Cet article a paru originellement dans le N°176 de la revue
Le Symbolisme (août-septembre 1933). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.
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Franc-Maçonnerie >> Articles & Interviews Au hasard d'une recherche effectuée dans l'Initiation, revue occultiste fondée par Papus en octobre 1888, nous retrouvons sous notre signature, un article que nous croyons bon de transcrire en ses grandes lignes :
Les Loges françaises viennent d'être saisies (en 1890) d'une question de la plus haute importance : il ne s'agit rien moins que de l'admission de la femme dans la Franc-Maçonnerie.
Ce n'est point là, il est vrai, une question aussi nouvelle qu'on pourrait. le croire, car elle fut agitée en France dès 1730, cinq ans à peine après l'introduction de la Maçonnerie moderne en notre pays. L'idée ne devait cependant prendre
corps, d'une façon définitive, qu'en 1774, époque où le patronage officiel du Grand Orient de France, donna naissance à la
Maçonnerie des Dames, dite
Maçonnerie d'adoption.
Parmi les Loges féminines alors créées, la Loge
La Candeur fut la plus brillante. Les
duchesses de
Chartres et de Bourbon participèrent, en mars 1776, avec la princesse de
Lamballe, à la fondation de cet aristocratique
atelier. Mise à la mode en haut lieu, la Maçonnerie d'adoption eut la vogue éphémère des frivolités mondaines. En 1805, l'
impératrice Joséphine eut beau s'y intéresser, la futilité n'a qu'un temps et les
dames ne songèrent plus, au cours du XIXème siècle, à se livrer aux
jeux innocents de la Maçonnerie.
Les Maçons actuels comprennent qu'ils ont le devoir de ne pas abandonner la femme à l'obscurantisme et que l'émancipation maçonnique ne doit. pas se borner au seul sexe fort. Allais comment faire
participer la femme à l'uvre humanitaire de la Franc-Maçonnerie ?
Convier la femme aux pompes de la Maçonnerie ne remplirait
pas le but sérieux que se proposent les novateurs. Sous ce rapport, l'
Eglise
déploie des séductions qui défient toute concurrence. Il ne s'agit plus de distraire aimablement ces
dames en les appelant à jouer, comme jadis, à la Maçonnerie, car le
jeu n'est plus de saison. La construction d'une humanité meilleure ne saurait s'effectuer sous forme de divertissement. Si la femme veut apprendre à travailler maçonniquement, elle doit se résigner à un très austère apprentissage.
Suffit-il pour cela de la soumettre aux
rites masculins ? Quand nous lui aurons montré la vraie lumière sous ce
symbole d'une
flamme de
lycopode, sera-t-elle plus avancée que les FF
:., qui ne savent y voir que du
feu ? Nous n'en sommes, hélas, nous mâles, qu'au balbutiement de nos mots sacrés. N'est-il point présomptueux de notre part de nous risquer à
initier la femme ?
Nous allons lui montrer des
symboles dont nous ne saisissons pas la portée et nous la soumettrons à des
rites qui ne sont pas ceux de l'
Initiation féminine. Il en résultera que la femme pratiquera nos
symboles avec toute notre puérile incompréhension et qu'elle se croira Maçonne comme le baptisé se croit chrétien. Il y a cependant loin du
signe à la
réalité, mais cette distinction est trop subtile pour les
adeptes uniquement
formels de la Maçonnerie.
Comment résoudront-ils la question qui se pose devant eux ? Il est probable qu'une expérience sera tentée. Puisse-t-elle nous acheminer vers l'
Initiation réelle des deux sexes ! Nos tâtonnements mettront une femme de génie sur la voie du pur
féminisme initiatique. Alors, c'est nous, mâles peu
sagaces, qui serons
initiés par la femme.
Oswald Wirth
Août 1890