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Fourneau

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Dom Antoine-Joseph Pernéty

      Les Philosophes chymiques ont aussi leur fourneau, dont ils font un grand secret. D'Espagnet qui passe entre eux pour véridique, le décrit ainsi : « Ceux qui sont expérimentés dans les opérations du magistère, ont appelé Fourneau ou Four le troisième vase qui renferme les autres et conserve tout l'œuvre, et ils ont affecté de le cacher fort secrètement. Ils l'ont nommé Athanor, parce qu'il entretient comme un feu immortel et inextinguible ; car il administre dans les opérations un feu continuel, quoique inégal quelquefois, selon la quantité de la matière et la grandeur du fourneau.

      On doit le faire de briques cuites, ou de terre glaise, ou d'argile bien broyée et tamisée, mêlé avec du fient de cheval et du poil, afin que la force de la chaleur ne le fasse point crevasser : les parois auront trois ou quatre doigts d'épaisseur, pour pouvoir mieux conserver la chaleur, et résister à sa violence.

      Sa forme sera ronde, sa hauteur intérieure de deux pieds ou environ ; l'on adaptera au milieu une plaque de fer ou de cuivre, percée de quantité de trous, soutenue de quatre ou cinq broches de fer, enchâssée dans les parois du fourneau. Le diamètre de cette plaque aura près d'un pouce de moins que le diamètre intérieur du fourneau, afin que la chaleur puisse se communiquer plus aisément, tant par les trous que par l'espace qui reste vide entre la plaque et les parois. Au-dessous de la plaque sera pratiquée une petite porte pour administrer le feu, et au-dessus une autre pour examiner les degrés du feu avec la main. Vis-à-vis de cette dernière on pratiquera une petite fenêtre close avec du verre, afin de pouvoir par-là voir les couleurs qui surviennent à la matière pendant les opérations. Le haut du fourneau doit être fait en dôme, et la calotte doit être amovible, pour pouvoir mettre les vases contenant la matière sur le trépied des arcanes, qui sera posé précisément au milieu de la plaque. Lorsqu'on a posé ainsi les vases, on met la calotte sur le fourneau, et on en lute les jointures de manière que tout ne fasse plus qu'un corps. Il faut aussi avoir soin de bien clore les petites fenêtres, pour empêcher que » la chaleur ne s'exhale.

      Philalèthe en donne une description à peu près semblable.

      Quoique les Philosophes chymiques n'aient pas communément divulgué la construction du fourneau dont nous venons de parler, ce n'est cependant pas celui qu'ils appellent leur Fourneau secret ; ils entendent souvent par-là le feu de la Nature, qui agit dans les mines pour la composition des métaux ; et plus souvent leur eau céleste ou leur mercure, c'est pourquoi Philalèthe (Fons Chemicæ Philosophicæ) dit : Nous n'avons donc qu'un vase, qu'un fourneau, qu'un feu, et tout cela n'est qu'une chose, à savoir notre eau.

      Si la Chymie Hermétique est vraie, ceux qui cherchent la pierre philosophale par les vases de la Chymie vulgaire, ont donc grand tort de faire construire tant de différents fourneaux, suivant les opérations différentes auxquelles ils veulent procéder. L'un pour les sublimations, un autre pour les calcinations, un troisième pour la fusion, un quatrième pour le réverbère, un autre pour les digestions, plusieurs enfin pour les diverses distillations. Tous les Philosophes chymiques s'accordent tous à dire qu'il n'en faut qu'un seul qui sert à toutes ces différentes opérations qui se font toutes dans le même vase sans le changer de place. Ce qui a fait dire au Cosmopolite, connu sous le nom de Sendivogius : Si Hermès, le père des Philosophes, ressuscitait aujourd'hui, avec le subtil Géber, le profond Raymond Lulle, ils ne seraient pas regardés comme des Philosophes par nos Chymistes vulgaires, qui ne daigneraient presque pas les mettre au nombre de leurs Disciples, parce qu'ils ignoreraient la manière de s'y prendre pour procéder à toutes ces distillations, ces circulations, ces calcinations et toutes ces opérations innombrables que nos Chymistes vulgaires ont inventées pour avoir mal entendu les écrits allégoriques de ces Philosophes.  Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.




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