France-Spiritualités : Serge Caillet, bonjour, et merci d'avoir accepté cette entrevue. Première question : pourquoi avoir décidé d'écrire une biographie de cet homme hors du commun qu'était Monsieur Philippe, alors que d'autres comme Alfred Haehl et Philippe Encausse l'avaient déjà fait ?
Serge Caillet : Ni Philippe Encausse, ni Alfred Haehl,
disciples l'un et l'autre de M. Philippe, le premier à titre posthume, le second de manière directe, n'ont voulu faire uvre d'
historien, mais leurs ouvrages portent témoignage de certains faits et paroles de leur maître spirituel commun, qu'ils avaient souhaité l'un et l'autre, chacun à sa façon, communiquer à leurs contemporains. Dans une moindre mesure,
l'opuscule plus ancien de Jean Bricaud, qui n'était pas,
lui, un
disciple de M. Philippe, quoiqu'il l'ait connu, apporte
son propre témoignage, tout en rassemblant lui aussi
quelques faits historiques.
D'autre
part, lorsque des
historiens se sont intéressés au cas de M. Philippe, ce n'était
qu'à titre accessoire, en marge de biographies de Nicolas II ou de Raspoutine.
Il manquait donc un livre qui, du point de
vue de la recherche historique car
vous avez compris que je ne suis pas un
disciple de M. Philippe comblât cette
lacune en retraçant autant que possible les faits attestés de sa vie.
En 1986, Robert Amadou, exécuteur testamentaire du legs Philippe
Encausse à la Bibliothèque Municipale de
Lyon, m'avait confié l'édition de deux
manuscrits de ce dépôt qui intéressaient directement M. Philippe : un gros cahier
autographe de Papus et une série de notes dactylographiées de comptes rendus de
séances lyonnaises. Préparant l'édition de ces deux pièces, je rédigeai d'abord
une introduction. Diverses circon-stances ayant retardé à plusieurs reprises l'édition
projetée, ce premier texte a été considérablement augmenté au point de se transformer
en une petite biographie. Entre temps, la Providence m'avait en effet permis de
retrouver aux Archives départementales du Rhône le dossier de police de M. Philippe
dont Philippe Encausse connaissait l'existence, mais qu'il n'avait quasiment pas
exploité.
France-Spiritualités : M. Philippe était essentiellement connu, à
l'époque, pour ses dons de guérisseur, qu'il exerçait à Lyon, et pour son immense
charité envers les plus pauvres. Pouvez-vous nous en parler ?
Serge Caillet : Ce sont les chiffres qui parlent d'eux-mêmes
: une centaine de personnes environ se pressait chaque
jour
devant l'hôtel particulier de la rue Tête d'Or, à
Lyon, ou officiait
M. Philippe dans des séances collectives destinées
au soulagement des malades. Des dizaines d'attestations de guérisons
j'en ai exploité quelques-unes mais il en existe
encore beaucoup d'autres -- dont certaines sont très émouvantes,
témoignent de la réalité des dons exceptionnels
de M. Philippe. Beaucoup d'autres témoignages ont été
consignés par des observateurs, dont certains par Papus
lui-même, qui était médecin, comme d'ailleurs
son ami Marc Haven, gendre de M. Philippe : un
enfant de quatorze
ans, mourant de méningite tuberculeuse et d'une phtisie
intestinale est guéri en un quart d'heure. La jambe desséchée
d'une
enfant de douze ans reprend son volume normal en une séance.
L'appendice xiphoïde d'une autre petite fille, tragiquement
retourné, reprend sa position normale. Ce ne sont que
quelques exemples parmi d'autres, beaucoup d'autres. Je connais
même des
disciples de M. Philippe qui sont convaincus que celui-ci
a ramené des morts à la vie...
Dans tous les cas, M. Philippe
soigne gratuitement et il distribue même généreusement aux indigents la fortune
que lui a procuré son
mariage d'
amour. Il règle les dettes des uns, paie le loyer
des autres, et ceci avec la plus grande discrétion.
France-Spiritualités : M.
Philippe a réussi à poursuivre ses activités de guérisseur
malgré de nombreuses tracasseries policières et judiciaires, que
ses relations avec les têtes couronnées de l'époque n'ont
d'ailleurs fait qu'exacerber...
Serge Caillet : On sait encore peu de choses
des relations de M. Philippe avec certains souverains : Guillaume II de Prusse,
Léopold II de Belgique, Edouard VIII d'Angleterre,
Humbert 1er et Emmanuel III
d'Italie, Nicolas 1er de Monténégro. En revanche, ses relations privilégiées avec
Nicolas II et Alexandra sont assez bien documentées, d'une part parce que M. Philippe
lui-même, ou certains de ses proches en ont parlé, mais aussi parce que celles-ci
lui ont valu une étroite surveillance de la police française, et aussi de la police
russe d'ailleurs. A partir de 1901, après une rencontre privée qui eut lieu à
Compiègne à l'occasion d'un séjour en France du couple impérial, M. Philippe qui
avait déjà séjourné en Russie à l'invitation de certains proches du
tsar, a été
introduit officiellement à la cour de Russie, et même dans l'intimité de Nicolas
II et d'Alexandra. Cela lui a valu des tracasseries sans nombre, tant de la part
de la presse
européenne, incapable d'imaginer en lui autre chose qu'un escroc
ou un intrigant, que des polices russe et française, je vous l'ai dit. Ces ennuis
faisaient d'ailleurs suite à ceux que lui avaient déjà valu en France des procès
pour exercice illégal de la médecine.
France-Spiritualités : La spiritualité
de M. Philippe, dans son ensemble, paraît très difficilement identifiable à quelque
doctrine que ce soit. Sans doute est-ce pour cela qu'il se disait simplement "Ami
de Dieu". Est-ce votre avis ?
Serge Caillet : La spiritualité de M.
Philippe selon les plus intelligents et les plus fidèles de ses
disciples, c'est
l'
Evangile seul. Sédir, en particulier, s'était appliqué à juger à la lumière
de l'
Evangile toutes les paroles, toutes les directives qu'il avait recueillies
de la bouche même de M. Philippe et il avait apprécié leur
fidélité au message
évangélique et à l'enseignement de Jésus-Christ. Cela commence par l'
amour du
prochain, car comme le dit l'Apôtre, si je n'ai pas la
caritas, je ne suis
rien. M. Philippe, lui, avait la
caritas et il cherchait à entraîner
ses
disciples dans cette voie-là, qui est encore une fois celle de l'
Evangile,
et rien d'autre, assurément, pour l'essentiel.
France-Spiritualités :
Ainsi que vous le dites dans l'avant-propos de votre ouvrage, la liste des citations
attribuées à M. Philippe n'a cessé de croître au fil du temps -- comme cela se
produit souvent avec des personnages de cette dimension. Quels critères avez-vous
appliqué, en tant que chercheur, pour effectuer le tri ? Et quelles sont, selon
vous, les sources les plus sûres concernant M. Philippe ?
Serge Caillet : Oui, des propos
apocryphes ont pu se glisser
partout. A vrai dire, contrairement à d'autres auteurs comme
Philippe Encausse ou Alfred Haehl, je n'ai pas eu à effectuer
de tri ce dont je m'avoue bien incapable mais
j'ai présenté deux manuscrits dans leur intégralité.
Ce sont des témoignages qu'il faut prendre comme tels,
avec leurs
forces et leurs faiblesses sans doute. D'autres témoignages
du même genre existent, qui sont complémentaires et dont
je souhaite que soit un
jour entreprise la publication. Quant
aux sources les plus sûres, il faut certainement privilégier
ses intimes, à commencer par le Dr Emmanuel
Lalande, dit Marc
Haven, sa fille Victoire naturellement, Sédir, Papus…
sans oublier que, dans tous les cas, de même que l'observateur
modifie le phénomène observé, l'auditeur modifie,
interprète souvent malgré lui les propos entendus qu'il
essaie de restituer.
France-Spiritualités : Vous avez publié dans votre ouvrage le carnet de Papus dans
lequel celui-ci a relevé et classé des propos de M. Philippe. On
y trouve des choses assez surprenantes hommes-racines, êtres ailés,
races mi-animales mi-humaines, etc. tellement surprenantes, même, que
Philippe Encausse les a d'ailleurs retirées de la deuxième édition
de son ouvrage intitulé Maître Philippe.
Serge Caillet : C'est
vrai que Philippe Encausse avait finalement préféré retirer
certaines paroles des nouvelles éditions de son livre, après que
Robert Ambelain lui ait fait observer leur caractère aberrant, c'est du
moins ce que Robert Ambelain lui-même, qui n'était pas du tout un
disciple de M. Philippe, m'avait dit. Ce sont des propos qui surprennent, et même
qui choquent parfois, par leur étrangeté. Papus a noté, sans
autre commentaire, ce qu'il avait entendu ou compris. De quoi parlait alors M.
Philippe ? Sur quel plan situait-il ces "réalités" qui
ne me semblent pas nécessairement correspondre, dans sa bouche, à
quelque chose de physique ? Je n'ai pas résolu cette question !
France-Spiritualités : Dans le carnet de Papus, on trouve, à l'entrée "Homme"
(p. 165), cette note qui mériterait quelques éclaircissements :
« Chute de l'homme : il n'y en pas eu ». Auriez-vous des éléments
complémentaires à ce sujet ?
Serge Caillet : Je n'en ai aucun.
Mais peut-être ne faut-il pas, là encore, prendre cette note de Papus
au pied de la lettre. Pour la grande tradition judéo-chrétienne
dans laquelle M. Philippe s'inscrit tout à fait en dépit de bizarreries
apparentes la notion de chute de l'homme est un élément permanent
et essentiel.
France-Spiritualités : Une chose est particulièrement choquante
dans les propos attribués à M. Philippe : son antisémitisme plus
que latent. Comment peut-on, à la fois, prôner une spiritualité
extrêmement élevée, accomplir notamment par la prière
des "miracles", se dire "ami de Dieu", et manifester dans
ses paroles une telle défiance à l'égard d'une autre religion
? L'esprit de l'époque peut-il, selon vous, suffire à expliquer
cela ?
Serge Caillet : Il faut en effet d'abord situer les choses dans leur
contexte. Malheureusement, à la fin du
XIXe siècle, la virulence de l'antisémitisme
français ne cède en rien à celui des nazis, qui viendra quelques lustres plus
tard. Celui-ci s'
illustre naturellement à travers la fameuse affaire Dreyfus,
mais pas seulement : en 1895, un député demande l'exclusion de la fonction publique
de tout Français qui ne pourrait justifier de trois
générations d'ancêtres français
et cette proposition de loi n'a pas été repoussée de beaucoup.
La
Libre parole, une feuille
immonde, nationaliste et antisémite,
mène une campagne hystérique contre les Juifs. Voilà pour le contexte qui ne saurait,
certes, tout expliquer et moins encore tout excuser, mais qui n'en est pas moins
un élément essentiel. Dans ce contexte-là, quels propos a exactement tenu M. Philippe
? Des paroles anodines ont pu être entendues ou interprétées dans le sens de la
vague déferlante. Je ne sais. Mais si nous jugeons l'
arbre à ses
fruits, je ne
vois rien dans la conduite de M. Philippe, qui puisse accréditer la thèse d'un
M. Philippe antisémite ; et rien non plus, chez ses
disciples directs c'est
important de le souligner qui aillent dans le sens du courant antisémite, bien
au contraire. Songez que dans l'affaire Dreyfus, par exemple, Papus prendra d'emblée
une position aussi ferme que courageuse en faveur de l'officier français.
France-Spiritualités : Que pouvez-vous nous dire sur
les carnets chiffrés que M. Philippe laissa au Dr Marc
Haven (Emmanuel Lalande, de son vrai nom) et que ce dernier
montra à Papus ? Savez-vous ce qu'ils sont devenus ?
Serge Caillet : M. Philippe n'a pas seulement laissé des documents chiffrés destinés
à Marc Haven, ou encore à Sédir, sous forme de carnets, mais aussi sous forme
de petits rouleaux de quelques centimètres de large et d'un mètre de longueur
environ. Les uns et les autres ont été conservés dans des collections privées,
et il ne devrait pas être trop difficile de les déchiffrer puisque M. Philippe
a également laissé un instrument une sorte de réglette qui permettait la
codification, et donc le déchiffrement, de ces textes.
France-Spiritualités
: Vous êtes spécialiste à la fois de Martines de Pasqually
et de M. Philippe. Le premier n'enseignait pas la réincarnation, au sens
actuel du terme, alors que le second allait jusqu'à évoquer des
règles quasiment mathématiques en ce domaine et affirmait connaître
ses incarnations précédentes. Quelles conclusions en tirez-vous
?
Serge Caillet : Depuis l'âge de 19 ans, Martines de Pasqually est
cher à mon cur, et je n'ai pas cessé d'étudier sa vie, sa pensée, sa doctrine.
Cette rencontre à travers le temps, je la tiens pour réellement providentielle,
et Martines de Pasqually représente pour moi, entre bien peu, un authentique maître
d'
initiation, dont Louis-Claude de
Saint-Martin, qui m'est cher lui aussi, disait
qu'il était le seul homme vivant dont il n'avait pu faire le tour. M. Philippe,
pour moi, c'est autre chose : je l'ai rencontré, si je puis dire, à travers le
livre si utile de Philippe Encausse dont la lecture m'avait bouleversé. Je venais
d'avoir 20 ans. Puis je m'y suis intéressé pour les raisons que je vous ai indiquées
tout à l'heure. J'admire M. Philippe sans le suivre pour autant en tout.
Martines à sa façon, M. Philippe à sa façon, à deux époques différentes,
représentent deux courants de pensée qui coexistent en Occident au moins depuis
le XVIIIe siècle avant, je ne suis pas sûr l'un qui nie la réincarnation
dans le sens qu'
Allan Kardec, vers 1850, a donné à ce mot de son
invention, l'autre qui, souvent à grand renfort d'exemples tirés
de l'Ecriture, enseigne cette doctrine comme une loi générale.
Pour ma part, et je ne suis pas le seul, je ne crois pas
du tout que l'idée de la réincarnation, telle qu'on l'entend aujourd'hui, ou telle
qu'on l'entendait à l'époque de Papus, corresponde à une réalité ! Et je suis
bien tenté, pour une fois, de suivre
René Guénon quand il affirme que cette notion
est moderne. En particulier, je ne crois pas, mais alors pas du tout, que le Christ
enseignât cette doctrine, et les paroles de l'Ecriture qu'on cite toujours
pour étayer cette thèse sont sans aucun rapport pour qui connaît les textes auxquels
on fait souvent dire n'importe quoi. Encore faut-il se donner la peine d'étudier
le texte grec dans son contexte historique et
théologique ! Origène mis
à part, dont le cas est d'ailleurs plus complexe que ne se plaisent à
le croire nos modernes réincarnationistes qui l'enrôlent un peu trop facilement
dans leurs rangs, aucun Père de l'
Eglise n'enseigne cette doctrine. La préexistence
n'est pas la réincarnation. Et la notion traditionnelle de rotation des
âmes qu'on rencontre dans la Kabbale ne correspond pas à la réincarnation
façon Kardec. Il faudrait aussi évoquer la question complexe des
héritages psychiques...
France-Spiritualités : On sait que M. Philippe
a eu une influence extrêmement profonde sur les occultistes du cercle de Papus,
au point de bouleverser leur approche de la spiritualité et même leur vie tout
entière. Ne pensez-vous pas que c'est principalement à travers l'œuvre de ces
"disciples" qu'a survécu le message de celui en qui ces hommes voyaient
volontiers le "Maître inconnu" ?
Serge Caillet : L'exemple et le
message de M. Philippe ont en effet été relayés de son vivant, puis après le départ
de leur maître, par les
disciples de M. Philippe, dont beaucoup étaient des
compagnons
de route de Papus. Songez d'ailleurs à l'
influence du bon Papus, en particulier
au sein de l'Ordre martiniste ; de Sédir, dont l'uvre littéraire continue
de porter ses
fruits, en dehors comme au sein du cercle des
Amitiés spirituelles,
cette association "libre et charitable", comme elle se définit elle-même,
qu'il a fondé et qui reste bien vivante aujourd'hui. Songez encore à l'
Entente
amicale évangélique de Phaneg, aux
Amis de maître Philippe...
France-Spiritualités : On sait que M. Philippe avait également des dons de voyance
assez surprenants, mais ses prédictions apocalyptiques concernant le monde
ne se sont fort heureusement pas concrétisées. Qu'en pensez-vous
?
Serge Caillet : Je reviens encore et toujours à la question que
je pose à chaque fois que sont rapportés des propos de M. Philippe
: a-t-il vraiment dit cela ? Un
disciple très avisé de M. Philippe,
avec qui j'évoquais précisément ce problème, me soutenait
tout récemment qu'il n'avait jamais tenu pareils propos, ou du moins qu'il
s'agit là d'une interprétation abusive de ses propos... Pour ma
part, je n'en sais rien.
France-Spiritualités : A titre personnel, qu'avez-vous
retiré de l'écriture de ce livre ?
Serge Caillet : J'y ai d'abord
pris beaucoup de plaisir ! En allant ainsi à la rencontre de ce personnage très
singulier, plus singulier encore que bien des singuliers qui m'ont intéressé,
il me plaît de croire que je m'en suis rapproché, qu'il m'est devenu un peu plus
familier. Les hommes et les femmes qui ont fait l'
histoire de l'occultisme, cette
histoire qui, précisément, fait l'objet de mon travail et de mes livres, ne sont
pas des cadavres à autopsier. Ils sont vivants dans le cur de ceux qui les
aiment, et ils sont vivants, je le crois, dans le sein d'Abraham. Alors, parfois,
transcrivant tel ou tel passage, réfléchissant à telle ou telle
énigme de son
histoire, rédigeant tel ou tel passage du livre, je me suis plu à imaginer que
M. Philippe, en ces instants, n'était pas bien loin de moi. Et pourquoi pas, puisqu'il
était dans mon
cœur et dans mes pensées ?
France-Spiritualités : Et dernière
question : vous qui avez "passé" tellement de temps avec M. Philippe
pour écrire cet ouvrage, quel regard portez-vous sur lui à présent
? Etait-il, selon vous, un être missionné ?
Serge Caillet :
Votre question nous ramène à l'essentiel et je suis heureux que nous terminions
ainsi. Je me réfère souvent à l'avis autorisé d'un autre homme de
Dieu, qui était
aussi un homme d'
Eglise : l'abbé Julio, qui, en 1901, avait rendu visite à M.
Philippe à
Lyon et écrivait à son retour : «
Je l'ai entendu prier, et
je me suis courbé devant lui, reconnaissant qu'il avait l'Esprit de Dieu ».
M. Philippe a cherché à vivre en imitant à sa façon le Christ, non pas comme un
singe de
Jésus, mais parce que tout chrétien doit vivre en imitant le Christ dont
il devient alors, par bénédiction divine, le
frère adoptif. M. Philippe,
frère
et ami du Seigneur, je le crois, ne possédait pas pour autant la vérité parfaite.
Mais la Vérité possédait en quelque sorte M. Philippe parce que le Christ glorifié
est un
esprit dispensateur de vie : il est avec tous les siens un seul
corps,
au point que, par anticipation, la vie des siens est déjà une vie divine dans
laquelle, quoique leur personnalité reste intacte, ils deviennent un autre Christ,
capable d'accomplir des miracles et de manifester la présence divine. En ce sens,
M. Philippe, le "pauvre en esprit" comme me le disait un de ses
disciples,
m'apparaît bien comme un messager des
Cieux. Il faut, n'est-ce pas, juger l'
arbre
à ses
fruits, qui, en l'espèce, me paraissent gorgés de
soleil !
France-Spiritualités : Serge, merci pour ces réponses.