Saint Sylvestre, élu pape le 21
janvier 314, était
Romain de naissance et succéda à
saint Miltiade. Il avait été ordonné
prêtre par le
pape saint Marcellin. C'est tout ce que l'on sait de sa famille et de sa vie avant son élévation.
Le
pontificat de saint Sylvestre eût pu être heureux et tranquille, grâce à la protection de Constantin, mais les
donatistes troublèrent de nouveau la paix de l'
Eglise. Mécontents de la décision du
concile de Rome, que
saint Militiade avait présidé,
ils en firent convoquer un autre dans
Arles, où ils réitérèrent leurs accusations contre Cécilien.
Saint Sylvestre fut représenté dans ce
concile par ses
légats. Cécilien fut de nouveau justifié ; mais les persécutions des
donatistes devaient encore se prolonger longtemps, ainsi qu'on peut le voir dans les articles
Cécilien,
Constantin,
Donat,
saint Augustin, etc.
Ce fut aussi sous le
pontificat de saint Sylvestre qu'éclata
l'hérésie d'
Arius et que Constantin convoqua, en 325, à
Nicée, le premier
concile cuménique (voyez
Constantin le Grand,
Arius,
saint Athanase), où l'on fixa d'une manière irrévocable le dogme de la
consubstantialité du Verbe ; et cette décision solennelle est devenue le
symbole ou profession de foi qui se répéte chaque
jour dans le saint sacrifice. On y établit aussi l'uniformité de la célébration de la pâque pour toutes les
églises de l'Orient et de l'Occident, qui fut indiquée pour le dimanche après le quatorzième
jour de la
lune de mars. Le pape envoya des
légats à ce
concile, ne pouvant y assister, à cause de son grand âge.
Il fut également témoin de la translation du
siège de l'empire à Byzance (en 328) ; et ce mémorable événement,
qui étendit d'une manière si glorieuse l'empire de la vraie
religion,
fut également l'uvre du grand Constantin, qui donna son nom à
la nouvelle capitale du monde chrétien. Quelques années auparavant
(en 321), pendant un séjour de trois mois que ce même empereur fit
à Rome, il avait témoigné une estime et une affection particulière
à saint Sylvestre, en ornant magnifiquement une
église que le
pontife
avait fait construire dans la maison de l'un de ses
prêtres ; mais on ne
voit rien, dans l'
histoire contemporaine, de cette
donation de Constantin,
que l'on prétendit depuis avoir été faite à saint
Sylvestre, et qui devait contenir une concession formelle de la dignité
et de la puissance temporelle. Cet acte semble avoir été ignoré
jusqu'au VIIIème siècle, où il paraît que ce fut le
pape
Adrien Ier (en 775) qui en parla le premier. On y a cru cependant, et non
seulement les papes, mais les Empereurs eux-mêmes (voyez la lettre de l'empereur
Frédéric à
Adrien IV, en 1159), ainsi que d'autres personnages
d'une science éminente, tels que le saint abbé de Clairvaux, la
citaient comme authentique. On commença seulement au
XIIème siècle
à élever des doutes sur ce point (voyez la
Chronique
de Godefroi de
Viterbe et l'
Histoire ecclésiastique de
Fleury,
tome 15, page 478). Dans le XVème et le
XVIème siècle, elle
fut examinée avec encore plus d'attention ; et l'on en a, dit
Fleury, reconnu
entièrement la fausseté. Un des arguments les plus forts avec lesquels
on l'a combattue, c'est qu'il y est dit que Constantin fut baptisé par
le pape Sylvestre, étant à Rome, tandis qu'il est avéré
par l'
histoire que ce prince ne le fut qu'au moment de mourir, par Eusèbe,
évêque de
Nicomédie, ville aux environs de laquelle il se
préparait à la guerre contre les Perses (voyez
Constantin).
On peut voir, dans Fabricius (
Bibliographie grecque, tome 6, page 4), le texte de cette donation imaginaire et l'indication des auteurs qui ont écrit pour ou contre son authenticité. Un des plus anciens qui en aient parlé est
Enée de
Paris, qui vivait en 854. On peut consulter encore J. Vogt,
Historia litteraria Constantini Magni, pp. 44-52, et parmi les écrivains plus modernes, le célèbre Muratori. Les actions particulières de saint Sylvestre sont restées ignorées.
Il mourut en l'an 335, le 31 décembre,
jour auquel on honore sa mémoire. Il avait tenu le
saint-siège pendant vingt-et-un ans et onze mois. Ce fut
saint Marc qui lui succéda.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 40 - Page 521)