CXLI CL
CXLI
Cette vapeur nécessaire à l'uvre des sages, doit se chercher dans les
corps métalliques, mais il faut une
clef d'or, dit Aristée, pour ouvrir les portes de la justice. Cet
air dont nous avons besoin est enfermé. On ne peut le tirer de sa prison que par le moyen d'un autre
air homogène qui sert de
clef. Sur quoi, on peut dire avec
Philalèthe, que cette
clef dorée qui ouvre la « Porte du palais
fermé du roi », est notre
acier qui est, dit ce philosophe, la véritable
clef de l'uvre, sans laquelle le
feu de la lampe ne peut être allumé.
CXLII
Notre
acier est la minière de l'or, un
esprit très pur, un
feu infernal et secret et le miracle du monde. Le système des vertus supérieures dans les inférieures, dit
Philalèthe ; cet
acier est la lumière de l'or et l'
aimant d'où il vient est la lumière de l'
acier. Mais il est certain, dit le Cosmopolite, que notre
acier engendre notre
aimant, ou du moins, contribue à sa
génération et que notre
aimant engendre ou fait paraître notre
acier, ou disons avec moins d'
envie, que notre
air et notre
aimant sont les deux principes de notre
acier, de notre minière, de l'or et de leur lumière.
CXLIII
Cet
aimant et cet
air sont les deux premiers
agents et les deux
dragons dont parle Flamel, qui gardent la Toison d'Or et l'entrée du
jardin des vierges
Hespérides. Il les appelle
soleil et
lune, de source mercurielle et d'origine sulfureuse, lesquels par
feu continuel s'ornent d'habillements royaux pour vaincre toutes choses métalliques, solides, compactes, dures, fortes, lorsqu'ils seront unis ensemble et puis changés en quintessence qui est un extrait de l'
eau de la terre et du
feu ; et c'est notre
acier, ou notre mercure double du bon
Trévisan.
CXLIV
Cette quintessence est avec le
feu du soufre minéral, le sac de la saturnie et le lien du mercure et pour la faire, il faut, dès le commencement, prendre deux
serpents et les tuer, les corrompre et engendrer, dit Flamel. Elle est l'
eau sèche qui ne mouille point les mains ou bien c'est ce lait virginal d'
Arnaud de Villeneuve, qui contient en soi les deux spermes masculin et féminin, préparés dans les reins de nos
éléments. C'est l'humide radical des métaux, le soufre et l'
argent-vif des philosophes, le
double mercure, tiré de la corruption du
soleil et de la
lune.
CXLV
Cet admirable
composé renferme en soi l'
eau et le mercure des philosophes, c'est-à-dire les quatre
éléments. Il n'est ni lait ni mercure, dit l'abbé Synésius. C'est une chose imparfaite, dit
Philalèthe. C'est le
soleil et la
lune des sages, dit le Cosmopolite ; le fils de notre
aimant et du
dragon igné qui a dévoré le
serpent ;
feu secret,
fourneau invisible, première
humidité des sages qui résulte de la
destruction des
corps, car en effet, l'
eau seconde et dorée d'Artéphius se fait de la
destruction du
composé comme le
composé se fait de la
destruction des
corps très chers.
CXLVI
La
destruction de ce
composé, dit l'anonyme, est la seconde
clef de luvre, le mystère des mystères et le point essentiel de notre science. C'est ce qui ouvre les portes de la justice et les prisons de l'enfer, dit le Cosmopolite ; c'est alors qu'on voit couler au pied du rocher fleuri, cette
eau si fameuse chez les philosophes, laquelle se fait, dit
Basile Valentin, par le combat de deux champions qui se donnent le défi. Car l'
aigle seul ne doit pas faire son nid au sommet des Alpes, mais on doit lui
joindre un
dragon froid, dont l'
esprit volatil
brûle les ailes de l'
aigle.
CXLVII
La
chaleur ignée de l'
esprit du
dragon faisant
fondre la neige des
montagnes, nous avons l'
eau céleste dont il s'agit et dans laquelle le roi et la reine vont se
baigner, dit Artéphius ; mais il faut que la terre reçoive son
humidité perdue dont elle se nourrit. Il est donc nécessaire de réitérer ces préparations d'
eau par plusieurs
distillations afin que la terre soit souvent imbibée de son humeur et de cette humeur autant de fois tirée à l'imitation de l'
Euripe, par un flux et un reflux admirable. Mais sans
feu, il ne se fait aucune
eau.
CXLVIII
Comme on ne saurait tirer notre
eau aérienne ou
air aquatique sans
feu, aussi ne saurait-on la digérer ou la perfectionner sans
feu, ce qui fait
dire à
Hermès que le
feu est le pilote du grand uvre et à
Artéphius que le
feu est nécessaire au commencement, au milieu, et à la fin de notre ouvrage. Ce qui doit s'entendre du
feu de putréfaction qui est nécessaire pour la
génération, comme dit Morien. C'est ce
feu putréfiant, que le Comte
Bernard appelle
chaleur du fumier et qui connaît bien ce
feu, dit-il, a la conclusion de notre
Saturne, qui est la
blancheur.
CXLIX
Cette conclusion de notre
Saturne qui se fait par degrés est la « Lumière sortant des ténèbres » et cette lumière ou
blancheur, ne sort que par ce
feu qui cause sa putréfaction et qui est le
feu contre nature, comme l'enseigne Artéphius, si nécessaire
à la
composition du magistère, dit Parménidès, à cause qu'il faut rompre et corrompre ce
corps, pour en tirer l'
âme et l'
esprit et de cette manière, la mondification et
ablution de la matière se fait par le
feu, dit Calid, par ce même
feu se fait l'éjection des ordures du
composé.
CL
Le magistère des sages commence par le
feu et s'achève par le
feu. Ce
feu est quelquefois humide et le
bain du
bain ou du fumier chaud ; quelquefois, c'est un
feu chaud humide et froid et c'est le
feu de lampe ; enfin, il est sec, chaud et humide, et c'est le
feu des cendres blanches ou de sable rouge. Notre
feu échauffe la fontaine des sages.
Pour conclusion, ce
feu est chaud, froid, humide et sec ou
plutôt, c'est un
esprit ou une quintessence, qui n'est ni chaude, ni sèche,
ni froide, ni humide en soi.
Dieu la donne aux sages ; qu'il en soit loué à jamais.
FIN