Biographie universelle ancienne et moderne Alexandre, tyran de Phères, était fils de Polydore, que les Thessaliens avaient choisi pour chef, conjointement avec son
frère Polyphron. Ce dernier ayant assassiné Polydore pour gouverner seul, Alexandre, sous prétexte de venger la mort de son père, tua lui-même Polyphron, s'empara de l'autorité, en l'an 368 avant J.-C., et chercha bientôt à
subjuguer toutes les villes de la Thessalie. Magnifique dans ses dons, terrible dans ses vengeances, d'un caractère très belliqueux, il se fit, de tous les hommes pervers, d'avides et zélés partisans. Les dépouilles des citoyens furent le partage de ses soldats. Les Thessaliens, accablés d'un tel joug, eurent d'abord recours à
Alexandre II, roi de Macédoine, et ensuite aux Thébains, qui leur envoyèrent Pélopidas avec une armée. Le tyran fut réduit à embrasser les genoux de Pélopidas, dont les reproches l'alarmèrent : il s'évada avec ses gardes, et rassembla une armée. Ce fut alors que le général thébain eut l'imprudence de venir, pour traiter avec lui, sans escorte et sans armes. Le tyran, le
voyant ainsi sans défense, le fit plonger dans un cachot, et ne le remit en
liberté que lorsqu'Epaminondas, à la tête d'une nouvelle armée, vint le menacer de la vengeance des Thébains.
Il recommença à négocier, et on lui accorda une trêve, à condition qu'il n'entreprendrait plus rien contre la
liberté des peuples ; mais à peine les Thébains furent-ils éloignés, que le tyran reprit les armes, et renouvela ses violences et ses cruautés. Il entre dans Scottusse, ville de la Thessalie, convoque une assemblée générale des citoyens, et, les ayant fait entourer par ses troupes, les fait tous massacrer. La ville de Mélibée éprouva le même sort. Pélopidas rappelé par les cris d'une nation au désespoir, arrive avec 7000 hommes, et marche contre Alexandre, qui lui en oppose 20.000 ; malgré cette inégalité de
forces, Pélopidas obtint de rendre toutes les places, et s'engagea par serment à ne plus prendre les armes contre les Thébains, qui ne lui laissèrent que la seule ville de Phères. N'osant plus faire la guerre sur terre, il se livra à la
piraterie, et envoya des vaisseaux pour ravager les Cyclades ; défit les Athéniens près de Péparetos, et eut l'audace d'aller piller le
Pirée.
Devenu odieux même à sa famille, il fut assassiné par ses beaux-frères, que sa femme Thébé introduisit, pendant la nuit, dans la
chambre où il était couché et endormi. Quoiqu'elle lui eût ôté son
épée, ses
frères hésitaient de
frapper ; mais elle les menaça de l'éveiller, et de lui tout dévoiler : ils l'égorgèrent, en l'an 357 avant J.-C. Ce monstre se plaisait à faire enterrer des hommes vivants, et à lâcher des
chiens affamés sur des malheureux couverts de peaux d'ours et de sangliers. Il conservait avec vénération la lance avec laquelle il avait tué son oncle Polyphron, et lui offrait des sacrifices comme à une divinité. Un
jour qu'il assistait à une représentation de la tragédie des
Troyennes d'Euripide, il quitta brusquement le théâtre ; et, comme on lui en demandait la raison : « Je suis honteux, dit-il, si l'on me voyait pleurer sur les malheurs d'
Andromaque et d'
Hécube, moi qui n'ai jamais eu pitié de personne. »
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Pages 397-398)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Alexandre, tyran de Phères en Thessalie, en l'an 369 avant J.-C., fameux par ses cruautés, prit par trahison Pélopidas, général thébain, fut forcé par Epaminondas de lui rendre la
liberté, et fut battu par Pélopidas même à
Cynocéphales, où périt ce héros (365). Odieux à tous, il fut tué par Thébé, sa propre femme, en 357 avant J.-C.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 44.