Joab, le plus célèbre des généraux de David, était fils de Sarvia, sur de ce prince, et de Zur, de la
tribu de Juda. Il défit dans la plaine de
Gabaon l'armée d'Isboeth, fils de
Saül, et ne cessa de poursuivre les fuyards qu'à la demande d'Abner, qui le pria d'épargner le sang d'Israël. Il rejoignit ensuite David à Hébron, et prit avec lui des hommes d'élite pour donner la chasse aux brigands qui infestaient le voisinage. Pendant son absence, Abner vint trouver David, et lui proposa de mettre tout Israël sous son obéissance :
Joab, à son retour, apprit cette nouvelle, et, jaloux des honneurs accordés à un homme qu'il regardait comme un rival, reprocha vivement au roi sa confiance dans les promesses d'un perfide ; il fit courir aussitôt un messager après Abner, pour l'engager à revenir sur ses pas, et, feignant d'avoir à lui communiquer un secret, lui plongea son
épée dans le
corps.
Joab voulut présenter ce meurtre comme la vengeance qu'il avait dû tirer de la mort de son
frère Azaël, tué par Abner dans le combat de
Gabaon ; mais David eut horreur de sa trahison, disant : « Que le sang d'Abner retombe sur
Joab et sur la maison de son père ! »
Joab suivit David au siège de Jérusalem, monta le premier sur les remparts de cette ville, et, pour le prix de cette action, fut confirmé dans le commandement de l'arméeéd'Israël.
Chargé de punir l'insulte faite par les Ammonites aux ambassadeurs de David, il les joignit dans la plaine de Rabbath, et, ayant reconnu leurs dispositions, divisa son armée en deux
corps : il confia l'un à son
frère Abisaï, et attaqua avec l'autre les Syriens, qui prirent la fuite. Les Ammonites,
voyant la défection de leurs alliés, quittèrent le champ de bataille ; mais
Joab ne songea point à profiter de la victoire, et les laissa opérer tranquillement leur retraite. L'année suivante, au temps que les rois avaient accoutumé d'aller à la guerre,
Joab rentra dans le pays des Ammonites, et vint mettre le siège devant Rabbath ; mais il laissa l'honneur de prendre cette ville à David, qui, dans cette circonstance, loua son affection et sa
fidélité.
Ce général avait montré beaucoup de zèle pour Absalon, pendant sa retraite à la cour du roi de Gessur ; mais ce fils ingrat s'étant révolté contre son père,
Joab n'hésita pas à venir l'attaquer dans la
forêt d'Ephraïm, où il s'était retranché avec ses partisans. Dans la déroute qui suivit le combat, ayant appris que le malheureux prince était resté suspendu par les
cheveux aux branches d'un chêne, et qu'aucun soldat n'osait mettre la main sur lui à cause de la défense du roi, il courut à l'endroit indiqué, et lui perça le cur de trois dards. Il se rendit ensuite auprès de David, qu'il trouva pleurant la mort de son fils, et, lui ayant reproché la douleur qu'il montrait, l'obligea à se tenir à la porte de la ville pour recevoir les félicitations du peuple sur sa victoire.
Cette violence de
Joab lui fit perdre l'affection de David : ce prince résolut dès lors de lui ôter le commandement de l'armée pour le donner à Amasa, son neveu.
Joab, connaissance le dessein du roi, n'attendit que l'occasion de perdre ce nouveau rival : elle ne tarda pas à se présenter. Un certain Séba, de la tribu de Benjamin, s'étant révolté, David donna l'ordre à Amasa de marcher contre lui, avec tous les hommes de
Juda en état de porter les armes. Amasa obéit aussitôt ; mais
Joab, l'ayant rencontré près de
Gabaon, s'approcha de lui, et le tua en feignant de l'embrasser. Après ce nouveau crime, il marcha contre Séba ; et les partisans de ce
séditieux ayant jeté sa tête par dessus les murailles de leur ville, il revint à Jérusalem.
David n'osa lui témoigner son mécontentement du meutre d'Amasa : il feignit au contraire de lui avoir rendu toute sa confiance. Il chargea
Joab de faire faire le dénombrement des habitants d'Israël ; et les livres saints témoignent qu'il obéit malgré lui. Cependant, David n'avait point oublié les sujets de mécontentement qu'il avait reçus de
Joab : avant de mourir, il recommanda à son fils Salomon de ne point permettre qu'après avoir vieilli en général rebelle,
Joab descendit en paix dans le tombeau. Celui-ci s'était déclaré pour
Adonias contre Salomon ; et ayant appris que ce prince était monté sur le trône, il s'enfuit dans le tabernacle du Seigneur, espérant que la sainteté du lieu lui sauverait la vie : mais Salomon donna ordre à Banaïas de l'en arracher et de le faire mourir. Ainsi périt, en l'an 1014 avant J.-C., l'un des plus grands hommes de guerre qu'aient eus les Juifs, mais qui souilla ses talents par son ambition et ses perfidies.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 21 - Pages 79-80)