Nestorius, devenu si fameux par l'hérésie à laquelle il a donné son nom, était
né à Germanicie, ville de Syrie, d'une famille obscure. Admis jeune dans un des
monastères des faubourgs d'Antioche, il s'y forma, sous la direction d'habiles
maîtres, à l'étude des lettres sacrées et à la pratique des vertus. Il fut ordonné
prêtre à l'âge exigé par les canons, et apporta dans l'exercice du saint ministère des talents qui étendirent au loin sa réputation. Il fut nommé, en 428,
patriarche de Constantinople, par Théodose : et il parut n'avoir accepté ce siège que pour mettre un terme aux dissensions de I'Egypte grecque. Il renouvela les
anathèmes lancés contre les doctrines pernicieuses, les combattit par son éloquence, et poussa même le zèle au point d'armer l'autorité contre ceux qui persistaient dans l'erreur. Mais tandis que ce
prélat poursuivait avec tant de violence les malheureux
disciples d'
Arius et de Novat, il protégeait lui-même une secte nouvelle, non moins condamnable que celles qu'il s'efforçait de détruire. Un
prêtre, nommé Anastase, qu'il avait amené d'Antiocbe, fut le premier qui osa prêcher
qu'on ne devait point donner à la Sainte Vierge le titre de
Mère
de Dieu.
Nestorius, au lieu d'apaiser le scandale qu'Anastase avait excité, voulut le justifier. « On doit distinguer, disait-il, deux personnes dans Jésus-Christ, ainsi que deux natures, l'une divine et l'autre humaine, qui conservent chacune leurs attributs.
Marie est la mère du Christ considéré comme homme ; mais il est absurde de croire qu'elle soit la mère de
Dieu. »
Nestorius niait donc l'union
hypostatique du verbe avec la nature
humaine, et visait par conséquent tout le mystère de l'Incarnation. Cette doctrine, qui trouva un grand nombre de partisans, fut attaquée par saint Cyrille d'
Alexandrie, et condamnée par le pape Célestin en l'an 430.
Saint Cyrille, après avoir épuisé toutes les voies de la douceur et de la persuasion pour ramener
Nestorius, assembla dans
Alexandrie un
synode où ses principes furent anathématisés. Cependant l'empereur Théodose, voulant apaiser les troubles qui résultaient de la querelle des deux
prélats, convoqua en l'an 431 un
concile général à
Ephèse.
Nestorius se rendit dans cette ville, suivi d'une escorte nombreuse, et accompagné des comtes Candidien et Irénée ; mais il déclina
l'autorité du
concile, et refusa de comparaître devant les Pères assemblés, quoique cité
juridiquement dans les formes
canoniques. Le
système de
Nestorius fut condamné par plus de deux cents
évêques, et il fut lui-même déposé, malgré ses nombreux partisans, qui ensanglantèrent les rues et la cathédrale
même d'
Ephèse (voyez saint Cyrille).
Nestorius, retourné à Constantinople, essaya de se maintenir sur son siège malgré la décision du
concile : mais l'empereur Théodose le renvoya dans son
monastère d'Antioche ; et comme il continuait à publier ses erreurs, il fut relégué d'abord à Petra, en Arabie , puis dans une oasis du
désert de la Libye, où il eut beaucoup à souffrir des excursions des Nubiens et de la sévérité du gouverneur. Il y mourut des suites d'une chute, après l'an 439, et fut enterré dans une ville de la haute Egypte qu'on nommait Chemnis ou Panopolis.
Nestorius avait
composé un grand nombre d'écrits qui furent brûlés par l'ordre de Théodose ; cependant il nous reste de lui quelques
Homélies que le Père Garnier a publiées dans le second volume de son édition des oeuvres de Marius Mercator ; et des
Lettres, dans le recueil des
Actes du
concile d'
Ephèse [Note : Les écrits de Nestorius qui sont venus jusqu'à nous se trouvent aussi dans les collections des conciles publiés par Binius, par Labbe, par Hardouin, par Mausi. Hoffmann, dans son Lexicon bibliographiocum, indique (t. 3, p. 116) plus de vingt ouvrages différents relatifs à Nestorius et à sa doctrine ; nous nous contenterons de mentionner l'Historia Nestorianism. de J.-P. Koenig ; Gryphiswaldius, 1663, in-4° : Stralsund. 1666 (sans doute la même édition avec un titre rajeuni), et le livre de Lotachius, ayant le même titre, Witeberg, 1668, in-8°.]. Dans la
Collections des liturgies orientales
donnée par Renaudot, il y en a une qui porte le nom de
Nestorius (voyez Eusèbe Renaudot). Enfin on lui attribue l'
Evangile apocryphe de l'enfance, dont il s'est conservé une version arabe, et dont Henri Sike a donné une édition avec une traduction latine et des notes, Utrecht, 1697, in-8°. On trouvera l'analyse et la réfutation des principes de
Nestorius dans le
Dictionnaire des hérésies de
l'abbé Pluquet, et dans l'
Histoire des auteurs ecclésiastiques par D.
Cellier, t. 13 ; mais on doit consulter surtout la judicieuse
Histoire du Nestorianisme par le Père Doucin.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 30 - Pages 331-332)