IV - MARCILIUS FICIN
Vapeurs ou Esprits - Rôle de l'attention et du désir
L'un des premiers auteurs de la Renaissance qui offrent à la raison une explication compréhensible des effets que l'on produit par le
magnétisme est MÀRCILIUS FICIN (1433 à 1499), savant médecin et professeur de philosophie
platonicienne à Florence.
Ficin publia de nombreux ouvrages dont plusieurs furent réimprimés. Un des plus importants, touchant la question qui nous occupe, fut traduit en français par Jehan Beaufilz, sous ce titre :
De la Vie saine et de la Vie longue, 2 vol.
in-12, 1541. Ses oeuvres complètes, recueillies et publiées en 2 vol. in-folio,
Bâle, 1651, furent plusieurs fois réimprimées.
Dans le but de combattre le spiritualisme
mystique et la crédulité orthodoxe des chrétiens de son temps, l'auteur cherche à opposer des faits matériels aux causes physiques. Pour lui, il n'y a pas de miracles ; et les faits extraordinaires considérés comme tels ne sont dûs qu'à des causes purement physiques que l'on n'a pas suffisamment étudiées. II affirme que « l'
esprit étant affecté de violents désirs peut agir, non seulement sur son propre
corps, mais encore sur un
corps voisin, surtout si ce
corps est uniforme par sa nature et s'il est plus faible. »
Il remarque que cette action se produit par une sorte d'ascendant du
plus fort sur le plus faible et qu'elle a lieu par l'intermédiaire d'un
agent qui n'est autre que le fluide des magnétiseurs contemporains, c'est-à-dire l'
agent magnétique qui sert de base à la théorie de l'Ecole. De plus, l'action de cet
agent est soumise au désir, à l'attention, à la volonté. « Si une vapeur ou un certain
esprit lancé par les rayons des yeux ou autrement émis, dit-il, peut fasciner, infecter, ou autrement affecter une personne qui est près de vous, à plus forte raison vous devez vous attendre à des effets plus marqués quand cet
agent découle de l'imagination et du
coeur en même temps. De manière qu'il n'est pas du tout étonnant que les maladies du
corps puissent quelquefois, de la sorte, être enlevées, et surtout communiquées. »
A cette époque de transition où le règne de la sorcellerie allait bientôt commencer à s'affaiblir, pour faire place au règne de la sience guidée par la raison, les sorciers passaient pour guérir quelques maladies ; mais on les accusait surtout d'en donner. On ne doit donc pas s'étonner que les meilleurs auteurs, fatalement imbus des préjugés de leur temps, parlent plus souvent de rendre malades ceux qui sont bien portants, que de guérir ceux qui ont perdu la santé. Le principe n'est pas identiquement le même, mais il y a assez d'analogies dans les deux cas pour qu'ils soient souvent confondus. Toujours est-il que Ficin reconnaît :
1° l'
agent magnétique sous la forme d'une vapeur ou d'un certain
esprit qui se communique de l'un à l'autre ;
2° que l'action de cet
agent est en partie soumise au désir, à l'attention, à la volonté. Et ces deux facteurs sont et resteront les plus importants de l'action que les individus exercent ou peuvent exercer les uns sur les autres. Dans tous les cas, ils servent de base à presque toutes les théories qui furent établies pour expliquer les effets du
magnétisme.