Albert Poisson
Symbole de l'
argent préparé pour l'uvre.
Albert Poisson, Théories et symboles des alchimistes (1891) - Dictionnaire des symboles hermétiques
Dom Antoine-Joseph Pernéty Surnommé
Trismégiste, ou trois fois grand, est regardé comme le père de l'
Alchymie, qui de lui a pris le nom d'Art
Hermétique. Il était Egyptien, et le plus savant homme connu jusqu'à présent. Voyez son
histoire et les
fables qu'on a inventées à son sujet dans le premier livre des
Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.
Hermès est aussi le nom que quelques Chymistes ont donné au nitre.
Blancart.
Hermès est encore un des noms, et le nom propre du mercure des Philosophes, parce qu'il est en effet le mercure des
corps et particulièrement celui de tous les individus du règne minéral.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.
Pierre Commelin
Mercure était fils de Jupiter et de Maïa, fille d'
Atlas. Les Grecs le nommaient "
Hermès", c'est-à-dire interprète ou messager.
Son nom latin venait du mot "
Merces", marchandise. Messager des
dieux et en particulier de Jupiter, il les servait avec un zèle infatigable et sans
scrupule, même dans des emplois peu honnêtes. Il participait, comme ministre ou serviteur, à toutes les affaires. On le voit s'occuper de la paix et de la guerre, des querelles et des
amours des
dieux, de l'intérieur de l'
Olympe, des intérêts généraux de monde, au
ciel, sur la terre et dans les Enfers. Il se charge de fournir et servir l'
ambroisie à la table des Immortels, il préside aux
jeux, aux assemblées, écoute les harangues, y répond
soit par lui-même, soit d'après les ordres qu'il a
reçus. Il conduit aux Enfers les
âmes des morts avec
sa baguette divine ou son
caducée ; il les ramène
quelquefois sur la terre. On ne pouvait mourir avant qu'il eût
entièrement rompu les liens qui rattachent l'
âme au
corps.
Dieu de l'éloquence et de l'art de bien
dire, il était aussi celui des voyageurs, des marchands et
même des filous. Ambassadeur
plénipotentiaire des
dieux,
il assiste aux traités d'alliance, les sanctionne, les ratifie,
et ne reste pas étranger aux déclarations de guerre
entre les cités et les peuples. De
jour, de nuit, il ne cesse
d'être vigilant, attentif, alerte. C'est en un mot le plus
occupé des
dieux et des hommes. S'agit-il d'accompagner,
de garder
Junon, il est là tout près d'elle ; faut-il
la surveiller, l'empêcher d'ourdir quelque intrigue, il est
là encore, toujours disposé à remplir son emploi.
Il est envoyé par Jupiter pour lui préparer ses entrées
auprès des plus aimables d'entre les mortelles, pour transporter
Castor et Pollux à Pallène, pour accompagner le char
de
Pluton qui enlève
Proserpine ; il s'élance du haut
de l'
Olympe, et traverse l'espace avec la rapidité de l'éclair.
C'est à lui que les
dieux confièrent la mission délicate
de conduire devant le berger
Pâris les trois déesses
qui se disputaient le prix de la beauté.
Tant de fonctions, tant d'attributs divers
accordés à
Mercure lui conféraient une importance
considérable dans les conseils des
dieux. D'autre part, les
hommes ajoutaient encore à ses qualités divines, en
lui attribuant mille talents industrieux. Non seulement il contribuait
au développement du commerce et des arts, mais c'est lui,
disait-on, qui avait formé le premier une langue exacte et
régulière, lui qui avait inventé les premiers
caractères de l'écriture, réglé l'
harmonie
des phrases, imposé des noms à une infinité
de choses, institué des pratiques
religieuses, multiplié
et affermi les relations sociales, enseigné le devoir aux
époux et aux membres de la même famille. Il avait aussi
appris aux hommes la lutte et la danse, et en général
tous les exercices du stade qui nécessitent de la
force et
de la grâce. Enfin il fut l'inventeur de la lyre, à
laquelle il mit trois cordes, et qui devint l'attribut d'
Apollon.
Ses qualités
ne laissaient pas d'être rachetées par quelques défauts.
Son
humeur inquiète, sa conduite artificieuse lui suscitèrent plus d'une
querelle avec les autres
dieux. Jupiter même, oubliant un
jour tous les
services de ce dévoué serviteur, le chassa du
ciel et le réduisit
à garder les troupeaux sur la terre : ce fut dans le temps où
Apollon
était frappé de la même disgrâce.
On a mis sur le compte de
Mercure un grand
nombre de filouteries. Etant encore
enfant, ce
dieu des marchands
et des larrons avait dérobé à
Neptune son trident,
à
Apollon ses
flèches, à
Mars son
épée,
à
Vénus sa ceinture. Il vola aussi les bufs
d'
Apollon ; mais, en vertu d'une convention pacifique, il les échangea
contre sa lyre. Ces larcins,
allégories assez transparentes,
indiquent que
Mercure, sans doute personnification d'un mortel
illustre,
était à la fois habile navigateur, adroit à
tirer de l'arc, brave à la guerre, élégant
et gracieux dans tous les arts, commerçant consommé,
faisant l'échange de l'agréable contre l'utile.
Il se rendit coupable d'un meurtre pour servir les
amours de Jupiter.
Argus, fils d'Arestor, avait cent yeux, dont
cinquante restaient ouverts pendant que le sommeil fermait les cinquante
autres.
Junon lui confia la garde d'
Io changée en vache ;
mais
Mercure endormit au son de sa flûte ce gardien vigilant,
et lui coupa la tête.
Junon, désolée et déçue,
prit les
yeux d'Argus et les répandit sur la queue du paon.
D'autres racontent qu'
Argus fut métamorphosé en paon
par cette déesse.
Le culte de
Mercure n'avait rien de particulier,
sinon qu'on lui offrait les langues des victimes,
emblème
de son éloquence. Par la même raison, on lui offrait
du lait et du miel. On lui
immolait des veaux et des
coqs. Il était
spécialement honoré en
Crète, pays de commerce,
et à
Cyllène en Elide, parce qu'on le croyait né
sur le mont du même nom, situé près de cette
ville. Il avait aussi un oracle en
Achaïe. Après beaucoup
de cérémonies, on parlait au
dieu à l'oreille,
pour lui demander ce qu'on désirait. Ensuite on sortait du
temple, les oreilles bouchées avec les mains, et les premières
paroles qu'on entendait étaient la réponse du
dieu.
A Rome, les
négociants célébraient une fête en son honneur, le
15 mai,
jour où on lui avait dédié un temple dans le cirque.
Ils sacrifiaient une truie pleine et s'aspergeaient de l'
eau d'une certaine fontaine
à laquelle on attribuait une vertu divine, priant le
dieu de favoriser
leur trafic et de leur pardonner leurs petites supercheries.
Les "ex-voto" que les voyageurs lui offraient au retour d'un
long et pénible voyage étaient des pieds ailés.
Comme divinité tutélaire,
Mercure
est ordinairement représenté avec une bourse à
la main gauche, et à l'autre un rameau d'olivier et une massue,
symboles, l'un de la paix, utile au commerce, l'autre de la
force
et de la vertu, nécessaires au trafic. En qualité
de négociateur des
dieux, il porte à la main le
caducée,
baguette magique ou divine,
emblème de la paix. Le
caducée
est entrelacé de deux
serpents, de sorte que la partie supérieure
forme un arc ; il est de plus surmonté de deux ailerons.
Le
dieu a des ailes sur son bonnet, et quelquefois à ses
pieds, pour marquer la légèreté de sa course
et la rapidité avec laquelle il exécute les ordres.
On le représente d'ordinaire en jeune homme, beau
de visage, d'une taille dégagée, tantôt nu, tantôt avec
un manteau sur les épaules, mais qui le couvre à peine. Il a souvent
un chapeau qu'on appelle "
pétase", auquel sont attachées
des ailes. Il est rare de le voir assis. Ses différents emplois au
ciel,
sur la terre, et dans les Enfers, le tenaient continuellement en activité.
Dans quelques peintures, on le voit avec la moitié du visage claire, et
l'autre noire et sombre : ce qui indique que tantôt il est dans le
ciel
ou sur la terre, tantôt dans les Enfers où il conduit les
âmes
des morts.
Lorsqu'on le représentait avec une
longue barbe et une figure de vieillard, on lui donnait un manteau descendant
jusqu'à ses pieds.
Mercure est, dit-on, le père du
dieu
Pan,
fruit de ses
amours avec Pénélope. Mais Pénélope
ne fut pas la seule mortelle ou déesse honorée de
ses faveurs ; il y eut encore
Acacallis, fille de
Minos, Hersé,
fille de
Cécrops, Eupolémie, fille de
Myrmidon, qui
le rendit père de plusieurs
enfants, Antianire, mère
d'Echion,
Proserpine, et la nymphe Lara, dont il eut les
dieux Lares.
"Hermès" étant au propre
le nom grec de
Mercure, on appelait de ce nom certaines statues,
faites de marbre et quelquefois de bronze, sans bras et sans pieds.
Les Athéniens et, à leur exemple, les autres peuples
de la Grèce, et même, par la suite, les Romains plaçaient
des hermès dans les carrefours des villes et les grandes
routes, parce que
Mercure présidait aux voyages et aux chemins.
Ordinairement, l'hermès n'est qu'un pilastre surmonté d'une
tête ; s'il y a deux têtes, c'est toujours celle de
Mercure réunie à celle d'une autre divinité.
Le mercredi,
jour de la semaine, lui est consacré ("
Mercurii dies").
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 57-63.