Pierre Commelin Midas, fils de
Gorgias et de
Cybèle, régna dans
cette partie de la grande
Phrygie où
coule le Pactole.
Bacchus étant venu en ce pays, accompagné des Satyres et de Silène, le bon vieillard s'arrêta près d'une fontaine où
Midas avait fait verser du vin pour l'attirer. Quelques paysans qui le trouvèrent ivre en cet endroit, après l'avoir paré de guirlandes, le conduisirent à
Midas. Ce prince, instruit dans les mystères par Orphée et
Eumolpe, reçut de son mieux le vieux Silène, le retint pendant dix
jours qui se passèrent en réjouissances et en festins, et le rendit à
Bacchus.
Ce
dieu, charmé de revoir son père nourricier, dit au roi de
Phrygie de lui demander tout ce qu'il souhaiterait.
Midas le pria de faire en sorte que tout ce qu'il toucherait se changeât en or.
Bacchus y consentit.
Les premiers essais de
Midas l'éblouirent ; mais, ses aliments mêmes se changeant en or, il se vit pauvre au milieu de cette trompeuse abondance qui le condamnait à mourir d'inanition, et fut obligé de prier
Bacchus de lui retirer un don fatal qui n'avait de bien que l'apparence.
Bacchus, touché de son repentir, lui ordonna de se plonger dans le Pactole.
Midas obéit, et, en perdant la vertu de convertir en or tout ce qu'il touchait, il la communiqua au Pactole qui, depuis ce temps, roule un sable d'or.
Ovide ajoute à cette première
fable celle qui suit, et qui se rattache à celles de
Pan et d'
Apollon : «
Pan, s'applaudissant un
jour, en présence de quelques jeunes nymphes, sur la beauté de sa voix et sur les doux accents de sa flûte, eut la témérité de les préférer à la lyre et aux chants d'
Apollon, et poussa la vanité jusqu'à lui porter un défi.
Midas, ami de
Pan, pris pour
juge entre les deux rivaux, adjugea la victoire à son ami.
Apollon, pour s'en venger, lui donna des oreilles d'âne. Judas prenait grand soin de cacher cette difformité, et la couvrait sous une tiare magnifique. Le barbier qui avait soin de ses
cheveux s'en était aperçu, mais n'osait en parler. Fatigué du poids d'un tel secret, il va dans un lieu écarté, fait un trou dans la terre, en approche la bouche, et y dit à voix basse que son maître a des oreilles d' âne ; puis il ferme le trou, et se retire. Quelque temps après, il en sortit des roseaux qui, séchés au bout d'une année, et agités par le vent, répétèrent les paroles du barbier, et apprirent à tout le monde que
Midas avait des oreilles d'âne. »
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine