Lucius III, élu pape le 29 août 1181, succéda à Alexandre III. Il s'appelait Hubaud ou Ubalde, né à Lucques, en Toscane. Il était
évêque d'Ostie, médiocrement lettré, mais fort expérimenté dans les affaires. Ce fut à son élection que l'on exigea pour la première fois les deux tiers des suffrages pour former l'élection, suivant le décret du
concile de
Latran. Ce fut aussi alors que les
cardinaux s'emparèrent du droit d'élire, à l'exclusion du peuple et du clergé.
Lucius III fut couronné à Veletri, et ne revint guère à Rome, où le peuple s'était révolté contre lui. Obligé de fuir de place en place, il se retira enfin à Vérone : l'
archevêque de Mayence, qui était venu à son secours avec une armée d'Allemands, mourut entre ses bras, et ses troupes furent battues. Le pape demanda des subsides à l'Angleterre, qui lui envoya quelque
argent. Dans la même année 1184, l'empereur Frédéric Ier vint trouver le
pontife à Vérone, où il apprit les nouvelles insultes des Romains, qui avaient pris quelques-uns de ses clercs, auxquels ils avaient crevé les yeux. Lucius anathémisa les auteurs de cette cruauté, et tint un grand
concile dans lequel il excommunia les cathares ou
patarins, qui étaient une nouvelle secte de manichéens. Le pape y reçut aussi des envoyés de la
Palestine, qui vinrent exposer le triste état des affaires des
croisés.
Lucius III ne put leur donner que des lettres pour les rois de France et d'Angleterre. Une constitution, que le pape fit dans ce
concile, offre les premières traces de l'
inquisition pour la recherche des hérétiques par le concours des deux puissances.
Lucius III mourut le 24 décembre de l'année suivante, après un
pontificat de quatre ans et trois mois. Il eut pour successeur
Urbain III.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 25 - Page 420)