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Jugurtha

(v. -160 - -103)
Roi de Numidie de v. 118 à - 104
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Jugurtha dans son temps
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Jugurtha, roi des Numides, fils de Mastanabal et d'une concubine, né avec toutes les grâces de la figure, fut élevé avec soin dans le palais de Micipsa son oncle, roi de Numidie, et montra de bonne heure des talents, de l'esprit et des qualités éminentes. Micipsa, démêlant dans son neveu beaucoup d'ambition, craignit d'abord un compétiteur si dangereux pour ses enfants, et l'envoya en Espagne, avec un corps de troupes numides, au secours des Romains, alors occupés au siège de Numance : il espérait que Jugurtha succomberait au milieu de tant de dangers ; il fut trompé dans son attente : Jugurtha échappa à la mort, et reparut couvert de gloire à la cour de Micipsa. Les témoignages honorables donnés par Scipion à la bravoure du jeune prince lui avaient gagné tous les cœurs. Micipsa lui-même, touché de la haute idée que le général romain se formait du mérite de son neveu, l'adopta, et, en mourant, le déclara héritier de la couronne avec ses deux fils Adherbal et Hiempsal.

      L'ingrat et ambitieux Jugurtha ne put se contenter du tiers d'un royaume, et loin d'être arrêté par les bienfaits de son oncle, il ne songea plus qu'à dépouiller ses deux cousins, pour rester seul maître de la Numidie : il fit assassiner Hiempsal, et chassa Adherbal de ses Etats. En vain ce malheureux prince eut recours aux Romains et plaida lui-même sa cause au sénat ; la corruption fit triompher Jugurtha : le partage de la Numidie, qui devait être fait également, fut tout en sa faveur. Après ce premier succès, Jugurtha crut pouvoir impunément achever son ouvrage ; il attaque son cousin, le défait en bataille rangée, l'assiège dans Cirtha, lui promet la vie s'il se rend prisonnier, et, au mépris des lois de la nature et de l'honneur, l'égorge ensuite lâchement. Ce trait de perfidie atroce excita une horreur générale, à Rome, contre Jugurtha. Le torrent de l'indignation publique entraîna même le sénat, qui lui déclara la guerre en l'an 110 avant J.-C. Les Romains la commencèrent avec vigueur par la prise de plusieurs villes fortes ; mais le rusé Numide corrompit les généraux et les sénateurs envoyés contre lui, et obtint la paix à des conditions avantageuses. Enhardi par des protecteurs puissants, il vint lui-même à Rome, et osa y faire égorger Massiva, prince numide, dont les droits à la couronne l'inquiétaient. Ce nouveau crime lui attira un ordre de quitter l'Italie sur-le-champ. Ce fut alors que, sortant de Rome, et y reportant plusieurs fois ses regards, il s'écria : « Ô ville vénale ! tu n'attends pour te vendre qu'un acheteur, et tu périras s'il s'en trouve un ! »

      La guerre recommence aussitôt, et l'habile Numide force l'armée romaine, commandée par Aulus, à passer sous le joug et à quitter ses Etats. Rome lui oppose alors Lucius Metellus. Ce généreux Romain ne se laissa gagner ni par les promesses, ni par les présents ; il devint l'adversaire le plus redoutable de Jugurtha ; il le défit en bataille rangée, lui enleva ses plus fortes places, le mit en fuite, et le contraignit d'aller implorer le secours des Gétules et des Maures : ce fut en vain. Marius continua cette guerre difficile avec plus de vigueur encore. Battu par les Romains, trahi par ses propres officiers, Jugurtha n'eut plus de repos : le jour, la nuit, tout lui était suspect et le faisait trembler. Fugitif et malheureux, il eut recours à Bocchus, roi de Mauritanie, dont il avait épousé la fille, et qui prit les armes en sa faveur : mais une dernière défaite rompit une liaison qui n'était cimentée que par l'intérêt. Le roi des Maures, après bien des incertitudes, livra Jugurtha à Sylla, alors questeur de Marius, 103 ans avant J.-C.

      Le fier consul entra en triomphe dans Rome, traînant captif ce même Jugurtha, dont le courage, et le génie si fertile en ressources au milieu des malheurs les plus désespérés, l'avaient rendu tellement redoutable pendant sept ans de guerre, qu'on le regardait, même en Italie, comme un second Annibal. Selon Plutarque, Jugurtha ne put supporter l'excès de son malheur, et perdit l'esprit dans la marche du triomphe. Traîné ensuite en prison, dépouillé de ses riches habits, jeté tout nu dans une fosse profonde, il ne dit que ces mots avec un sourire forcé : Ô Hercule, que tes étuves sont froides ! Là, pendant six jours entiers, ce malheureux prince, devenu insensé, lutta contre la faim et le désespoir, conservant jusqu'au dernier soupir un ardent désir de la vie. Ce raffinement de cruauté fut une tache à la réputation des Romains, et Mithridate leur reprocha avec raison leur barbarie envers le petit-fils de Massinissa, le plus fidèle allié de Rome : mais le plus grand nombre regarda cette mort déplorable comme une juste récompense de la perfidie et des forfaits de Jugurtha ; ses enfants furent oubliés dans un honteux esclavage.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 21 - Pages 299-300)




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