La folle,
chanson d'Eliphas Lévi
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Cette chanson fut composée par Eliphas Lévi en hommage à
Flora Tristan (1803-1844), grand-mère du peintre Paul Gauguin et l'une
des fondatrices du féminisme français, qui l'initia à la
vie politique. Elle est tirée de la biographie de Christiane Buisset :
Eliphas Lévi : sa vie, son
uvre, ses pensées.
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Air
: "Quoi ! morts tous deux dans cette chambre close."
Il fut naguère une folle sublime,
Qui, pour le peuple abjurant son repos,
De la misère osa sonder l'abîme,
Et dans son cur amassa nos sanglots ;
Du genre humain rêvant d'être la mère,
Pour l'enfanter à son lointain bonheur,
Elle expira d'une immense douleur,
Sans imprimer de traces sur la terre !
Vous qui plaignez les bons curs égarés,
Sur son tombeau taisez-vous et pleurez !
Elle croyait qu'à la voix d'une femme
Le peuple enfant comprendrait l'avenir ;
En un seul corps dont l'amour serait l'âme,
Les malheureux sans doute allaient s'unir,
Sa maternelle et crédule magie
Soufflait en l'air des palais enchantés,
Quand de la mort les pâles majestés
N'ouvraient qu'un temple à sa sainte énergie.
Vous qui plaignez les bons curs égarés,
Sur son tombeau taisez-vous et pleurez !
Forte d'amour et folle d'espérance,
Elle avait dit : l'univers m'entendra !
Lorsqu'à son aide elle appelait la France,
De la pitié le bel ange pleura.
Que de chagrins l'attendaient au passage !
Le peuple, hélas ! ne croit plus aux héros :
Craignant toujours qu'on n'exploitât ses maux,
De son amie, il navrait le courage.
Vous qui plaignez les bons curs égarés,
Sur son tombeau taisez-vous et pleurez !
N'ayant plus rien pour convaincre l'envie
Toujours habile à douter de son cur,
Sans lui répondre elle donna sa vie,
Et prit l'essor vers un monde meilleur.
Elle mourut sans embrasser sa fille
Et sans revoir son fils abandonné.
Au pauvre peuple elle avait tout donné,
Ses pleurs, son sang, son âme et sa famille.
Vous qui plaignez les bons curs égarés,
Sur son tombeau taisez-vous et pleurez !
Notre âge impie est sourd aux voix qui pleurent,
Et les vertus tourmentent son orgueil ;
Mais sa pitié doit croire à ceux qui meurent,
Et d'une femme épargner le cercueil !
Elle mourut heureuse et belle encore ;
Sa cendre attend nos larmes et nos fleurs,
Mais son esprit vivra dans tous les curs
Qu'un saint amour alimente et dévore.
Vous qui plaignez les bons curs égarés,
Sur son tombeau taisez-vous et pleurez !
Unissez-vous pour l'aimer et la plaindre,
Vous ses enfants, pauvres et travailleurs :
Souvenez-vous que sa voix, sans rien craindre,
Dans l'atelier venait chercher nos curs !
Vous écrirez sur sa modeste pierre :
Elle mourut pour nous avoir aimés !
D'un noble cur restes inanimés,
Que du trépas la nuit vous soit légère.
Vous qui plaignez les bons curs égarés,
Sur son tombeau taisez-vous et pleurez !
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