale d'
argent des Dhyânis éveillant les étoiles scintillantes.
Le suivant ressemble à la plainte mélodieuse d'un lutin de l'océan emprisonné dans son coquillage.
Il est suivi du chant de la vina
(27).
Le cinquième siffle dans ton oreille comme le son d'une flûte de bambou.
Puis il se change en un éclat de trompette.
Le dernier vibre comme le grondement sourd d'une nuée d'orage.
Le septième engloutit tous les autres sons ; ils meurent, et on ne les entendra plus.
Quand les six
(28) sont tués et déposés aux pieds du Maître, alors l'élève est plongé dans l'
Un (29), devient cet
Un, et il y vit.
Avant d'entrer dans ce sentier, tu dois détruire ton
corps lunaire
(30), nettoyer ton
corps mental
(31), et purifier ton cur.
Les
eaux pures de la vie éternelle, claires et cristallines, ne peuvent se mêler aux torrents boueux des tempêtes de la mousson.
La goutte de rosée céleste qui brille aux premiers rayons du matin dans le sein du lotus, devient un morceau d'argile lorsqu'elle tombe à terre : voilà la perle changée en fange.
Lutte avec tes pensées impures avant qu'elles te dominent. Agis avec elles comme elles le feraient avec toi ; si tu les ménages, qu'elles prennent racine et poussent, sache-le bien, ces pensées te terrasseront et te tueront. Prends garde,
disciple, ne souffre même pas que leur ombre t'approche ; car, croissant en grandeur et en
force, cette chose de ténèbre, absorbera ton être avant que tu aies bien pu te rendre compte de la sombre présence du monstre impur.
Avant que le
pouvoir mystique (32) puisse faire de toi un
dieu, lanou, tu dois avoir acquis la faculté de tuer à volonté ta forme lunaire.
Le soi de matière et le Soi de l'
esprit ne peuvent jamais se rencontrer. L'un doit disparaître, car il n'y a pas place pour deux.
Avant que l'
esprit de ton
âme puisse comprendre, le bourgeon de la personnalité doit être écrasé, et le ver des sens détruits sans
résurrection possible.
Tu ne pourras parcourir le Sentier avant d'être devenu
ce Sentier même (33).
Laisse ton
âme prêter l'oreille à tout cri de douleur, comme le lotus met son cur à nu pour boire le
soleil matinal.
Ne permets pas à l'ardent
soleil de sécher une seule larme de souffrance, avant que tu n'aies toi-même essuyé les yeux affligés.
Mais laisse toute larme humaine tomber brûlante sur ton cur et y rester, et ne l'en efface jamais avant que soit disparue la douleur qui l'a causée.
Homme au cur plein de
compassion,
ces larmes sont les ruisseaux qui arrosent les champs de l'immortelle
charité. C'est dans ce terrain-là que croît la
fleur de minuit de Bouddha
(34), plus difficile à trouver, plus rare à contempler que la
fleur de l'
arbre Vogay. C'est la semence de la libération des renaissances. Elle isole l'Arhat de la lutte et de la convoitise, et le mène, à travers les champs de l'être, vers la paix et la
béatitude connues seulement au pays du silence et du non-être.
Tue le désir ; mais si tu le tues, prends garde qu'il ne se relève d'entre les morts.
Tue l'
amour de la vie ; cependant si tu détruis Tanhâ
(35), que ce ne soit pas par soif de vie éternelle, mais pour remplacer le variable par l'
immuable.
Ne désire rien. Ne t'emporte pas contre Karma, ni contre les lois invariables de la Nature. Lutte seulement contre le personnel, le transitoire, l'éphémère et le périssable.
Aide la nature et travaille avec elle : la nature te regardera comme l'un de ses créateurs et fera sa soumission.
Et devant toi elle ouvrira tout grands les portails de ses
chambres secrètes, et sous tes yeux elle mettra à nu les trésors cachés dans les profondeurs mêmes de son sein pur et vierge. Impolluée par la main de la matière, elle ne découvre ses trésors qu'à l'il spirituel, l'il qui ne se ferme jamais, l'il pour lequel il n'y a de voiles dans aucun de ses royaumes.
C'est alors qu'elle te montrera les moyens et la voie, la première porte et la seconde, la troisième, jusqu'à la septième même. Puis, le but au-delà duquel baignées dans le grand
soleil de l'
esprit, des gloires inexprimées s'étendent invisibles pour tous, sauf pour l'il de l'
âme.
Il n'y a qu'une route qui mène au Sentier ; et c'est au bout seulement que l'on peut entendre la « Voix du Silence ». L'échelle par où monte le candidat est faite d'échelons de souffrance et de peine ; la voix de la vertu peut seule faire taire leurs voix. Donc, malheur à toi,
disciple, s'il est un seul vice que tu n'aies pas laissé derrière toi. Car alors l'échelle cèdera et te renversera ; son pied repose dans la
boue profonde de tes péchés et de tes erreurs, et avant de pouvoir essayer de traverser ce large abîme de matière, tu dois laver tes pieds dans les
eaux du renoncement. Prends garde de poser un pied encore souillé sur le premier barreau. Malheur à qui ose salir un échelon avec des pieds boueux. La fange impure et visqueuse sèchera, deviendra tenace, et lui rivera, les pieds sur place ; comme un
oiseau pris à la glu de l'astucieux oiseleur, il sera empêcher d'aller plus loin. Ses vices perdront forme et l'entraîneront en bas. Ses péchés élèveront leurs voix, comme le chacal
rit et sanglote après le coucher du
soleil ; ses pensées deviendront une armée et le traîneront en captivité et en esclavage.
Tue tes désirs, lanou, rends tes vices impuissants, avant de faire le premier pas du solennel voyage.
Etrangle tes péchés et rends-les muets à tout jamais, avant de lever un pied pour monter à l'échelle.
Fais taire tes pensées, et fixe toute ton attention sur le Maître que tu ne vois pas encore, mais que tu pressens.
Engloutis tes sens en un seul sens, si tu veux être en sécurité contre l'
ennemi. C'est par ce seul sens, caché dans la cavité de ton cerveau, que les faibles yeux de ton
âme pourront découvrir le sentier ardu qui conduit à ton Maître.
Longue et lassante est la voie devant toi, ô
disciple. Une seule pensée donnée au passé laissé derrière te fera retomber, et il faudra recommencer l'ascension.
Tue en toi-même tout souvenir d'impressions passées. Ne regarde pas en arrière ou tu es perdu.
Ne crois pas qu'on puisse jamais détruire la
luxure en la satisfaisant à satiété : c'est là une abomination, inspirée par Mâra. C'est quand on le nourrit que le vice prend de l'extension et des
forces, comme le ver qui s'engraisse du cur de la
fleur.
La
rose doit devenir le bourgeon né de la branche mère, avant que le parasite ne l'ait rongé jusqu'au cur et n'en ait bu la sève.
L'
arbre doré produit, ses bourgeons-bijoux avant que son tronc ne soit flétri par l'orage.
L'élève doit regagner l'état d'enfance qu'il a perdu, avant que le premier son puisse
frapper son oreille.
La lumière qui vient du seul Maître, la lumière d'or, spirituelle, unque, lance dès le début ses ondes éclatantes sur le
disciple. Ses rayons franchissent les nuages de matière épais et sombres.
Ces rayons l'illuminent par-ci par-là, comme des étincelles de
soleil éclairent la terre à travers l'épais feuillage de la jungle. Mais, ô
disciple, à moins que la chair ne soit passive, la tête froide, l'
âme aussi ferme et pure qu'un lumineux
diamant, le rayonnement n'atteindra pas la
chambre (36), son éclat ne réchauffera pas le cur, et les sons
mystiques venus des
hauteurs akâshiques
(37) n'atteindront pas l'oreille, si attentive qu'elle soit, au stade initial.
A moins d'entendre, tu ne peux voir.
A moins de voir, tu ne peux pas entendre. Entendre et voir, c'est là le second stade.
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Quand le
disciple voit et entend, qu'il sent et goûte, yeux et oreilles fermés, bouche et narines closes ; quand les quatre sens se confondent et sont prêts à passer dans le cinquième, celui du
toucher intérieur, alors il a passé dans le quatrième stade.
Et dans le cinquième, ô destructeur de tes pensées, tout cela doit être tué encore une fois au-delà de toute
résurrection possible
(38).
Tiens ton
esprit à l'écart de tout objet du dehors, de tout spectacle extérieur. Tiens à l'écart les images intérieures, de peur qu'elles ne projettent une ombre sur ta lumière d'
âme.
Tu es maintenant en Dhâranâ
(39), le sixième stade.
Quand tu auras passé dans le septième, ô fortuné, tu ne percevras plus le Trois sacré
(40), car tu seras toi-même devenu ce Trois : toi-même et le mental, comme des jumeaux de front, et l'étoile qui est ton but et
brûle au-dessus
de ta tête
(41). Les Trois qui résident dans la gloire et la
béatitude ineffables ont maintenant perdu leurs noms dans le monde de Mâyâ. Ils sont devenus une seule étoile, le
feu qui
brûle sans consumer, ce
feu qui est l'Oupâdhi
(42) de la
flamme.
C'est là, ô
Yogi de succès, ce que les hommes appellent Dhyâna
(43), véritable précurseur de
Samâdhi (44). Et maintenant ton soi est perdu dans le
SOI, toi-même en
TOI-MÊME, absorbé dans Le
SOI dont tu as
rayonné tout d'abord.
Où est ton individualité, lanou, où est le lanou lui-même ? C'est l'étincelle perdue dans le
feu, la goutte dans l'océan, le Rayon toujours présent devenu le Tout et le rayonnement éternel.
Et maintenant, ô lanou, tu es l'acteur et le témoin, le radiateur et la radiation ; la lumière dans le son et le son dans la lumière.
Tu as fait connaissance avec les cinq obstacles, ô Bienheureux. Tu es leur vainqueur, le maître du sixième, le libérateur des quatre modes de vérité
(45). La lumière qui les éclaire rayonne de toi-même, ô toi qui étais
disciple, mais qui es à présent Maître.
Et de ces modes de vérité :
N'as-tu pas passé par la connaissance de toute misère vérité première ?
N'as-tu pas vaincu le roi des Mâras à Tou, au portail de l'assemblage vérité seconde ?
(46)
N'as-tu pas, au troisième portail, détruit le péché et acquis la troisième vérité ?
N'es-tu pas entré dans le Taou, le sentier qui mène à la connaissance, la quatrième vérité ?
(47)
Et maintenant, repose sous l'
arbre Bodhi, qui est la perfection de toute connaissance, car, sache-le, tu es maître de
Samâdhi, l'état de vision infaillible.
Regarde ! Tu es devenu la lumière, tu es devenu le
Son, tu es ton Maître et ton
Dieu. Tu es
toi-même l'objet de ta recherche : la
Voix inaltérable qui résonne à travers les éternités, exempte de changement, exempte de péché, les sept sons en un, la
VOIX DU SILENCE
Om Tat Sat
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(1) Le mot Iddhi est synonyme du sanscrit Siddhis, et signifie les facultés psychiques, les pouvoirs supranormaux de l'homme. Il y a deux espèces de Siddhis ; un groupe contient les énergies psychiques et mentales inférieures, grossières : l'autre exige le plus haut entraînement des pouvoirs spirituels. Comme dit
Krishna dans la
Shrimad Bhagavat :
« Celui qui est engagé dans l'accomplissement de
Yoga, qui a soumis ses sens et concentré son
esprit en moi, est un des
Yogis que tous les Sidhhis sont prêts à servir. »
(2) La « Voix Muette » ou la « Voix du Silence ». Littéralement il faudrait peut-être lire : « La voix dans le son spirituel », car le mot Nada est l'équivalent sanscrit du terme Sen-zar.
(3) Dhâranâ est la concentration intense et parfaite du mental sur quelque objet intérieur de perception, accompagnée d'un complet isolement de tout ce qui appartient à l'univers extérieur, ou au monde des sens.
(4) Le « Grand Maître » est le terme employé par les lanous ou chélas (
disciples) pour indiquer notre « Soi supérieur ». C'est l'équivalent d'Avalôkitéshwara, et le même que l'Adi-Bouddha des occultistes bouddhistes, l'Atman (le Soi supérieur) des
Brahmines et le Christos des anciens
Gnostiques.
(5) Ame est employé ici pour Ego humain ou
Manas, ce qui dans notre
division septenaire est appelé «
âme humaine », pour la distinguer des
âmes spirituelle et animale.
(6) Mahâ Mâyâ, « grande illusion », l'univers objectif.
(7) Sakkâyaditthi, « l'erreur » de la personnalité.
(8) Attavâda, l'hérésie de la croyance à l'
âme, ou plutôt à la séparation de cette
âme, ou soi, d'avec le
Soi unique, universel et
infini.
(9) Le Tattwajnâni est celui qui connaît ou discerne les principes de la nature ou de l'homme : et l'Atmajnâni est le connaisseur d'Atman ou du
Soi universel, unique.
(10) Kâla Hamsa « l'
oiseau » ou
cygne. Il est dit dans la Nâda-Bindou Oupanishad (
Rig Véda) :
« La Syllabe A est considérée comme son aile droite, U, l'aile gauche, M, la queue, et l'Ardhamâtrâ (demi-mètre), comme sa tête. »
(11) Eternité signifie, pour les Orientaux, tout autre chose que pour nous et indique généralement les 100 années ou l'âge de
Brahmâ, la durée d'un Kalpa, ou une période de 4.320.000.000 d'années.
(12) D'après le Nâda-Bindou, déjà cité, « un
Yogi qui monte le Hamsa (qui médite sur
Aum) n'est pas affecté par les
influences karmiques ni par les milliards de péchés.
(13) Abandonne la vie de la personnalité physique si tu veux vivre en
Esprit.
(14) Les trois états de conscience, qui sont Jâgrat, la veille ; Swapna, le rêve ; et Soushoupti, le profond sommeil. Ces trois conditions yogiques mènent à la quatrième.
(15) L'état Touriya, au delà de l'état sans rêve : l'état suprême, celui de haute conscience spirituelle.
(16) Certains
mystiques sanscrits placent sept plans d'être, les sept Lokas ou mondes spirituels, dans le
corps de Kâla-Hamsan, le
cygne hors du temps et de l'espace, qui devient le
cygne dans le temps, lorsqu'il devient
Brahmâ au lieu de
Brahma neutre.
(17) Le monde phénoménal des sens et de la conscience terrestre, seulement.
(18) La région astrale, le monde psychique des perceptions supersensuelles et des visions trompeuses, le monde des médiums. C'est le grand «
serpent astral » d'
Eliphas Lévi. Aucune
fleur cueillie dans ces régions n'a encore jamais été rapportée sur terre sans un
serpent enroulé autour de sa tige. C'est le monde de la grande illusion.
(19) La région de la pleine conscience spirituelle au delà de laquelle il n'y a plus de danger pour celui qui l'a atteinte.
(20) L'
initié qui conduit le
disciple, par la connaissance qui lui est donnée, à sa naissance spirituelle ou seconde, est appelé le Père,
Gourou ou Maître.
(21) Ajnâna est l'
ignorance ou la non-sagesse, l'opposé de la connaissance ou Jnana.
(22) Mâra dans les régions
exotériques est un démon, un asoura : mais en philosophie
ésotérique, il est la personnification de la tentation par les vices des hommes, et, traduit littéralement, signifie « ce qui tue » l'
âme. Il est représenté comme Roi (des mâras), avec une
couronne où brille un joyau d'un tel éclat, qu'il aveugle ceux qui le regardent : cet éclat est évidemment une allusions à la fascination exercée par le vice sur certaines natures.
(23) « Le pouvoir enflammé » est Koundalinî.
(24) « Pouvoir » et « Mère du monde » sont des noms données à Koundalinî, l'un des pouvoirs
mystiques des
Yogis. C'est Bouddhi considéré comme principe actif au lieu de passif (tandis qu'il est généralement passif, quand on ne le considère que comme le véhicule ou l'écrin de l'
Esprit suprême, Atma). C'est une
force électro-spirituelle, un pouvoir créateur qui une fois éveillé à l'activité peut tuer aussi bien que créer.
(25) Kechara, qui se promène ou va au
ciel. Ainsi que l'explique le 6ème Adhyâya de ce roi des traités
mystiques, le
Jnâneshwari, le
corps du
Yogi devient comme formé du vent ; comme « un nuage d'où les membres auraient poussé ». Après quoi « il (le
Yogi) aperçoit les choses qui sont au delà des mers et des étoiles : il entend la langage des Dévas et le comprend, et perçoit ce qui se passe dans l'
esprit de la fourmi »
(26) Le Soi supérieur.
(27) La vina est un instrument hindou à cordes ressemblant à un luth.
(28) Les six principes : c'est-à-dire quand la personnalité inférieure est détruite et que l'individualité intérieure est plongée et perdue dans le septième principe ou
Esprit.
(29) Le
disciple est un avec
Brahma ou l'Atman.
(30) La forme astrale produite par le principe kamique, le kama-roupa ou
corps du désir.
(31) Mânasa-roupa. Le premier se rapporte au soi astral ou personnel : le second à l'individualité ou l'Ego qui se réincarne, et dont la conscience sur notre plan, ou
Manas inférieur, doit être paralysée.
(32) Koundalinî est appelé le pouvoir serpentin ou annulaire à cause de son travail ou progrès en spirale dans le
corps du
Yogi qui développe ce pouvoir en lui-même. C'est un pouvoir électrique,
igné,
occulte ou fohatique, la grande
force primitive cachée sous toute matière organique et inorganique.
(33) Il est parlé de ce Sentier dans toutes les uvres
mystiques. Comme dit
Krishna dans le
Jnâneshwari : « Quand ce sentier est aperçu, que l'on se dirige vers la floraison de l'orient ou les
chambres de l'ouest,
sans mouvement, ô porteur de l'arc,
est le voyage sur cette route. Dans ce sentier, quelque part qu'on veuille aller, cet endroit, devient vous-même ». « Tu es le sentier », est-il dit au
Gourou adepte, et par celui-ci au
disciple, après l'
initiation. « Je suis la voie et le Sentier » dit un autre Maître.
(34) L'adeptat, la « floraison de
Bodhisattva ».
(35) Tanhâ, la volonté de vivre, la crainte de la mort et l'
amour de la vie, la
force ou énergie qui cause les renaissances.
(36) Voir
Note 23.
(37) Ces sons
mystiques, cette mélodie qu'entend l'
ascète au début de son cycle de méditation, sont appelés Anâhatashabda la par les
Yogis. L'anâhata est le quatrième
chakra.
(38) Ceci veut dire qu'au sixième stade de développement, qui dans le système
occulte est Dhâranâ, tout sens, comme faculté individuelle, doit être tué (ou paralysé) sur ce plan, en passant et se plongeant dans le septième sens, le plus spirituel.
(39) Voir
Note 2.
(40) Chaque stade de développement en Râja-Yoga est symbolisé par une figure géométrique. Celle-ci est le
triangle sacré et précède Dhâranâ. Le U+25B3 est le signe des hauts chélas, tandis qu'un
triangle d'une autre sorte est celui des hauts
Initiés. C'est le
symbole "Je" dont parle Bouddha et qu'il emploie comme
symbole de la forme incarnée de Tathâgata, lorsqu'il est débarrassé
des trois méthodes de Prajnâ. Une fois franchis les échelons préliminaires et inférieurs, le
disciple ne voit plus le U+25B3, mais le abréviation du , le septenaire complet. Sa vraie forme ne peut être donnée ici, car il est presque sûr qu'elle serait saisie au vol par des charlatans et employée à des usages
sacrilèges et malhonnêtes.
(41) L'étoile qui
brûle au-dessus de la tête est « l'étoile de l'
initiation ». La marque de caste des Shaïvas, ou fidèles de la secte de Shiva, le grand patron de tous les
Yogis, est un point noir et rond,
symbole peut-être du
soleil à l'heure actuelle, mais
symbole de l'étoile de l'
initiation en occultisme, aux
jours de jadis.
(42) La base (oupâdhi) de la
flamme qui ne peut jamais être atteinte, tant que l'
ascète est encore dans cette vie.
(43) Dhyâna est l'avant-dernière étape sur cette
Terre, à moins qu'on ne devienne un Mahâtma complet. Comme on l'a déjà dit, dans cet état, le Râjayogi est encore spirituellement conscient de soi, et du travail de ses principes supérieurs. Un pas de plus, et il sera sur le plan au delà du septième (ou quatrième suivant certaines écoles). Celles-ci après la pratique de Pratyâhâra entraînement préliminaire qui consiste à maîtriser son mental et ses pensées comptent Dhâranâ, Dhyâna et
Samâdhi, et embrassent les trois, sous le nom générique de Samyama.
(44) Samâdhi est l'état où l'
ascète perd la conscience de toute individualité y compris la sienne. Il devient le
Tout.
(45) Les quatre modes de vérité sont en
Bouddhisme septentrional : Kou, souffrance et misère ; Tou, l'assemblage des tentations ; Mu, leur
destruction, et Taou, le Sentier. Les « cinq obstacles » sont la connaissance de la misère, la vérité sur la faiblesse humaine, les abstentions pénibles et la nécessité absolue de se séparer de tous les liens de la passion et même des désirs ; le « Sentier du Salut » est le dernier.
(46) Au portail de l'assemblage, le roi des Mâras, le Mahâ Mâra, se tient, essayant d'aveugler le candidat par l'éclat de son joyau.
(47) Celui-ci est le quatrième des cinq sentiers de la renaissance qui conduisent et précipitent tous les êtres humains en des états perpétuels de douleur et de joie. Ces sentiers ne sont que des subdivisions du
sentier unique, le sentier suivi par Karma.