De la croix
Les grades de Rose-Croix comprenant, dans les
emblèmes
de leurs formules
religieuses, la découverte de la
CROIX, la connaissance
de son culte et l'apologie de ce signe divin, nous devons, avant d'aller plus
loin, expliquer cet
emblème.
La
CROIX est de toute antiquité et d'une antiquité
inaccessible aux traditions
[Note de l'auteur : Tandis qu'au milieu du dernier
siècle, deux villes, grecques d'origine devenues romaines par la conquête,
sortirent des cendres du Vésuve, pour présenter à l'Europe
les détails les plus ignorés de la civilisation païenne et
l'art délicat de la Grèce ; dans un autre hémisphère
et par un hasard non moins heureux, deux villes aussi importantes que Pompeia
et Herculanum, pour l'histoire des nations, puisqu'elles témoignent
de l'antiquité d'un monde nouveau pour nous : Palenque, la ville
du désert, et Mirla, la ville des morts, situées dans le
Incalan, présentèrent aux regards de quelques voyageurs égarés
les ruines de leurs édifices immenses, production d'un art original et
entièrement inconnu, éparses sur une surface de plusieurs miles
: celles de Palenque a dix-huit lieues d'étendue. Là, des temples,
des palais, de vastes tombeaux ornés de tout luxe de la sculpture, vinrent
témoigner de la puissance d'une nation dont les annales nous manquent,
et présenter, à la pensée, toute la civilisation d'un grand
peuple.
Trente ans après la découverte de ce fait immense
pour l'étude, le gouvernement espagnol prépara une exploration de
ces villes, dont les ruines colossales offraient, dans les récits, quelque
chose de fabuleux.
Dans les ruines de Palenque, les bas-reliefs fixés
aux édifices et postérieurs à la sculpture des divinités,
présentent plus d'intérêt, en raison de leur travail plus
régulier et des détails qu'une meilleure exécution permet
d'y reconnaître.
Les caractères anthropologiques des personnages offrent
une race d'hommes chez lesquels l'angle facial est tellement aigu, qu'ils n'ont,
pour ainsi dire, point de front. La similitude que présentent toutes ces
figures doit y faire reconnaître un type national exprimé avec vérité.
On peut se convaincre de ces faits importants sur le bas-relief au trait, dessiné
dans le Recueil du Musée des familles, et, qui par sa composition
complète, est un des morceaux les plus curieux. Il représente une
homme et une femme faisant l'offrande de leur enfant à une divinité
dont l'emblème est un oiseau posé sur la branche verticale d'une
CROIX sculptée avec soin. Il est inutile de rapporter toutes les conjectures
sur la présence d'une croix (non encore expliquée) au milieu
de ce monument singulier. « Je dirai seulement, dit M. Albert Lenoir,
à qui nous empruntons ce passage, que le nom de Palenque était
ignoré jusqu'à la fin du siècle dernier (1800), qu'aucune
des relations antérieures ne fait mention de ce nom, et que 330 lieues
séparent les ruines de cette ville de la capitale de Montézuma,
et, par conséquent, de l'habitation principale des conquérants chrétiens.
»] Elle était, chez les anciens, un
symbole de la jonction
cruciale que forme l'écliptique avec l'équateur aux points du
ciel
qui répondent d'un côté, entre les
Poissons et le
Bélier,
et de l'autre, un centre de la Vierge ; voilà pourquoi la
crux ansata
ou le thau sacré des Egyptiens, en forme de
croix ornée d'une anse,
qu'on voit dans la
sphère au-dessus de la fontaine jaillissante, est devenue
la
clef du Nil, le
ciel la présentant sous cette forme. Elle est aussi
devenue l'attribut d'Isis ou de la Vierge, puisque ce point traverse cette constellation
; ce qui a fait dire qu'isis ouvrait les écluses du Nil, et faisait refluer
les
eaux sur les plaines riveraines, lorsque le
soleil couvrait de ses
feux la
constellation de la Vierge, après son repos
solsticial. (
Albert Lenoir)
La
CROIX, devenue un objet d'adoration, n'était, pour
les
initiés, qu'une image des
équinoxes, lorsque le
soleil, dans
sa course annuelle, couvre successivement ces deux points. Cette figure céleste
est donc, suivant qu'elle désigne le printemps ou l'
automne, un
symbole
de vie ou de mort, de régénération ou de
destruction : la
croix devait donc appartenir à la
légende qui a le
soleil pour objet.
La
croix des pammilies égyptiennes que portaient les
prêtres aux fête d'osiris, comme le
symbole du principe fécondant,
était un triple phallus offert à la vénération des
peuples. Il désignait aussi les trois
éléments,
terre,
air, feu, regardés comme étant sortis de l'
Eau, élément
primitif qui aurait été l'origine des choses. Cette idée
cosmologique était celle de l'auteur de la Genèse, puisque avant
toutes choses il plaça l'existence de l'
eau.
Ce ne fut qu'en 680 qu'il fut ordonné, par le sixième
synode de Constantinople (
canon 82), qu'à la place de cet ancien
symbole, on représenterait un homme attaché à une
croix [Note de l'auteur : Ce symbole automnal, image de la fin prochaine des choses, caractérise la religion triste du Christ. Sur la sphère, on voit, à cette époque, le Bootès (le bouvier), l'homme des constellations, figurer à côté de la jonction cruciale de l'écliptique avec l'équateur. Homme, en grec, se nomme Andros, qu'on a traduit par André, et au lieu de le laisser à côté, on l'a mis sur la croix qui a pris le nom de Croix de Saint-André.
Voilà pourquoi les Ecossais de Saint-André célèbrent
leurs fêtes aux équinoxes au lieu des solstices, dont ils renversent
les colonnes, antiques symboles de ce deux points du ciel que le soleil, l'Hercule
céleste, n'a jamais dépassés.
On a été surpris de voir que l'orateur d'un
CONSEIL de Paris, à la fête équinoxiale d'hiver (le 30 novembre
1859), au lieu d'entretenir son auditoire de ce fait astronomique où le
bootès, ayant à la main le rameau de l'automne, semble, en descendant
les signes inférieurs, entraîner, séduire (seducere,
mener avec soi) la Vierge, qui, dans cette descente, doit écraser la tête
du serpent, emblème de l'hiver ; au lieu de ce tableau paradisiaque, exhuma
des anciennes légendes, celle de Saint-André, patron de l'Ecosse,
étranger à la maçonnerie. Il est vrai que la maçonnerie des Ecossais de Saint-André est une maçonnerie à part, qui a signalé sa dissemblance avec la véritable, par le renversement des colonnes solsticiales.
Une croix apparut, dans l'air, à Constantin,
et il triompha ; ce prodige est ainsi expliqué par quelques auteurs : «
Des légions romaines où le christianisme s'était propagé,
séduites et commandées par leurs évêques, qui s'étaient
entendus avec Constantin, arborèrent l'étendard de la croix,
passèrent dans les rangs de cet heureux compétiteur, et causèrent
les désastres de Maxence.] ; ce qui fut confirmé par
le
pape Adrien Ier, et les femmes substituèrent une
croix au petit phallus
d'or qu'elles portaient au cou.
C'est à l'époque de la
résurrection annuelle de la nature que les chev
:. rose-croix
immolaient l'
Agneaupascal,
emblème qui représente le
soleil printanier, lorsqu'à son passage dans le signe du
Bélier, il devient symboliquement l'
Agneau
réparateur des malheurs du monde, c'est-à-dire qu'il vient effacer
le mal introduit sur la terre pendant l'
hiver.