Dom Antoine-Joseph Pernéty En termes d'
Alchymie, est une matière fixe, qui, mêlée avec le mercure, le fait
fermenter et lui donne sa propre nature, comme le levain fait à la pâte.
Ferment. (
Sciences Hermétiques) Il y a plusieurs sortes de
ferments ; les uns sont simples, les autres
composés. Les simples sont ceux qui sont
homogènes et sans mélanges, tels que les
éléments et les
âmes extraites de leurs
corps. Les
composés sont ceux qui ont été mêlés avec d'autres, tels que les
corps réduits en nature de soufre, et joints avec leur
huile, il y a aussi des
ferments sulfureux des
corps imparfaits ; on les appelle
ferments moyens. Mais si l'on ignore la façon de réduire les métaux parfaits en leur première matière ; c'est-à-dire, en leur mercure, on tentera en vain de parvenir à la fin de l'uvre, parce qu'on ne pourra faire ni
ferment simple, ni
ferment composé, en quoi consiste le secret de l'
élixir.
Il faut observer de plus qu'il y a deux sortes de matière première : l'une est prochaine, l'autre éloignée. La prochaine est l'
argent-vif, l'éloignée est l'
eau ; car l'
argent-vif a été premièrement
eau, puis terre, ensuite
eau, et enfin
eau sèche. La réduction des
corps parfaits en mercure, ou en leur première matière, n'est qu'une résolution d'une matière parfaite, fixe, blanche, rouge et congelée.
Les
ferments doivent être très bien préparés avant de les employer pour la
fermentation. Cette préparation consiste à les faire passer par tous les principaux régimes du magistère ; c'est-à-dire, qu'ils doivent premièrement ressembler à de la poudre
calcinée au moyen de la liquéfaction, ensuite devenir une poudre dissoute, puis une poudre congelée, et enfin une poudre sublimée et exaltée.
Tout le secret consiste à mortifier et à endurcir ; car sans cela on ne pourrait la
fixer. La
cendre d'
argent est
ferment dans l'uvre au blanc, et la
cendre d'or dans l'uvre au rouge. L'or et l'
argent des Philosophes est leur
eau, et cette
eau est le
ferment du
corps ; ces
corps sont leur terre ; le
ferment de cette
eau divine est une
cendre, parce qu'elle est
ferment du
ferment.
Il faut donc
joindre l'
argent avec l'
argent, et l'or avec l'or, c'est-à-dire, l'
eau avec la
cendre, ou le
ferment avec le
ferment. Tout cela s'entend de la médecine du second ordre, qui consiste à
joindre l'humide avec le sec, d'abord après leur préparation. L'humide est l'
esprit liquide purgé de toute impureté, et le sec est le
corps pur et
calciné.
Lorsque le magistère est parvenu à un certain degré de perfection, il faut y
ajouter un
ferment, qui est l'or, afin qu'il change toute la matière en sa propre nature, et détermine le magistère à la nature métallique, qui avant ce mélange
était indéterminé. Apres que ce mélange a
fermenté, toute la pierre est tellement fixe, qu'elle devient
ferment, et principe de fixité pour tous les métaux sur lesquels elle sera projetée. Quand on veut s'en tenir au blanc, il faut prendre la
Lune pour
ferment, et bien prendre garde à ne pas s'y tromper.
Quelques-uns donnent le nom de
ferment au mercure, quand on en fait les
imbibitions pour la multiplication de la pierre. La pierre philosophale
parfaite n'est proprement qu'un
ferment qui se mêle et s'insinue dans toutes les parties des métaux imparfaits sur lesquels on la projette en très petite quantité, à proportion du degré de perfection qu'on lui a donné par les opérations réitérées sur la même matière. Elle en sépare tout l'impur et l'
hétérogène, et s'appropriant tout ce qui est de sa nature, en fait de l'or si le
ferment est or, de l'
argent si le
ferment est
argent. C'est donc mal-à-propos qu'on dit que les Alchymistes cherchent à faire de l'or ; la première intention des vrais Philosophes est de trouver un remède contre les maux qui affligent la nature humaine ; la seconde est de trouver un
ferment, qui, mêlé avec les métaux imparfaits, puisse manifester ce qu'ils contiennent d'or, qui avant la projection était renfermé dans ces métaux, et confondu avec des parties
hétérogènes et terrestres diversement combinées entre elles, de manière que la différence des combinaisons faisait la diversité des métaux, dont le principe est le même, mais la cuisson et la
digestion différentes. Ce
ferment ne fait qu'achever et perfectionner en peu de temps cette cuisson, que la Nature n'aurait pu faire que dans la durée de plusieurs siècles ; et qu'elle n'aurait même jamais fait dans les métaux imparfaits, faute d'un
agent assez actif pour en séparer l'impur qui s'y mêle sans cesse par le défaut de la matière où ils sont renfermés.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.