PREMIÈRE PARTIE
Introduction
Appendice
F Explication des gravures de l'Introduction
Signes extérieurs de la franc-maçonnerie. Esprit de prosélytisme des maçons. Proposition d'un profane. Le cabinet des réflexions. Description de la loge. Places, insignes et fonctions des officiers. Ouverture des travaux d'apprenti. Les visiteurs. Les honneurs maçonniques. Réception du profane. Discours de l'orateur : dogmes, morale, règles générales de la franc-maçonnerie, rites, organisation des Grandes-Loges et des Grands-Orients, etc. Clôture des travaux d'apprenti. Banquets. Loges d'adoption. Mme de Xaintrailles reçue franc-maçon. Pose de la première pierre et inauguration d'un nouveau temple. Installation d'une loge et de ses officiers. Adoption d'un louveteau. Cérémonie
funèbre. Réception de compagnon. Réception de maître. Interprétation des symboles maçonniques. Les hauts grades. Carré mystique. Appendice : statistique universelle de la franc-maçonnerie. Calendrier. Alphabet. Abréviations. Protocoles. Explication des gravures.
I. Frontispice.
Le dessin représente l'entrée du
sanctuaire
de l'
initiation. A droite, l'
initié ancien, ou l'isiade, avec sa tête
de chacal ; à gauche, l'
initié moderne, ou le franc-maçon,
décoré de son cordon et de son tablier, écartent de la main
le voile qui en cachait l'intérieur.
On aperçoit dans le fond, au milieu de l'obscurité,
trois scènes tragiques empruntées aux
légendes mystérieuses
des Egyptiens, des
Scandinaves et des francs-maçons.
Le premier groupe, à droite, rappelle le meurtre d'Osiris,
c'est-à-dire du bon principe ou du
soleil, suivant la
mythologie égyptienne.
Typhon, son
frère, le mauvais principe, ou les ténèbres, qui conspirait contre ses
jours, l'avait convié à un festin, auquel assistaient aussi ses complices. Sur la fin du repas,
Typhon montra aux invités un coffre d'un travail exquis, et il offrit de le donner à celui d'entre eux qui, s'étant couché dans l'intérieur, en remplirait exactement la capacité. Lorsque vint le tour d'Osiris, il s'y plaça sans défiance ; mais, à peine s'y fut-il étendu, que les conjurés fermèrent brusquement le coffre et l'y étouffèrent ; ensuite ils allèrent le jeter dans le Nil. C'est ce même coffre, appelé
tabernacle d'Isis, que les
prêtres égyptiens portaient en grande pompe dans certaines cérémonies publiques. Quelques-uns y voient l'origine du tabernacle des juifs et de celui des
catholiques. De là viendrait aussi la
chambre du milieu des maçons.
Le groupe de gauche représente le meurtre de Balder-le-Bon,
que les
initiés scandinaves considéraient comme le
soleil. Ce
dieu avait fait un songe effrayant. Il lui sentblait que sa vie était en péril. Les autres
dieux du
Valhalla, auxquels il communiqua ses craintes, firent tout ce qui dépendait d'eux pour les rendre vaines. A cet effet, ils firent jurer par les
animaux, les végétaux et les minéraux qu'ils ne feraient aucun mal à
Balder, et ils n'exceptèrent de ce serment qu'une plante parasite, le gui de chêne, qu'à raison de sa grande faiblesse ils jugeaient tout à fait inoffensive. Par ce moyen,
Balder était devenu invulnérable à leurs yeux ; et chacun d'eux se faisait un amusement de lui envoyer des traits, des pierres et toute autre espèce de projectiles, qui l'atteiguaient sans le blesser.
Hoder l'aveugle (le
Destin) était le seul qui ne se mêlât point à ce divertissement, son infirmité y mettant obstacle. Locke (le mauvais principe) lui offrit de diriger sou bras, afin qu'il jetât, lui aussi, quelque chose à
Balder.
Hoder accepta. Locke lui mit dans les mains le rameau que les
dieux avaient méprisé ; et, avec son aide,
Hoder lança le gui fatal à
Balder, qui en fut percé de part en part, et expira aussitôt. On
voit par ce récit pourquoi les
druides gaulois et les drottes
scandinaves se livraient tous les ans, vers le
solstice d'
hiver, à la recherche du gui, et pourquoi ils le coupaient en grande cérémonie avec une serpette d'or, dont la forme recourbée rappelait cette portion du cercle du zodiaque pendant laquelle le meurtre de
Balder, dont ils feignaient ainsi de vouloir empêcher le retour, s'était autrefois accompli.
L'assassinat du respectable Hiram-Abi, dont on a pu voir les détails dans la description de la maîtrise, fait le sujet du groupe du milieu.
Ces trois
fables, prises au hasard parmi les anciennes
légendes mystérieuses, qui, toutes, s'accordent par le fond, ont trait à la mort fictive du
soleil, à l'époque du
solstice d'
hiver. Les trois signes du zodiaque qu'on voit figurés au-dessus indiquent les trois mois
de l'année pendant lesquels cet
astre décline et s'éteint, la période pendant laquelle se déroule le drame
mystique du meurtre d'Osiris, de
Balder, d'
Hiram, et de tous les autres
dieux célébrés dans les mystères.
Les sept marches du portail sont, comme l'échelle de
Mithra et l'échelle de Jacob, les sept planètes primitivement connues, qui jouent un rôle si important dans toutes les
initiations, et auxquelles se rattache la doctrine de la purification graduelle des
âmes.
Les deux colonnes qui supportent le fronton figurent les deux
phallus, générateurs, l'un de la lumière, de la vie et du bien, l'autre, des ténèbres, de la mort et du mal, qui entretiennent l'
équilibre du monde. Les pommes de
grenade qui les surmontent sont l'
emblème du
ctéis, ou de l'organe féminin, qui reçoit et féconde le
germe bon ou mauvais qu'y
dépose l'un des deux principes. L'ensemble de chaque colonne et de son
chapiteau représente, sous forme d'
hiéroglyphe, à l'exemple du
lingam des Indiens, la nature
active et passive.
A un autre point de
vue, les colonnes offrent l'image emblématique des deux
solstices, cette double barrière de la course annuelle du
soleil. Elles rappellent les deux
colonnes d'Hercule, une des nombreuses personnifications de l'
astre du
jour, dont le passage à travers les douze signes du zodiaque est symbolisé par les douze travaux qu'on attribue à ce
dieu (21).
On sait que, d'après les
initiés de l'Egypte, Pythagore prétendait que les
corps célestes sont placés à
distances musicales, et que, dans leur rotation rapide, ils produisent une mélodie
ravissante que la matérialité de nos organes ne nous permet pas d'entendre, mais qui devient le partage de l'
âme épurée par soit passage successif à travers les planètes. C'est à cette doctrine de l'
harmonie des sphères que font allusion la flûte à sept tuyaux, la lyre à sept cordes et le
triangle qu'on voit sur la plate-bande qui
couronne les colonnes du portail. Les chrétiens ont aussi adopté cette doctrine, et c'est ainsi qu'il faut entendre ce qu'ils disent de la musique céleste qui réjouit les
âmes des bienheureux durant l'éternité.
Le fronton semi-circulaire représente le
ciel étoilé, et, plus particulièrement, les signes supérieurs du zodiaque, ceux dans lesquels le
soleil est doué de toute sa puissance fécondante. On y voit la figure du Christ, telle qu'elle est sculptée, dans une posture bien connue des maçons, au faîte du portail de droite de la vieille
église de
Saint-Denis. D'un côté est la vigne, attribut de
Dionysius, ou
Bacchus ; du côté opposé, la gerbe de blé, attribut de
Cérès. Ces
emblèmes font allusion à ces paroles du Christ : « Mangez, ceci est mon
corps ; buvez, ceci est mon sang. » La tête rayonnante du
Sauveur, que les Indiens appellent Crichna, les Japonais Jésos, et les chrétiens
Jésus, est posée sur le rebord circulaire du fronton, comme le
disque du soleil sur la bande zodiacale. Ceci n'a pas besoin d'explication.
Sur les marches du portail, sont assises, à droite,
Vénus, la
veuve d'
Adonis, ou le
soleil ; à gauche, Isis, la veuve d'Osiris, ou l'
astre du
jour. La première a, près d'elle, l'
Amour ; la seconde a, sur ses genoux,
Horus. Ces
enfants sont l'un et l'autre la figure du
soleil renaissant à l'époque du
solstice d'
hiver, comme
Vénus et Isis sont la personnification de la nature, en deuil du
soleil qui vient de périr. On remarquera que
Vénus est représentée dans une posture toute maçonnique. C'est ainsi que la dépeint Macrobe, dans sa
légende de la mort d'
Adonis.
Sur le devant du tableau, on voit, réunis sur un même
tronc, le rameau d'
acacia de l'
initiation maçonnique, la branche de chêne
de l'
initiation gauloise et
scandinave, et la branche de figuier de l'
initiation syrienne, pour montrer que tous les mystères ont une source unique et reposent sur une base commune.
II. RÉCEPTION DE L'APPRENTI.
Le moment choisi est celui où le
vénérable, placé à l'orient, sous le
dais mystique, donne la lumière au récipiendaire. Le
néophyte occupe le centre du dessin. Derrière lui, est le maître des cérémonies, qui lui dénoue son bandeau ; à sa gauche, un
frère qui souffle dans la lampe à
lycopode ; autour de lui, le reste des assistants, rangés en cercle, qui lui présentent la pointe de leurs
épées. Il faut se rappeler que le récipiendaire représente le
soleil. Les
épées, dont les pointes sont circulairement dirigées vers lui, figurent les rayons de cet
astre. Dans l'
initiation aux mystères d'Isis, on parait le front du
néophyte d'une
couronne de palmier dont les feuilles, en s'écartant, simulaient aussi des rayons. Le palmier était consacré au
soleil par les Egyptiens, qui prétendaient que cet
arbre était doué de trois cent soixante-cinq propriétés, nombre égal à celui des révolutions diurnes que le
soleil opère dans le cours de l'année.
III. BANQUET.
Le dessin représente la loge de table, an moment où les
frères portent une santé. Sous le
dais, dans le fond, à droite, est le
vénérable de la loge ; les deux surveillants occupent les extrémités de la table en fer-à-cheval, autour de laquelle les
frères sont rangés.
IV. ADOPTION D'UN LOUVETEAU.
La scène se passe dans les pas perdus de la loge. A droite, est la nourrice tenant le louveteau sur ses genoux. Elle manifeste de l'étonnement et de la crainte à la
vue des
frères qui se présentent décorés de leurs insignes et l'
épée à la main, et elle semble vouloir défendre contre eux le précieux dépôt qui lui a été remis.
V. RÉCEPTION D'UN MAÎTRE.
Le personnage que l'on renverse et que l'on va coucher sur le drap mortuaire étendu sur le sol de la loge est le récipiendaire, que le très respectable (le président) vient de
frapper au front d'un coup de
maillet.
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(21) La Bible parle de deux colonnes, l'une de
feu, qui, pendant la nuit, éclairait la marche des Israélites dans le désert, l'autre de nuées, qui les garantissait pendant le
jour de la
chaleur du
soleil.
Manéthon, cité par Eusèbe, mentionne deux colonnes gravées par Thaut, le premier
Hermès, en caractères de la langue sacrée des
prêtres égyptiens. Selon Pline, il était d'usage de toute antiquité d'élever des colonnes isolées, qui rappelaient la fécondance solaire. La plupart étaient surmontées de pommes de pin et de pommes de
grenade, comme celles qui ornaient le porche du temple
de Jérusalem, et celui du temple d'
Hercule et d'Astarté, à
Tyr, et qu'on retrouve dans les temples maçonniques. Quelques-unes étaient
surmontées de globes ; telle était celle qu'au rapport d'Appion le grammairien, Moïse avait fait ériger. Les colonnes du Mexique, qui existaient encore à l'époque de la découverte de ce pays, les colonnes de
Nemrod et celle que, suivant
Hérodote, on voyait sur le lac Mris, portaient au sommet la figure du
soleil et celle de la
lune.