Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif masculin [Du latin lupinus, diminutif de lupus, loup]
Genre de plantes dicotylédones, famille des légumineuses. Les
lupins
sont des plantes herbacées et frutescentes, à feuilles alternes,
pétiolées, digitées, rarement simples, et
fleurs assez grandes
disposées au sommet des tiges en grappe ou en épi, d'un joli aspect.
Chaque soir, au coucher du
soleil, les feuilles de ces plantes voient leurs folioles
se replier en dedans, en rapprochant leurs bords, et se pencher en même
temps vers la terre, en s'inclinant sur leur pétiole. C'est ce que Linné
appelle poétiquement leur sommeil. Le
lupin est de toutes les semences
la plus utile à la terre, celle dont la culture consomme le moins de journées
et exige le moins de frais. En effet, enterré avec la charrue au moment
de la floraison, le
lupin fournit un excellent engrais pour les vignes maigres
et pour les terres labourables ; de quelque manière qu'on le traite, il
réussit toujours. Le
lupin blanc paraît soutirer de l'atmosphère
tout l'engrais qui le fait végéter ; cette propriété
explique comment il prospère sur le sol maigre, aride, sur les sables et
les graviers, lui qui demande de préférence un terrain humide et
meuble tout à la fois. Les espèces les plus remarquables sont le
lupin blanc, le
lupin bleu, le
lupin bigarré, le
lupin multiflore et le
lupin en
arbre.
Frais, le
lupin offre aux
animaux un bon fourrage. La tige desséchée
est très dure, peu appétissante et beaucoup plus propre à
former litière qu'à servir de nourriture aux
animaux. Le filament
qui la recouvre peut fournir de bons cordages. On en fait en Italie de la grosse
toile et même de la toile assez fine.
Lupin se dit aussi de la graine de cette plante. Autrefois, le
lupin fournissait
aux hommes un aliment qu'ils regardaient comme fort bon et très sain. Cette
légumineuse était le mets favori des philosophes grecs, et particulièrement
des cyniques, qui en portaient ordinairement sur eux. Elle parut ensuite sur la
table somptueuse des gastronomes les plus fameux. Les généraux romains,
dans leurs triomphes, les édiles dans les fêtes publiques, les intrigants,
les ambitieux qui aspiraient au pouvoir, distribuaient la graine du
lupin au peuple,
qui la recherchait comme légume sec, tantôt cuit avec du garum, tantôt
préparé seulement avec un peu de sel ou bien en salade, assaisonné
avec du vinaigre, des herbes fines et de l'
huile.
Lupin : Antique
Graines de
lupin qui servaient d'étalons pour les poids publics, et dans
les
jeux et sur la scène en guise d'
argent monnayé.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 405.