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Jean-Baptiste Languet de Gergy

(1675, à Dijon - 11 octobre 1750, à l'abbaye de Bernay)
Curé de St-Sulpice
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Jean-Baptiste Languet de Gergy dans son temps
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Jean-Baptiste-Joseph Languet de Gergy, curé de St-Sulpice, à Paris, naquit en 1675, à Dijon, où son père était procureur général au parlement. Il prit le bonnet de docteur en Sorbonne le 15 janvier 1703.

      Attaché à la communauté des prêtres de St-Sulpice, il succéda, en 1714, à M. de la Chetardie, curé de cette grande paroisse. A peine eut-il pris possession, qu'il déploya son rare talent pour l'administration et pour le salut des âmes. Le faubourg St-Germain n'avait point d'église qui pût contenir sa nombreuse et intéressante population. Dès 1646, on avait commencé d'en bâtir une sur les dessins de Louis Levau, et la reine Anne d'Autriche en avait posé la première pierre. Mais en 1678 les dettes considérables que la fabrique avait été obligée de contracter forcèrent de suspendre les constructions. M. Languet forma, en 1718, le projet de terminer un édifice commencé depuis si longtemps : il ne possédait que la modique somme de trois cents francs, qui lui avait été laissée par une personne pieuse. Le curé employa cet argent à acheter quelques pierres de taille, qu'il fit étaler dans les rues, et qu'il annonça publiquement être destinées à la construction de son église. Cet appareil produisit son effet ; la piété des fidèles fut émue : les prières et les exhortations du pasteur firent le reste ; toutes les bourses furent ouvertes et les ressources ne manquèrent plus. Les travaux furent poussés avec vigueur ; et en 1733, le chevalier Servandoni commença le grand portail dont la majesté se développe parfaitement depuis la démolition des bâtiments du séminaire qui l'offusquaient. La cérémonie de la dédicace eut lieu le 30 juin 1745. Une tradition assez répandue nous a conservé les pieux stratagèmes dont se servait le curé Languet pour orner le vaisseau et les chapelles de sa superbe église ; comment il obtint du roi les deux grandes coquilles qui servent de bénitiers et qui étaient en dépôt au cabinet du jardin des Plantes ; et du duc d'Orléans les marbres qui revêtent, à hauteur d'appui, les nombreux piliers dont la voûte est soutenue. On assure que pour faire exécuter, en argent, la statue de la sainte Vierge dans une proportion de six pieds, il n'allait jamais dîner nulle part sans emporter son couvert ; aussi la statue en eut-elle le nom de Notre-Dame de vieille vaisselle.

      Si Languet de Gergy n'eût bâti que son église, le monde l'accuserait peut-être de n'avoir travaillé que pour lui ; mais il déploya en faveur des malheureux un zèle et une activité qui tiennent du prodige. Il avait loué, en 1724, et il acheta, huit ans après (1732), une maison qui servait de pension, sous le titre de l'Enfant-Jésus, située entre les rues de Sèvres et de Vaugirard, dans l'intention d'y établir un hôpital destiné aux pauvres filles ou femmes malades de sa paroisse. Cependant, sans renoncer entièrement à son plan, il crut devoir faire de cette maison un établissement où trente jeunes demoiselles de condition seraient reçues et élevées sur le modèle de l'institution royale de St-Cyr, et où se rendraient, tous les jours, des filles ou femmes pauvres, auxquelles on procurerait du travail. Les religieuses de St-Thomas de Villeneuve, dont les curés de St-Sulpice étaient les supérieurs-nés, avaient la direction de la communauté. Depuis la révolution, la maison devint un hospice d'orphelins, et au mois de juin 1802, un hôpital pour les enfants. (Voyez le Rapport fait au conseil général, sur l'état des hôpitaux, à Paris, de 1804 à 1814, Paris, 1816, in-4°.) Les sœurs de St-Thomas de Villeneuve y rentrèrent en 1814. Languet avait consacré à cet établissement la succession du baron de Montigny, son frère. On sent bien que son industrie ne l'abandonna pas pour la conservation de cette œuvre de prédilection. On raconte à ce sujet une foule d'anecdotes assez piquantes. On faisait à l'Enfant-Jésus des gants d'une nouvelle mode ; le curé en présenta une paire au prince de Condé, qui le pria de lui en dire le prix. Le curé s'en excusa, alléguant que c'êlait à la princesse de Condé à les estimer. S. A. S. en porta la valeur à cent louis ; et comme le prince se récriait sur la cherté, le curé lui répondit qu'il allait lui fournir l'occasion de se venger, en le priant d'estimer la paire qu'il avait l'honneur d'offrir à la princesse.

      Ce bon curé répandait sur sa paroisse des aumônes à pleines mains. On prétend qu'il distribuait un million tous les ans aux malheureux, dont il était le père ; et l'on assure que du temps de la peste de (1720), il fit passer dans la Provence des sommes immenses pour le soulagement de ceux qui étaient affligés de ce fléau. En 1725, le blé étant extrêmement cher, il vendit ses tableaux et ses effets les plus précieux pour subvenir aux besoins de ses paroissiens ; il ne se réserva que trois couverts d'argent et un lit de serge. C'est à ces bonnes œuvres qu'il consuma son patrimoine, la presque totalité des revenus de sa cure et ceux de l'abbaye de Bernay, que le roi lui donna en 1745. Il était, pour ainsi dire, l'aumonier général des riches habitants du faubourg St-Germain, et il recevait beaucoup de legs pour ses pauvres. Cependant, il faut l'avouer, il s'informait avec soin si ces legs ne préjudiciaient en rien aux intérêts des parents peu aisés du testateur ; et quand il parvenait à se convaincre qu'ils étaient réellement lésés, non seulement il n'acceptait point les legs, mais encore il donnait souvent du sien : c'est ce qui eut lieu à l'égard des parents de la marquise de Cavoye, auxquels il laissa la plus grande partie de la succession de cette dame.

      Dans les interminables disputes sur le livre de Quesnel, le curé Languet se montra constamment soumis aux décisions du St-Siège, acceptées par le corps épiscopal. Lorsque les prétendus miracles et les convulsions vinrent à l'appui d'une faction expirante, Languet sut les éloigner de sa paroisse par une vigilance soutenue. Ce digne pasteur refusa plusieurs évêchés qui lui furent successivement offerts par Louis XV. En 1748, il résigna sa cure à l'abbé Dulau, et ne discontinua cependant pas de faire le prône à St-Sulpice, tous les dimanches, selon sa coutume, et de prendre soin de l'établissement de l'Enfant-Jésus.

      Il mourut à l'âge de 75 ans, le 11 octobre 1750, dans son abbaye de Bernay, où il était allé pour des œuvres de charité. Il fut enterré à St-Sulpice, où on lui érigea depuis un mausolée de la main de Slodtz : on espère que ce monument ne tardera pas à y être replacé. Languet n'était pas seulement un excellent pasteur ; il brillait encore par son esprit et par ses reparties pleines de vivacité et d'agréments. Le cardinal de Fleury lui ayant proposé l'intendance générale des hôpitaux du royaume, le curé lui répondit en riant : Je l'avais bien toujours dit, monseigneur, que les bonté de Votre Eminence me conduiraient à l'hôpital.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 26 - Pages 199-200)




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